Chroniques de Bramard

 

Réédition de l’ouvrage du regretté Monsieur Auguste BRAMARD paru en 1954

 

LES PHÉNOMÈNES MÉTÉOROLOGIQUES

 EN BOURBONNAIS

 A TRAVERS LES AGES

 

L’existence de l’homme est sous la dépendance des facteurs extérieurs:atmosphériques, cosmiques, telluriques. De sa naissance à sa mort, il lutte sans cesse contre le froid, la chaleur, les forces brutales de la nature: tempêtes, orages, grêles, séismes, etc…

Les végétaux, qui constituent pour lui la grande ressource alimentaire sont plus encore tributaires des influences extérieures. Il suffit d’une forte gelée, d’une longue sécheresse ou d’une grêle pour anéantir les plus belles récoltes. Il n’est donc pas surprenant que l’homme des campagnes plus que celui des villes, attache un si puissant intérêt au temps et à ses perturbations. C’est pourquoi les relations des phénomènes météorologiques du passé nous viennent pour la plupart des modestes chroniqueurs du terroir: petits propriétaires agricoles et surtout curés de campagne.

Celui-là n’étaient d’ailleurs, le plus souvent, pas si différents de leurs ouailles, cultivant leurs champs, faisant leurs vins, ayant vaches ou brebis. C’est assez dire que tout ce qui se rapportait à l’état des cultures ‑ et donc le temps ‑ ne pouvait manquer de les intéresser. C’est pourquoi nous trouvons en marge des registres paroissiaux, qu’eux seuls alors libellaient, des remarques curieuses sur les phénomènes météorologiques, sur les récoltes, les mercuriales et bien d’autres faits n’ayant aucun rapport avec l’état civil.

Les livres de raison écrits par des particuliers étaient assez nombreux sous l’ancien régime, mais hélas ! combien peu nous sont parvenus. A ma connaissance, on n’en connaît guère que trois ou quatre en Bourbonnais.

C’est de ces documents que nous avons extrait de très nombreuses notes concernant en quelque sorte l’histoire météorologique du passé en notre province, avec toutes ses incidences sur l’agriculture et la vie économique de nos aïeux. Nous ne ferons paraître évidemment que les plus intéressants, en les classant par ordre chronologique. Nous insérerons de même certaines chroniques concernant les provinces du Centre, nos voisines. Bien que sortant du cadre météorologique, pour rendre moins monotone cette longue énumération de phénomènes atmosphériques, nous ne manquerons pas de relater des notes curieuses, tant historiques que folkloriques dont beaucoup ont un réel intérêt. Nous avons cru devoir moderniser autant que possible l’orthographe archaïque des plus anciennes chroniques.

Année 571 ‑ D’après l’Histoire d’Auvergne, il y eut de grandes inondations dans le centre de la Gaule et particulièrement dans les pays arrosés par l’Allier et ses affluents. Les eaux, en se retirant, engendrèrent des maladies pestilentielles; l’aspect de la Sioule était terrifiant.

An 588 – Plusieurs relations indiquent que l’an 588 fut si chaud que les roses fleurirent en pleine terre au mois de décembre.

 An 780 ‑ Charlemagne ordonna d’édifier des levées sur les bords de la Loire depuis Roanne pour essayer de vaincre le fléau des inondations causées par le fleuve. (Histoire du duché de Bourgogne).

An 921‑ La chaleur de l’été fut si forte que l’on vendangea avant le mois d’Août(I D)

An 1000‑ En cette année fatidique annoncée de toutes parts comme devant être la dernière, et alors que dévotement chacun se disposait à passer de vie à trépas, la chaleur fut telle que le peuple, pénétré de ces idées, crut que c’était par le feu que le monde devait finir. (IBID).

An 1237‑ Tout le royaume, et surtout le centre de la France furent inondés, ce qui provoqua une disette générale.

An 1270 ‑ Un froid rigoureux fut général en France et en Europe. Le Centre fut particulièrement éprouvé; toutes les récoltes gelèrent le 1er mai.

1369‑70‑ On était au milieu du mois de mai. Le château de Belleperche (Château disparu situé au nord de Moulins) en la paroisse de Bagneux‑en‑Bourbonnais, était aux mains des Anglais qui y firent prisonnière la femme de Louis II, duc de Bourbon. Ils ne purent tenir longtemps la place et la quittèrent soudainement après y avoir mis le feu. Le duc Louis y pénétra; ses soldats purent éteindre l’incendie. Ce que voyant les rapaces reprennent l’offensive. Mais la neige tombait en si grande abondance et le sol en étant si couvert, ils ne purent se servir de leurs engins de guerre et durent reprendre le chemin de Montluçon.(Chronique des ducs de Bourbon)

An 1414‑ La Loire et l’Allier firent de grands dommages sur leur parcours en Bourbonnais.

An 1478 ‑ Un grand tremblement de terre se fit sentir dans toute l’Auvergne, le Bourbonnais et la Marche et causa de grandes frayeurs à tous les habitants

An 1480 ‑ Cette date est celle d’une des plus grandes inondations qui eurent lieu en France, le Bourbonnais et le Nivernais ne furent pas épargnés.

An 1536 ‑ Bransat. L’an 1536 il se fit une chaleur torride pour la ces station de laquelle se firent, à Bransat et dans toutes les paroisses voisines, des processions suivies par toute la population.

An 1555 ‑ Bresnay (grêle). La grêle tomba en si grande abondance le 14 juillet, quelle causa de gros ravages dans le bourg et les environs, elle détruisit la propriété que les religieux Jacobins de Moulins possèdent en cette paroisse.

An 1556 Feurs‑en‑Forez (sécheresse). Fut si grande sécheresse qu’il ne plut pour tremper la terre depuis le 4e de mars jusqu’au mois de novembre. Mentionnons cette note curieuse du curé de Beaulon: ” le 8 aoÛt 1556, fut baptisé un enfant qui avait six doigts à chacune main, avait le nez comme le petit doigt et n’avait qu’un pertuis audit nez!. ”

An 1559 ‑ Neiges. Cette année fut terrible en Auvergne et en Bourbonnais. Près de Moulins, le 8 décembre, durant toute la nuit, la neige tomba tellement qu’il y en avait trois pieds d’épaisseur. Le gibier, quel qu’ il soit, se rendait par des sentiers frayés dans la neige jusque dans les habitations, ce qui ne l’empêcha pas, malgré la destruction qu’on en fit, d’être très abondant l’année suivante.

1570 ‑ Mercuriales. Vieure. « Le mardy après Sainte‑Madeleine, moissons faites; blé fort cher; seigle 14 sols; froment, 18 le quarteran”.(Nous ignoronsla contenance de cette ancienne mesure).

1573 ‑ Famine, Jargeau (Orléanais). “En laquelle année régna famine et cherté de bled tellement que plusieurs pauvres gens faisaient du pain de racine de fougère”.

1576 ‑ Gelée tardive, Diou. “Les ler et 3 mai, la vigne et les bleds gelèrent”. Et voici pour ladite année une note historique du curé de Vieure “Le 16e février arriva de Moulins M. le duc de Maine avec le quart du Roy Henry, qui venaient du devant M. le prince de Condé pour empêcher le passage des rivières de Loire et d’Allier”.

1579 ‑ Tremblement de terre.” Le 17 janvier à Bourges, Moulins et autres villes, advint certain tremblement de terre qui épouvanta grandement les habitants des dites villes”.

1582 ‑ Inondations. Diou.” Le 11 août, après une grosse grêle la pluie se mit à tomber jusqu’au 26; l’eau inonda tout le Chambon de le Loire’

 1586 ‑ Inondations et mauvaise année, Contigny. L’inondation fit de grands ravages dans les plaines d’Allier. A Contigny, la Sioule et l’Allier demeurèrent longtemps confondues et engendrèrent beaucoup de misères et mortalité”.

Jargeau (Orléanais). “Année de grandes misères et aventures; en laquelle année ont régné débordements de rivières, guerres, paniques et pestilence”.

1587 ‑ Neige tardive, Gouise. “Nota que le dernier jour d’avril 1587 il fit grande quantité de neige, ce qu’on n’a vu depuis longtemps”.

1589 ‑ Chute de foudre et histoire, Bourbon L’Archambault Le jour de l’assassinat de Henri Ill, la foudre tomba sur la Sainte Chapelle , à Bourbon;elle enleva la barre qui traverse l’écu des Bourbons, qui cessaient depuis ce moment d’être la branche cadette”.

1590 ‑ Mercuriale, Contigny. “Après vendanges, le tonneau de vin rouge valait quinze sols et le tonneau de vin blanc dix écus‑sols, le septier de froment quatre écus”.

 1591 et 1592‑ La guerre au pays du bon vin, Contigny. ” La ville de Saint Pourçain fut assiégée par les troupes de Mgr le duc de Nemours et fut rendue le quatrième jour de novembre. Fut mise dans la dite ville garnison qui fit magasin du bien des pauvres villageois. Tous vins chargés sur charrettes étaient confisqués. Après survint le maréchal du Mont avec son armée, qui ne fit rien que ruiner et voler le pays et mêmement les églises jusque aux saints vitraux. Le tonneau de vin blanc se vendait pas moins de vingt écus”. (Taxin, prêtre).

1594 ‑ Gelées et misères, Contigny. ” Le vingtième jour de may tous les bois de vignes furent fort offensés par les gelées mais le pis, fut que le 22e dudit mois, le tout fut complètement gelé. Et nonobstant le peuple étant si pressé de tailles que beaucoup furent contraints d’abandonner leurs maisons: on prenait les hommes prisonniers, leur faisant souffrir mille maux jusqu’à tant qu’ils avoient satisfait leurs contribution. Les neiges furent si abondantes que jamais l’on n’en avait vu de pareilles.

1596 – Loups, Vaumas. ” En l’an 1596, les loups ont commencé à tuer et dévorer le peuple et massacrer les corps humains et en ont tué, dévoré et mis à mort vingt et sept dans la paroisse de Vaumas, tant petits que grands” (Deschuzes, curé.).

1598 – Neige. “Au commencement de l’année 1598 tomba si grande abondance de neige en Auvergne que la plupart des maisons des villages étaient cachées sous la neige et les habitants d’icelles: bien étonnés”. (Fresne).

1600 ‑ Loups. Saint-Pourçain-sur-Besbre. Décès de divers gardiens de bestiaux et autres personnes dévorés par les loups au bois de Montbaillon.

1601 ‑ Grêle, Chemilly. Le 19e jour d’août, il a fait une grande batture (orage à grêle), qui a ravagé beaucoup de paroisses de cette province.

1602 ‑ Grêle, Le Montet. Le 19e jour de juin, il fit un grand tonner re et tomba force grêle sur la ville du Montet‑aux‑Moines et plusieurs autres endroits”.

1605 ‑ Foudre, Chemilly. Le 6e jour de may, la foudre tomba sur le clocher de l’église et fist beaucoup de mal”. ( Baron).

1606 ‑ Vendanges tardives. Chemilly.” Le llème jour d’octobre, il a fait une gelée qui a fort gâté les raisins parce que l’on n’avait point encore vendangé; la dite gelée fut universelle” (Baron).

1607 ‑ (inondation) . La Loire déborda tant qu’elle ravagea toute la contrée et y causa une affreuse misère. La rivière de Besbre a causé un tel déluge que, des maisons sont tombées et quantité d’arbres déracinés”.(Dessard, curé de Vaumas.)

Grand hiver 1607‑1608 ‑ L’hiver 1607‑1608 fut extrêmement rigoureux et eut, à cent ans d’intervalle, les mêmes caractères que celui de 1709,avec un agrément supplémentaire: un verglas de très longue durée.

Vaumas ‑Il en 1607 commença un très dur hiver trois semaines devant Noël qui dura cinq à six semaines après ledit Noël. Il y avait si grande quantité de verglas que les hommes ne pouvaient tenir debout en aucune façon et étaient contraints de se faire ferrer” (Dessard, curé).

Jargeau (Orléanais) ‑ “De Noël dernier à N‑D de la Chandeleur il y eut telle froidure que les puits gelèrent et aussi les vins aux caves. Plusieurs hommes moururent de froidures sur les chemins; les vignes furent toutes gelées et la plupart des bleds”.

1613 ‑ (hiver dur et neigeux), Saint‑Marcel‑en‑Murat‑ Dans la nuit de la Saint Martin il tomba une quantité extraordinaire de neige que le vent amassa en grands tas qui restèrent sur la terre Jusqu’au dimanche de Quasi­modo.

Feurs ‑ En l’an 1613, l’hiver a été sy grand qu’il commença à neiger le second jour de novembre et continue froidure l’espace de six mois et encore même neigea les 13 et 14 may

1614 ‑ (mortalité du bétail) ‑ “En l’an 1614, le bétail est grandement mort.

1615 ‑ (hiver tardif). Jargeau : “En ladite année 1615, l’hiver com­mença le premier jour de février et dura jusqu’au dixième de mars ensuivant tant par gelées, neiges, grêle, frimas et verglas”.

 1617 ‑ (sécheresse et mercuriale) Bert ‑ “L’année fut très sèche, nota que furent cueillis ni fruits ni glands et fut assez de bled qui ne va lut tout le long de la dite année que 6 et 7 sols le plus cher; le froment, 10 et 11 sols, l’avoine 4 sols”.

1618 ‑ (livre de raison des Goyard) ‑ “En 1618, il est à noter qu’au mois d’août les eaux furent tellement grandes et la rivière tellement dé bordée qu’on ne pouvait aller aux champs. Les pluies furent sy fréquentes qu’ on ne pouvait lever les bleds dont grande quantité pourrit dans les champs. Le bled‑seigle valut les mois de décembre 10 sols, le froment 15i l’avoine 4. La même année aux dits mois de novembre et décembre fut remarqué une étoile qui se levait environ vers minuit avec une grande queue qu’elle avait devant soi .

A propos de cette comète, le curé de Dompierre l’accuse de sortilège “En l’an 1618 a paru une comète du côté d’Orient montant entre les deux tropiques et ses effets ont été: peste, guerre et famine, sièges des villes de La Rochelle et Montauban.

1619 ‑ (tempête) Tronget ‑ “Le 26 e jour du mois de novembre, il fit sy grand vent qu’il abattit le clocher de l’église, plusieurs granges et maisons et nombreux arbres”.

1620 ‑ (mercuriale) Bert‑ ” Le froment valu sur le commencement de l’ année quinze sols jusqu’au mois de mai, puis revint à treize sols;le seigle valu six et sept sols; l’avoine quatre et cinq sols.

1621 ‑ (année pluvieuse) Bert ‑ Tout le long d’icelle (année) fut très mouillée, même le mois d’août; y eut grand difficulté de faire les mois sons”. (Goyard).

1622 ‑ (grêle) Cérilly Le 5 juin la grêle a bien gâté en cette paroisse et autres paroisses voisi‑‑nes et a encore recommencé le 17 juin,.

1623 ‑ (grande sécheresse) Feurs ‑ “La sécheresse a été sy grande et la rivière de Loire tarit si fort qu’elle n’avait que trente trois pieds de large. ,

1624  (pénurie de fruits) Bert ‑ “En ladite année 1624, il n’y a point eu de fruits ny de glands en ce pays.” (Goyard)

1625 ‑ (mercuriale) Bert‑ “Faut noter qu’en l’année 1625, le bled en chérit et valut jusqu’à 15 sols et le froment au Donjon, le seigle , dix huit “(Goyard).

1626 ‑ (tempête) Bert ‑ Le dimanche deuxième jour d’août il fit une grande aurisse (tempête), qui renversa grand nombre de maisons, rompit quantité d’arbres et abattit tous les fruits, ce qui porta grand préjudice au pays” (Goyard). (orage et grêle), Bourges ‑ Le 25e de juillet, sur les six heures du soir, il tomba quantité de grêle dans les environs de Bourges et sur la ville, elle était grosse comme des noix et par endroits comme des oeufs d’oie”. (Toussaint).

1627 ‑ (année pluvieuse) Bert ‑ “Ladite année a esté grandement pluvieuse; on n’a vendangé que la semaine de Toussaint” (Goyard).

1628 ‑ (Pluies et inondations) Bert‑ ” Il est à remarquer qu’en ladite année 1628, les foins et les moissons furent grandement malaisés à faire à cause des pluies. Faut remarquer aussi qu’en ladite année, le jour de Ste‑Catherine, et le lendemain, il fit un tel débordement des eaux et les rivières furent tellement grandes que les eaux firent grand mal aux blés qui étaient en plongeons (?), dans les retroubles et dans les granges, et à ceux qui étaient semés dans les terres; le pont de Moulins fut enlevé”

(Eclipse) Cérilly ‑ ” le 20 janvier, éclipse de lune à 9 heures du soir; on dit qu’elle a duré une heure trois quarts; je l’ay mis en écrit . pour jamais n’avoir vu telle de ma vie. Dieu veuille qu’elle nous pronostique quelque chose de bon” (X .. curé).

1629 ‑ (mauvaise année) Bert ‑ “Il faut noter qu’en ladite année 1629 il se récolta fort peu de bled de toutes sortes; il était tellement cher qu’il ne s’en trouva presque point à 23 et 24 sols, le froment. Il fit une grande sécheresse au mois d’août qui pensa gâter les vignes; le vin se vendit 45 et 50 livres le tonneau.

1629 ‑(épidémie) St Marcel en Murat ‑ ” Les registres paroissiaux parlent de la contagion (?), maladie qui fit de nombreuses victimes à Montmarault. Il doit s’agir d’une épidémie de peste qui fit de nombreuses victimes en France de 1629 à 1632. A Moulins, on fit des prières et des processions.

1630 ‑(mercuriale), Bert‑ “Faut noter qu’un l’an 1630, le bled‑seigle valut au Donjon 25 et 26 sols la coupe (?); le vin blanc du pays dix et douze livres le tonneau, le vin rouge dix sept et dix‑huit”. (Goyard).

(Peste)! Chemise ‑ du 14 juin au 9 septembre on note 19 décès causés par la peste( on enterrait les morts le jour même, parfois près de leur maisons ” Bressolles ‑ ” Décès de sept habitants de Bressolles “morts de la contagion”.

1631 ‑ (mercuriale) Aurouer ‑ “Le bled‑seigle valut jusqu’à cinquan­te sols le boisseau”. (peste), Gennetines ‑ “Beaucoup de décès dûs à la peste”.

Bressolles ‑ “Le 5 août moururent 3 corps de la contagion dans le village de Rose. Décès d’une servante morte de la “maladie”. (10 août).

1633 ‑ (gelée) Jargeau ‑ “le 17 avril les vignes gelèrent à ‘ mort”.

1634 ‑ (année bonne) Bert ‑ ” En ladite année le bled‑seigle ne valut que dix sols au Donjon; il sera remarqué qu’il s’est recueilli de bonnes vendanges en ce pays: le vin s’est payé douze et treize livres. Fut aussi grande quantité de glands: les pourceaux gras furent à si bon marché qu’on ne les avoient vu depuis trente ans”. (Goyard).

1634 ‑ (Bolide) Le Donjon ‑ ” Au pays de Charollais vers les deux heures après minuit apparut en l’air une torche en flammes et après on entendit en l’air «  comme des coups de canon » et tomba à Vandenesse près Charolles des pierres en forme de balles”.

1635 ‑ (Récoltes) Bert‑ ” En ladite année il se recueillit assez bonnes moissons et bonnes vendanges; le bled‑seigle valut néanmoins huit et neuf sols la coupe; le vin quatorze livres le tonneau. N’y eut pas grands glands en ces quartiers, les pourceaux furent à vil prix ainsi que tout le reste du bétail”. (Goyard).

A noter l’importance de la glandée de cette époque.

1636 ‑ (Tempêtes et Récoltes) Bert‑ En ladite année est à noter que la veille de Saint‑Pierre, il fit si grande aurisse de vent qui continua trois ou quatre jours qu’il pensa gâter tous les bleds lequel vent battit et esgrena plus des trois quarts des bleds et fut presque général et fit grandement de mal. Les moissons ne furent point bonnes tant à cause du vent que d’une sécheresse du mois d’avril après la Saint‑Jean. Le bled‑seigle valut jusqu’à quinze sols. En ladite année les pourceaux gras se vendirent à hault prix et tiraient du côté de la Lorraine; y eut des marchands qui firent de grands profits”. (Eternelle histGire!)

1637 (Grêle) Bert‑ “Au mois de juillet de ladite année un vendredi, il fit une grêle qui commença sur Saint‑Gérand‑le‑Puy et continua jusqu’à Digoin qui gâta grandement les biens de la terre. Le vin ladite année, valut dix-huit livres le tonneau” (Goyard).,

1638 (Année Bonne) Bert ‑ “Les moissons ont été bonnes en ces pays; le bled a valu quinze sols la coupe, l’avoine dix sols; le vin dix-huit et vingt le tonneau”..

1639 (Foudroiement) Trévol‑ ” Le 19 juillet ont esté enterré dans une même fosse les deux frères Louis et Nicolas Fanjous et leur servante , tués par la foudre le jour précédent dans un pré appartenant à M. d’,Avrilly et encore fut tué avec eux Jehan Mye, paroissien de Lucenat‑sur‑Allier qu’ ils avoient pris pour les aider à faucher ledit pré. Furent tous tués sous un chêne sous lequel ils s’étaient mis au couvert et où ils goûtaient pendant l’orage”.

1639 (Grêle)‑ “Le 15 juillet de ladite année la grêle fit grand mal à Montvicq et paroisses voisines”.

1639 (Mercuriale) Bert‑ “Il n’y a eu fruits ni glands en ces pays la livre d’huile de noix a valu jusqu’à sept sols; le vin a été grandement cher en depuis les moissons et a valu jusqu’à sept écus le poinsson ” (Goyard)

1640 (Crues) St‑Amand‑Montrond ‑ “Du 15 au 24 septembre les eaux ont été si grandes qu’elles ont inondées quasi tout le pays; le pont d’Orvat à St Mand en fut rompu”. Note‑ Le mot bled ou blé avait alors la signification de céréales. On citait le blé- froment, le blé seigle par exemple.

1640 ‑ (Inondations) ‑ La crue de l’Allier causa d’aussi grands dommages, qu’en 1620,

Et voici glanées dans les archives de l’époque, deux petites curiosités : .

Monestier: Le premier mai est un jour de crainte parce que, dit‑on les sorciers courent la nuit et nuisent grandement au blé. Les cornemuseux sont généralement, réputés sorciers et regardés comme ayant des pouvoirs diaboliques.

Du “Livre de raison des Goyard”, de Bert ‑ “Recepte pour étancher le sang quand on saigne du nez : Faut prendre des ourtils (orties) et les fricasser avec du bon vinaigre et l’appliquer sur le front en façon de bandeau de celui qui perd son sang et le garder jusqu’à ce qu’il soit bien étanché”.

1642 ‑ (blés) Bert‑ “En la dite année les moissons furent assez bonnes. Dieu soit loué! malgré une gelée de printemps qui en a gâté en des endroits et même du côté de la Bourgogne. Le froment a valu au Donjon vingt cinq sols; le Poinson de vin vingt livres”.

1642 (Foudre) Bourbon l’Archambault ‑ ” Le 28e de mai la foudre tomba sur la Sainte Chapelle, elle y fit grands dommages; le feu du ciel tomba sur le clocher et y causa grands dégâts”.

1642 (Foudroiement) Saint‑Pourçain‑sur‑Besbre ‑ “Inhumation d’un homme et d’une femme tués par le tonnerre sous leur cheminée”.

Chemilly‑ “Inhumation de Simon Cavion tué par le feu du ciel et sa cavalle aussi s’étant mis sous un noyer

Note historique: Trevol ‑ “Baptême de Gilberte, fille de Laurent Boilard, née le onzième jour de février 1642, jour où Louis, treizième du nom , roy de France et de Navarre, passa à la Perche allant à la conquête du côté de la Catalogne”.

1643 (neiges précoces) ‑ “Ce vendredi 19 novembre il y eut grandes neiges, tellement grandes que hommes vivants ne les aie vues”.

Bert (blés) ‑ “La dite année 1643 le bled fut cher toute Vannée et valut le froment trente cinq sols au Donjon; le vin fut aussi cher: quarante huit et cinquante livres”.

1645 (violente tempête) Vaumas ‑ “Le 25 febvrier 1645 fit grand vent qui fut presque général, abattit maisons, granges et cheminées et tua quantité de bestiaux” (Chabot).

Cérilly ‑”Par l’orage et l’impétuosité de ce grand vent (25 février le clocher de cette église de Cérilly fut ravagé et jeté par terre”..

Cette tempête dut en effet être générale, tout au moins dans le Centre Le Large, “avocat de Bourges”, la mentionne dans ses mémoires: “La nuit du samedi au dimanche 25 février 1645 est survenu vent si impétueux qu’il a été quasi universel, qu’il a abattu les maisons, ruiné des églises et des forêts tout entières. Il s’en vu du feu mêlé parmi cet orage. Il a fait en cette ville de Bourges pour plus de 1‑50.000 livres de démolitions et par toute la France des pertes indicibles: par sa violence la mer a dépassé ses bornes de six lieues et ruiné totalement ses voisins”.

1647 (maladies) Beaulon ‑ “En novembre de ladite année furent les maladies sy grandes que dans cette paroisse l’on y enterra plus de 80 personnes tant de l’un que de l’autre sexe, en moins que d’un mois”. (Chastel, curé)

1648 (forte gelée) Lignières, Berry ‑ ” Le 30 décembre j’ay ensépulturé dans une des chapelles de l’église Saint‑Blaise, la terre du cimetière étant trop gelée”.(Girault).

(Curieux) Le Donjon ‑ “Mgr l’Evêque d’Autun nous a fait délivrer par notre archiprêtre à Pierrefitte une mode imprimée et signée pour excommunier les chenilles et autres insectes et vermines qui gâtaient tous les arbres et fruits”. (Girard Chamay).

1649 (mauvais temps) Le Donjon‑ “Année très détestable; vents très véhéments et épouvantables, grandes pluies, débordement des rivières”.

1650 (crue de l’Allier) Moulins ‑ ” Le pont d’Indre sur l’Allier qui avait été détruit ces dernières années fut remplacé par un pont de bois qui vient d’être emporté par une grande crue”. (Conny)

(Grêle) Cérilly ‑”Le 13 juillet , à 5 heures du soir, la gresle a tout gâté les fruits de la terre depuis Montluçon jusqu’à Cérilly ” . Cette grêle du 13 juillet est de même signalée à Autry‑Issards où elle tombe pendant une demie heure, les grains gros comme le poing.

1652 (misère)Le Donjon ‑ “Cette année 1652 jusque à la fin a été fort misérable au pauvre peuple, car le beld seigle a valu communément 3 livres la coupe”.

(Tremblement de terre ) Sidiailles, Berry   Le dimanche 14 janvier 1652, environ les dix heures du soir, pendant le siège de Montrond, il fit un horrible tremblement de terre dort le monde eut une grande frayeur”(eg.Par.)

(Maladies) ‘Lignières, Berry‑ ” Au mois de juin 1652, j’ai ensépulturé 59 corps: maladies de tête, fièvre chaude, pourpre et délire ” (Groguet, curé).

1653 (Acte de baptême du maréchal de Villars): “Aujourd’hui 29 de may mil six cent cinquante trois, a été baptisé Claude, Louis Hector de Villars, par le transport des fonds baptismaux de Saint‑Jean, annexe de la ,paroisse de Saint‑Bonnet, en l’église de Sainte‑Marie, faubourg de Paris à Moulins. Le parrain et la marraine ont été M. le comte de Saint‑Gérand ,sénéchal et gouverneur du Bourbonnais, capitaine des cent hommes d’arme de Sa Majesté, et autres qualités. Sa marraine a été Demoiselle de Ventadoux  fille de M le duc de Ventadoux. Et lors du baptême avait atteint l’âge de trois semaines. et a été fait le présent baptême par moi, curé de Saint Bonnet official et conseiller de l’église, en foy de quoi ay signé ainsi que le parrain seulement, parce que la marraine n’a su signer à cause de son âge” De Saint‑Gérand, Demonnet.

1654 (éclipse) ‑ Et voici la fameuse éclipse d’août 1654, qui fut pour les populations la “grande peur” du temps. Tous les chroniqueurs lais sent percer une vive appréhension, ainsi qu’en témoignent les notes suivantes. Le Donjon (12 août) ‑ “Grande peur au Donjon, à Paris et autres villes du royaume, à l’occasion d’une éclipse, parce que les mieux fondés dans l’astrologie avoient écrit en divers lieux que cette éclipse serait la plus pernicieuse qui avait été depuis le déluge et que en même temps ou bientôt après, tout le monde mourrait. Par toute la France, on faisait des processions et des prières à Dieu pour nous préserver de ces menaces”. (Denis Charnay, curé).

Journal de Paul de Large, avocat à Bourges ‑ “Le mercredi 22 août 1654, entre huit et neuf heures du matin, il y a eu une éclipse de soleil, la quelle avait été remarqué par quelques almanachs et sur icelle on avait fait des pronostiquations étranges de tremblement de terre, de tonnerre dans le ciel qui feraient périr le monde et les anomaux, ce qui mit plusieurs personnes en grande peine dans toute la France et obligea un chacun à faire des prières et à se mettre bien avec Di‑eu. Mais il ne s’est vu rien d’extraordinaire et l’obscurité ne fut pas si grande qu’à une autre éclipse arrivée deux ans auparavant”. ..

Eymoutiers (Limousin) ‑”Au temps de l’éclipse qui arriva le 12 aoust, 1654, la procession de Peyrac passa en cette ville, dévotion faite en appréhension de l’éclipse”. (Masmoret, curé).

Terminons enfin cette année 1654 par les quatre vers suivants du curé de Chemilly, concernant…,une gelée: .

L’an mil six cent cinquante quatre Nos vignes ont eu grand désastre, Gelé de may forte et puissante N’ont pardonné aux arbres et antes.

1655 ‑Le même curé‑poète Ricaud de Chemilly dépeint ainsi la tempête du 29 janvier: J’ai cru, oyant le vent faire un si grand orage Que le ciel irrité nous ferait du ravage Pour se venger des crimes de tout le genre humain. En l’année mille six cent cinquante cinq le vingt-neuf janvier les maisons ébranlées Par les vents impétueux ont été terrassées, Les arbres sont tombés, les clochers sont rompus Qui témoignent du vice être tout corrompus. Convenons qu’il y a mieux comme versification!

1657 ‑ On note dans les registres paroissiaux de cette année le décès de nombreuses personnes “tuées par le feu du ciel”.

Note curieuse du curé de Beaulon ‑ ” Le samedi saint 31 may 1657, Pierre Raclas, par mépris de son curé, enterra sans prêtre ni clerc Guillau­me sonfils, qui était décédé ce jour de vendredi saint, jour duquel l’on n’enterre point pour le respect dédié à la solennité du jour”.

1658 (hiver long et rude) ‑ Le Theil :”En l’an 1658, l’hiver a été très rude et de longue durée car il commença à geler le jour des Roy et a continué jusque au vingtième février, et les neiges ont été bien grandes pendant tout ce temps et communément hautes d’un pied par tout le pays. Le dégel restant arrivé, les rivières ont été si grandes qu’elles ont emmené les ponts d’Ebreuil, Vichy et Moulins et ont grandement incommodé tout leur voisinage et ruiné quantité de moulins”.

La Palisse ‑ “Le 14 febvrier, il tomba tant de neige et il fit si grand froid qu’un grand nombre de personnes de Lapalisse se sont trouvées dénuées de bois et de toutes provisions et ont grandement souffert”.

Bert ‑ “L’an 1658, le 29e avril, il est tombé grande quantité de neige qu’il y en avait un demi pied par terre qui a bien gâté les bleds et les arbres qui étaient en fleurs”. (Goyard).

Lignières, Berry (épidémie) ‑ ” Est à remarquer qu’en cette année la petite vérole a eu cours dans les villes de Bourges, Issoudun et autres lieux On fait compte à Bourges de 7 à 800 enfants morts; à Issoudun, le même nombre et beaucoup de personnes avancées en âge mortes de ce poison” ( Grognet curé).

1659 (hiver rigoureux) Bert‑ “Hiver très rude, du 1er décembre 1659, au ler mars 1660; la gelée n’a pas discontinué pendant tout ce temps: il s’est vu des glaces ayant de deux à trois pieds d’épaisseur. En ladite année, le’ jour de Saint‑Georges et le lendemain, il a fait grande gelée, qui a presque gelé tous les bleds, les vignes et les noyers après la gelée l’huile a valu huict le pot”.

1661 (mercuriale) Bessay‑ “En ce temps le bled valu vingt trois sols le boisseau”.

1662 (crue) Lapalisse ‑ “Le 25 avril il se fit une crue extraordinaire de la Besbre: l’étang de Rosières creva de toutes parts; on ne put lever les foins ni les avoines”.

Note du curé de Bresnay. “Mention” d’une pauvre femme venue de la paroisse de Limoise qu’elle a quitté à cause des malheurs du temps.

1664 (bolide et comète) ‑Les populations furent encore apeurées cette année par deux phénomènes astronomiques pourtant bien anodins: un bolide et une magnifique comète.

Bert‑ Nota qu’en l’année 1664, le 3 juillet, environ les 4 heures , du soir, on a vu en ce pays de presque partout une comette (non, c’était un bolide) fort grosse qui sortit proche de la lune et courut du côté du soleil, laquelle provoqua un grand tonnerre qui fut ouï de partout; le temps était claire et serein, ce qui a fort étonné le peuple, même que la dite année il y eut grandes maladies et perte de gros bétail . (Goyard)

Coulanges ‑ ” Le 3éme jour de juillet 1664 est arrivé et a été ouï un grand coup en l’air comme de canon ou de tonnerre durant l’espace d’un miserere, le ciel étant serein. Cela a bien étonné: plusieurs ont vu des feux en l’air et tomber sur terre”. (Fonjean, curé). Et voici pour l’éclipse

Bert ‑ ” La même année au mois de décembre on a vu une étoile qui avait une grande queue fort longue et grosse et se levait environ les. 3 ou 4 heures du matin; elle avait la queue tournée du côté du soleil levant elle a causé un grand estonnement aux peuples” (Goyard). Note semblable du curé de Coulanges.

1666 ‑ (note curieuse d’histoire locale) ‑ Inhumation aux Minimes de Moulins de Jean Berton, conseiller à la chatellerie, lequel de son vivant a été le fléaux des curés de Saint‑Germain d’Entrevaux (paroisse existant sous l’ancien régime, près Chatel‑de‑Neuvre). Il les a tourmentés en procès quarante trois ans, savoir vingt et un ans le précédent curé, et le soussigné jusqu’à présent, et il avait juré de le tourmenter toute sa vie” (Thévenin, curé).

1668 ‑ (foudroiement) Le Theil ‑ ” Décès de Jacques Gaulmin, frappé chez lui par le feu du ciel dans la nuit du 16 mai”.

1670 (crue) Moulins‑ Crue extraordinaire de l’Allier..

Note curieuse, Dompierre ‑ “Inhumation d’un enfant trouvé malicieusement porté à la porte de l’abbaye de Sept-fons”.

1673 (pluies et crue) Monétay‑sur‑Allier Le 26 juillet 1673 il y eût une grande crue de la rivière d’Allier à raison de pluies fréquentes du présent mois. L’année a été fertile en légumes, chanvre et bled de mars, com­me aussi en froments, mais beaucoup ont été pourris en plusieurs lieux à cause des pluies” (De Villers) .         1 i

1674 (note historique) Monétier‑sur‑Allier ‑ ” L’édit du papier timbré a commencé au premier jour de janvier 1674, lequel a été établi avec beaucoup, de difficultés la dite année sous le règne de Louis XVI par 1’industrie du cardinal Mazarin” (De Villers).

1675 (gelée extraordinaire à la Saint‑Jean) Néris‑ Le 24e de juin, qui estoit le jour de la Saint‑Jean‑Baptiste, tout le monde estoit dans leur maison bien renfermé à se chauffer; de ce jour à la fête Saint‑Pierre et St­ Paul il fist grands froids; cinq jours avant la Saint‑Jean la glace estoit de l’épaisseur d’un escu”.

1676 ‑ Grandes crues de la Loire et de l’Allier.

1677 ‑(mortalité du bétail) Cusset‑ “L’an 1677 il y eut une grande désolation dans plusieurs provinces, comme la Bourgogne, le Bourbonnais et plusieurs. : autres,.’ On n’a jamais pu trouver aucun remède à cette maladie par tout où elle a sévi elle nettoyait les étables. Les bêtes à cornes péris soient dans les vingt‑quatres heures”.

Centenaire) ‑ “Inhumation aux Carmes de Moulins de Madeleine Brigandet , âgée de 104 ans “ou plus” et a toujours marché jusqu’à sa mort.”

(Note historique), Lusigny Baptême d’un fils de laboureur: par­rain, Messire Nicolas‑Louis Fouquet, vicomte de Vaux, fils de haut et puissant seigneur Fouquet ci devant surintendant des Finances.; marraine, très haute et puissante dame Marie de Castille, femme du dit sieur Fouquet qui ont signé” (30, septembre).

1678 (sécheresse)‑ “La sécheresse de cette année a été fort grande et ruineuse dans toutes les provinces du Centre”,(Pouillé de l’église de Limoges)

1679 (grande gelée) Monétay‑sur‑Allier ‑ “Inhumations sous le porche de l’église à cause de la grande gelée du 2 au 14 janvier”.

1680 (comète) Tréban‑ “En la dite année 1680, le jour des Saints Innocents et les deux nuits suivantes, est apparue dans le ciel une étoile d’une prodigieuse longueur de queue, de couleur blême en forme de pointe La dite étoile a paru encore diverses fois jusqu’au 15 janvier 1681” (Curé Tacquais)

1681 (débâcle des glaces) Diou ” Au printemps de la dite année la Loire déborda, en fin d’hiver elle ne fut pas navigable à cause des glaces”.

1682 (lavie chère) Coulanges‑ “Du 25e août 1682 j’ay fait marché avec Ale?~andre pour me servir en qualité de valet l’espace d’un an. Je lui donnerai la somme de dix-huit livres, une chemise et un “chetil” chapeau. Du 7e mai j’ai fait marché avec le maréchal de Colanges pour ferrer mon cheval pendant un en à quatre livres”. (Curé Gaspard Fonjean)

1683 (sécheresse)‑ La sécheresse de 1683 passe pour avoir été la plus calamiteuse du siècle.

(Curieux) Gannat‑ “Baptême d’Amable Charles, né de Jean‑Pierre Méneciet, maître peintre et géographe parisien! et de Marguerite Vimont”.

1684 (froid en mars) Monetay‑sur‑Allier‑ “Je n’ai jamais écrit acte baptistère si mal que ce jour jeudi Saint 29 mars, ne pouvant tenir ma main à cause du froid” (Curé de Villers).

1685 Année très mauvaise en grains dans tout le Bourbonnais.

1686 (grêle) Nérondes‑Berry‑ “Le 27 avril, il s’éleva une nuée environ les deux heures du soir, qui fournit une grêle de si excessive grosseur qu’elle battit tous les bleds et qu’on n’amassa rien cette année”. (Pelletier)

1686 (gelée printanière) Chassenard‑ “Cette année, nos vignes et nos bleds ont été gelés le mardi après Pâques; ainsi nous avons eu très peu cette année.”

Et voici le miracle de la “débredinoire” de Saint‑Menoux narré par le curé Lhuillier: “En 1686 est arrivé un fameux miracle par les mérites de SaintMenoux, en la personne d’un prêtre ‑ curé à deux lieux de Nevers, lequel avait perdu la raison; faisant sa neuvaine à Saint‑Menoux, il l’a recouvrée”.

Du même: “En 1700, M. de Beauchenin, Breton, “aliéné de son esprit et tout à fait fol”, après un séjour de 17 ans aux Petites Maisons, à Paris, il s’en est échappé et venu faire ses dévotions à Saint‑Menoux, où étant il fut connu par Mme de Montespan. Après sa neuvaine, il se guérit et fut capable de se confesser et de communier” (hum!).

Nous trouvons pour la même année 1686 une intéressante note du curé de Villers, de Monétay‑sur‑Allier. C’est la description des manoirs , habitants et dénombrement de peuple de la paroisse de Monétay, un des plus beaux lieux de France. La paroisse a quatre lieux de diamètre, 160 feux, soit 864 personnes dont 632 de la communion et le reste en bas âge. Les habitants de, la paroisse sont tous laboureurs ou vignerons; on compte une douzaine de bateliers qui gagnent leur vie à mener les marchandises par eau à Moulins, Orléans et Paris” (De Villers)

1687 (hiver très rude) Bourbon‑lArchambault‑,”Inhumation dans l’église le 25 janvier et jours suivants, n’ayant pu ouvrir la terre par suite de la grande gelée

1688 (année d’abondance> Le 30 juin 1688 accusant réception au contrôleur général des finances d’un arrêt prorogeant jusqu’au 1er octobre la permission de transporter les blés hors du royaume, l’intendant d’Argouges dit combien il serait profitable à la région “qui est extrêmement fournie de grains”. Il ajoute que le commerce de cette marchandise pourra être considérable, ” n’y ayant peut-être de lieu en France plus propre pour départ de blé que Moulins”.

1689 (Les années se suivent … )  Chassenard‑ “‘Année fort pauvre, vi­gnes gelées, pas un poinçon de vin, désolation dans tout le pays; le vin a valu jusqu’à 40 livres ou environ, le bled‑seigle, 13 sols le boisseau, le froment 16 sols, la misère est grande”.

(Pont emporté) Moulins‑ ” Le 22 octobre 1689, le pont Ginguet est tombé; le rivière est entrée dans l’église de la Magdeleine d’un pied et demi de hauteur” (Journal d’un bourgeois de Moulins).

1690 (les temps sont durs Moulins‑ “Les temps ‘sont durs au pauvre monde. L’intendant du Bourbonnais d’Aquin, en entretient le contestent géné­ral de Pontchartrain, Il me revient de toutes parts, dit il, que la récolte de bleds a été fort trompeuse, qu’en beaucoup d’endroits l’on n’a pas recueil li de quoi semer, qu’une grande, partie des vignes ont coulé et que les pluies continuelles achèveront de les perdre sri pourrissant le raisin qui n’est pas encore à demi mÛr. Mais ce que –Je de plus véritable, c’est qu’il y a une mortalité des bestiaux considérable dans quelques paroisses, ils sont tous perdus. Ce qui est plus fâcheux, c’est qu’on n’oserait hasarder de remplacer île). sitôt ceux qui sont morts” (Bosli )

1691 (grêle)‑ Très nombreuses chutes de grêle dévastatrice dans tout le Bourbonnais. Nous nous contenterons de citer la note du curé de La Palisse

“En juillet la grêle a emporté tous les bleds et autres choses . La perte est de plus de mille quartes de bleds pour notre pauvre paroisse. Nous n’aurons ni noix, ni fruits, et les greniers sont vides. Ce sera la famine si Dieu ne prend pitié de nous”.

Marigny‑ “Inhumation d’un enfant de dix ans mort de froid et de misère! “.

Chassenard‑ “Année de grande misère pour le peuple”.

C’était de plus l’époque des grandes guerres de Louis XIV. La crainte des racoleurs était générale dans les campagnes, ainsi qu’en fait foi cette note du curé de Franchesse:”On fit défense aux garçons de la paroisse d’en sortir sous peine de cent livres d’amende. On craignait qu’ils ne se retirassent dans les bois. Ils y seraient morts plutôt qu’à la guerre, car il fit grand froid dès le commencement de 1691. Il y avait plus de deux pieds de neige” (Curé Foyzeau).

1692 (mauvaises vendanges) Berry “Cette année les vendanges se sont faites fort tard. Le raisin était si peu mûr et il y en avait si peu que l’on vendangeait dans les sacs qui étaient pas mouillés”. (Gassot, sieur de Priou).

(Pluies continuelles  Mr Neuilly‑en‑Sancerre‑ “La présente année a été bien trompeuse. Elle promettait beaucoup en son commencement et on espérait faire une bonne récolte qui était fort nécessaire pour le menu peuple, qui était dans une grande indigence, mais les pluies continuelles avoient tellement rempli la campagne d’herbe que plusieurs laboureurs ont été contraints de faucher leur froment à cause de la multitude des herbes qui les avoient étouffé. Mgr notre archevêque a ordonné les prières publiques de 40 heures qui se firent pendant près de trois mois sans parler des processions qu’on avait fait dans toutes les paroisses pour détourner ce fléau de la colère de Dieu justement irrité. Tous les fruits de la terre se sont senti de ce mauvais temps; on n’a jamais de si pauvres vendanges. A Noël le vin vieil s’était vendu communément 40 écus; Le froment s’est vendu jusqu`à 6 livres 10 sols”.(Guillerault curé).

1693 Année fertile Dompierre‑ “Fin de cette année l693 qui a été assez fertile, principalement en bleds et fruits, mais peu de vin”.

1694 ‑ L’hiver 1693‑94 fut sans contredit le plus dur du siècle; ses rigueurs furent préjudiciables aux céréales; la misère fut très grande dans toute la France et ne peut être comparée qu’à celle de 1709. Voici quelques extraits des notes les plus suggestives: rompait les arbres gros comme un tonneau, les portait jusqu’à vingt pieds du trou en arrachait par racines, enfin fit un désordre épouvantable . Du depuis j’ai vu un arbre plus gros qu’un poinsson qui fut coupé par le milieu et fut porté à plus de 25 pas. De Thiel à Beaumon, la grêle brisa entièrement et arracha les bleds, tua les porcs jusqu’à 9 dans un domaine et 30 moutons à Lavaud, jusqu’à des bœufs et vaches”. (Curé Delarue)

1697‑ En décembre, grandes crues des rivières, principalement de La Loire qui inonde toute la vallée en aval de Digoin.

1698 (Bonne année)‑ Voilà enfin une année que tous les chroniqueurs donnent comme favorable aux cultures: “Temps égal doux, agréable, pluvieux à propos, chaud, sans tonnerre et admirable en tout, depuis février jusqu’à la fin de l’année. Moisson très bonne, vin abondant, délicieux et pas cher “(Hérault, Bourges).

1699‑ Encore un miracle de Saint‑Menoux! “Aujourd’hui, dernier jour d’août, messieurs les religieux de Souvigny sont venus en procession au bon Saint‑Menoux avec les reliques de Saint‑Mayeul  portées par les religieux, tous en aube, pour avoir de l’eau, la sécheresse étant si grande que les biens de la terre périssaient  et même les laboureurs ne pouvaient travailler y ayant plus de 3 ou 4 mois qu’il n’avait plu en Bourbonnais. Le jour même il tomba une si grande quantité d’eau qu’on travaillait partout et on en eut ensuite assez pour ensemencer les terres”. (Lhuillier, curé). Comme on le voit le procédé est simple!

1700 (tempête) Dompierre-sur-Besbre ‑”Le 4 juillet 1700, environ les 5 heures du soir., il se leva un orage si grand et un vent si impétueux que nous crûmes qu’il emporterait tous nos bâtiments; on ne voyait point à 6 pas devant et l’on croyait que c’était la fin du monde. Le vent arrachait les arbres; il en assoit d’autres et les emportait à plus de cent pas de là; Les granges dont les portes se trouvaient ouvertes, furent jetées par terre et emportées au loin. Nous crûmes que l’église tomberait sur nous. Enfin, l’orage finit par une grêle horrible, qui ravagea 20 paroisses du voisinage” (curé Hébrard)

Cette tornade paraÎt avoir atteint et ravagé tout le pays entre Allier et Loire, de nombreuses notes en font mention.

1701(calamités) Molinet “Le dernier jour d’avril 1701, il fit une gelée qui perdit la moitié des vignes, tous les fruits et surtout les noyers. Le 29 juillet, il tonna partout et sans malheur, mais le 2 e août, nous fûmes grêlés et les vignes presque perdues, et le vent rompit et arracha plusieurs arbres. Le 3 e septembre, la grêle acheva de ruiner la paroisse de Molinet Barrois).

1702 (gelées de printemps) Molinet‑ L’an de N.S. 1702, les 6,7,8,9 et 10 avril, il fit une grande gelée qui perdit toutes les vignes, les noyers , les fleurs d’arbres, une partie des bleds. La glace avait un pouce d’épaisseur même il gelait dans les maisons” (Barrois)

1703 (neige à la Saint Jean) Molinet “Le jeudi 24 mai 1703, nous fûmes un peu incommodés par la grêle le samedi, 9e jour de juin, nous fûmes encore grêlés. Cette année fut fort froide et pluvieuse; même il neigea le jour de la Saint‑Jean. On eut peine à faire les foins: les rivières débordèrent qui en emmenèrent beaucoup; les bleds furent bons, Dieu merci; les vignes coulèrent (Barrois)

1704(crue de la Loire)‑ A la suite de sept jours de pluies abondantes fin novembre, la Loire subit une crue importante­”L’eau atteignait une hauteur de 4 à 6 pieds dans tout le chambonnage entre Beaulon, Dompierre et Sept Fons. Ce fut une assez bonne année au point de vue agricole; abondance de blé et de vin; prix modérés, mais rémunérateurs, tout irait bien n’étaient les lourdes taxes, conséquences des guerres de Louis XÎV. Mais avec 1705 voici venir la série des sept années de vaches maigres

1705 (toutes calamités) Molinet‑ “Le 28e avril 1705 il fit une grande gelée blanche, il y eut même de la glace. Les vignes furent à demi gelées et aussi quelques noyers mais, Dieu merci, les bleds n’eurent pas de mal. Les 26 et 27 mai, il fit un si grand froid qu’il neigea abondam­ment partout; le 28 mai, nos vignes furent encore gelées; ce jour là les fruits et les jardins furent perdus. Tous les matins du mois de juin, il y eut de la rosée blanche. Il a fait cette année une grande sécheresse, les arbres en sont morts et les fruits confits dessus sans pouvoir mûrir, et le reste des vignes toutes grillées. Le 3 août, il fit une grêle qui empor­tait tout ce qui restait, et encore le 18  août une grêle grosse comme des oeufs qui brisa les vignes et les arbres, abattit les tuiles des bâtiments et nous ruina complètement “.  (Barrois , curé)

1706 (calamités) Molinet‑ “Le 19 avril, il fit une gelée qui enleva la moitié des vignes; il y avait de la glace épaisse d’une pièce de 18 sols. La présente année a été fort sèche les vignes en sont mortes. La chaleur dura plus de huit semaines, entre lequel temps il ne plut que le jour de Saint‑Pierre; le 18 e jour d’août, il y eut de la gelée blanche; les fruits grillèrent sur les arbres”. (Barrois)

1707 ‑Une sécheresse exceptionnelle jusqu’au mois de septembre‑, des pluies continuelles en octobre, avec crues des rivières et inondations caractérisent l’année 1707.

Molinet‑ “La présente année a été fort sèche; les vignes en sont mortes; on a trouvé des ceps, des raisins et des feuilles tout secs

Beaulon‑” En l’année 1707, il arriva une inondation si prodigieuse et surprenante qu’après 75 heures de pluies continuelles, du 4 au 6 octobre, la rivière de Besbre se répandit dans toute la plaine de Sept-fons. Jointe à la crue de la rivière de Loire elle tenait tout le pays submergé. Depuis l’église de Beaulon jusqu’au Fourneau, il n’y avait plus qu’une rivière; dans tout le chambonnage, les eaux avoient cinq à six pieds de hauteur. Le pont de Lapalisse fut emporté avec plusieurs maisons. Beaucoup de plongeons(?) de bleds perdus ainsi que de nombreux moutons et bœufs. IL y eut des personnes noyées dans la ville de Moulins. En la dite ville, les faubourgs des Jacobins, Saint‑Gilles et de la Magdeleine demeurèrent deux jours sans pain:  on fut obligé d’en porter dans des bateaux par ordre du maire de la ville.

Ussel‑en‑Bourbonnais “Au mois d’octobre se produisit une crue telle que, de mémoire d’homme, on n’en avait vu de semblable”.

Sury‑en‑Berry‑ “La grande inondation de la rivière de Loire arriva le sept octobre 1707. Elle a été si effroyable que, depuis un siècle, on n’en point vue, ni plus étendue, ni plus rapide. Le torrent arriva la nuit du 6 ou 7, noya un nombre infini de peuple, des bestiaux de toute espèce; on n’en peut dire le nombre ni évaluer la perte. Plusieurs bâtiments ont été démo par le cours impétueux de cette inondation”. (Maréchal)

1708 (gelée) St‑Pourçain‑sur‑Besbre‑ “Le lundi 7 mai 1708, il est à remarquer qu’il a fait une gelée si terrible qu’elle a gâté toutes les vignes, noyers et autres arbres fruitiers et autres arbres fruitiers, et les bleds à moitié. Il y a eut bien des pays endommages où il n’y a pas d’espérance de récolter ni bled, ni vin.”

1708 (Crue) Moulins ‑ 7 janvier nouvelle crue extraordinaire qui emporta à Moulins le pont construit sur l’Allier par Mansart.

1709 ‑ Et nous voici parvenus à la plus effroyable année du XVIIIe siècle. Toutes les calamités fondent sur notre pauvre pays. Survenant après plusieurs années de récoltes déficitaires, un hiver exceptionnellement rigoureux détruit tous les blés, les vignes et les arbres. fruitiers. Une guerre désastreuse, l’invasion, les coffres de état vides. On taxe les grains qui tout aussitôt disparaissent des marchés. C’est alors la famine, une famine effroyable durant laquelle des milliers de gens moururent littéralement de faim sur les routes du royaume. Nous avons, il y a quelque vingt ans, fait paraître une documentation historique (1) sur cette tragique page de notre histoire nationale. Aussi ne reproduirons nous ici que les notes les plus suggestives intéressant notre province:

Beaulon “Le jour des Roys il fit un vent de bise tout le jour et le reste de la semaine il fît un froid si aspre que les bleds gelèrent partout. Cinq cent personnes de la paroisse moururent”.

Servilly:” C’est l’année de la colère du Seigneur! Tout a gelé: les bleds et les arbres ont péri, on mange des herbes comme des mets délicieuxde la graine de chanvre et mille autres choses semblables. Les maladies ont emporté un grand nombre de gens trouvés gelés sur le bord des chemins; les riches eux-mêmes sont morts de maladies causées par le froid”.

Paray‑le‑Frésil: “Le curé Saint Valerin décrit tout d’abord la situation économique due aux rigueurs d’un hiver sans précédent et ajoute: Il est mort grand nombre de gens de faim, les maladies ont fait aussi périr beaucoup de gens que la famine n’avait pas attaqués. La famine est si grande que les herbes ayant manqué par l’hiver les charognes les plus puantes sont ramassées et mangées par les pauvres mêmes jusqu’aux animaux morts de maladies contagieuses”.

Diou ” Il faut savoir qu’en l’année 1709 les bleds furent gelés par racine au mois de janvier ce qui causa une grande famine et mortalité telle qu’il a été impossible d’écrire tous les mortuaires. On prétend que la moitié du monde moururent et je puis l’assurer pour cette paroisse”.(Burgat)

Tronget:” Je certifie que depuis six semaines il a été inhumé environ cinquante personnes mortes de faim; si cela continue je crois que de huit cents paroissiens il n’en restera pas cinquante” (Bessejon, prieur).

L’afflux des pauvres affamés vers les villes fit prendre par les échevins des mesures que nous jugeons sans doute effroyablement dures, mais qui devaient avoir leur raison d’être, sans doute par crainte de la contagion de maladies épidémiques. C’est ainsi que le Conseil de Ville de Moulins décide, “pour éviter l’infection et les maladies que causeraient infailliblement le grand nombre des pauvres étrangers qui sont en cette ville et y abordent tous les jours, de les expulser immédiatement, tant valides qu’invalides”.

Il résulta de cette décision que des bandes d’affamés moururent aux portes des villes. C’est bien ce qui ressort du mortuaire d’Yzeure, aux portes de Moulins. La mortalité dépasse la moyenne pendant le 2e trimestre 1709 et 1e ler de 1710. Ainsi on compte 12 inhumations en janvier 1708; 24 en janvier 1709; 28 en mai; 33 en août. A partir de novembre 1709 et régulièrement jusqu’en juin 1710 on mentionne en bloc, tel jour, la sépulture de ” tant de corps dont on ne sait les noms”. On a ainsi, en novembre 1709, 48 décédés nommés, plus: ” 15 grands corps et 6 petits corps non identifiés”, et cela jusqu’en décembre 1710! Dans la seule province du Bourbonnais, je crois pouvoir évaluer à plus de cinquante mille les pauvres gens morts de froid, de faim ou d’épuisement causé par la misère.

Il est difficile de préciser les plus basses températures de ce rigoureux hiver; il n’y avait pas alors de thermomètres comparables à notre centigrade, ni même de Réaumur. On peut toutefois déduire, de faits nettement établis (épaisseur de la glace, éclatement des arbres etc … ) que les minima extrêmes furent de l’ordre de ‑30′ à ‑35′ dans notre région. Le curé de Sury, (1) La dernière famine, par Aug. Bramard. Crépin‑Leblond edit. Moulins.

Près Leré, en Berry) note que pendant 25 jours, “l’épaisseur de la glace en rivière était de trois pieds, pendant lequel temps les moulins né purent tourner; on faisait passer les charrettes chargées de paille et de bled sur la rivière de Loire et roulaient sur la glace comme sur terre”.

Cette, affreuse calamité ne se limita pas à quelques provinces de notre pays, mais à la France toute entière et à une partie de l’Europe. Un humble chroniqueur tourangeau dresse “un état des fléaux et misère arrivés sur toute l’Europe en cette année 1709, à compter du si janvier”. Nous regrettons, vu sa longueur, ne pas pouvoir reproduire ce document historique. Nous terminerons avec la note suivante du curé Bailly, de Nérondes, en Berry:

“Remarque qui n’est jamais arrivé et n’arrivera jamais avec l’aide de Dieu. En la présente année 1709 le froid commença le jour des Roys avec tant de violence que tous les noyers se sont trouvés totalement gelés, les froments tous gelés, sans qu’il y en aie paru un épi; les vignes gelées en telle sorte que l’on a été obligé de couper la souche; quantité d’autres arbres fruitiers sont morts et n’ont pas repullule. On a trouvé des hommes gelés sur les chemins ou morts de famine. Dieu fasse la grâce aux hommes et à tous ceux qui viendront après nous d’être préservés d’une telle misère. Le froment a valu jusqu’à onze livres et cela continua jusqu’à la moisson de l’année 1710. Ainsi deux années de famine…”

1710 ‑ Comme nous l’avons vu, l’affreuse misère des peuples ne se termina qu’après la moisson de 1710 qui fut fort heureusement assez bonne. Ces deux malheureuses années constituent donc dans l’histoire, un tout. Les pouvoirs publics prirent quelques mesures énergiques contre les spéculateurs et les pillards, mais le peu de grain que l’on put importer des “Echelles du Levant” après avoir échappé aux croisières anglaises et aux bandes d’affamés, fut très insuffisant et très mal réparti. Les intendants de provinces se préoccupèrent surtout de maintenir l’ordre et de châtier les voleurs de grands chemins et aussi de provoquer un élan de charité parfois obligatoire comme l’indique la note suivante:

Beaulon: ” On a établi dans les provinces des commissaires pour aller visiter les bleds dans les greniers et pour les faire distribuer dans les marchés. Il y avait beaucoup de voleurs et de brigands, surtout en Bourgogne, où on avait permission de les tuer publiquement, trouvés en faute.

Echassières ‑ ” Année de misère. Un rôle fut publié pour nourrir les pauvres. Chaque personne inscrite devait donner jusqu’à deux livres de pain à la famille qui lui était assignée.

Nous trouvons un exemple de charité privée dans cette note du curé de Monétay: “Inhumation dans l’église d’Antoine Préverand, de Rocquetière, âgé de 56 ans, qui méritait d’être canonisé pour les grandes charités qu’il a faites aux pauvres, pendant ces deux années d’extrême famine, leur ayant donné pour plus de 15 000 livres de bled et de pain (très grosse somme pour l’époque) et autres secours qu’il leur a fait en vêtements et chauffage. Véritable père des pauvres, qui remplissaient toujours ses logements, ce que je suis obligé de dire avoir vu chez lui jusqu’à quinze cents et deux mille pauvres à la fois’

Laissons cette page attristante de notre histoire nationale et poursuivons notre route à travers le XVIIIe siècle. Nous retrouverons encore des hivers très rigoureux, de mauvaises récoltes et des misères, mais jamais plus de calamités semblables à ce que fut “la dernière famine en France”: 1709 1710.

1711( grêle générale) Saint‑Pourçain‑sur‑Besbre ‑ ” Le mardi 28e juillet, plus de 40 paroisses dont celle‑ci, ont été grêlées ce qui a perdu entièrement les vignes, qui promettaient enfin après deux années de gelées consécutives, ce qui causa que le vin vaut actuellement 120 livres le tonneau et tous les vignerons prêts à abandonner leurs vignes”‘.

Le curé d’Ussel, lui, attribue la grêle à un manquement dans les prescriptions religieuses du repos dominical:” En 1711, pendant la moisson, il tomba tant d’eau qu’on eut de la peine à serrer les, bleds, ce qui donna occasion de travailler les jours de fête, auquel, travail j’attribue le malheur de la grêle qui, par deux fois battit les vignes, ce qui n’arriva point dans les communes voisines”. Il y eut cependant, quoi qu’en dise le pauvre curé, au moins la moitié du Bourbonnais grêlé en juillet 1711.

1712 (grêlons énormes) St‑Pourçain‑sur‑Sioule‑ “Le 5 juillet, un orage épouvantable de grêle détruisit les récoltes de 80 paroisses, depuis Eygurande jusqu’à St‑Pourçain; on pesa des morceaux de grêle de 2 livres (De nombreuses maisons furent endommagées”.

(Phénomène inexplicable) Pierrefitte‑sur‑Loire ‑” Ce 2 juillet, inhumation d’un garçon et de deux filles tués la veille d’un seul coup de foudre s’étant retirés pendant un gros orage sous un poirier. Le même jour sur le midi, on avait vu dans l’air un gros flambeau allumé comme une torche de paille, aussi élevé que les nuées, qui dura une heure sans bouger et disparu ensuite”. (Caillot)

1714 Encore une bien mauvaise année; gelée des blés et surtout mortalitédu bétail dans toute la province et les provinces voisines.

Molinet ‑”Le 1er jour de mai, il fit une gelée qui emporta la moitié des vignes et gâta beaucoup les bleds”.

1715( superstition des éclipses) Ussel en Bourbonnais‑ “Est arrivé le 3 du mois de mai une éclipse de soleil. Dieu nous donne la paix!”

Malgré un hiver fort rude et un été très chaud, “on a recueilli du bled en abondance il a été bon marché. Le vin a été à bon prix et s’est fort bien vendu nonobstant la disette d’argent” ( Arch. de Bracieux, Orléanais)

1716 (crue de la Loire)‑ Le curé de Molinet situe cette crue le 5 Janvier., Les archives de Blois mentionnent une très grande crue le 4 février , crue qui emporta le pont de cette ville et.dûe à la débâcle des glaces. Il y eut donc un hiver particulièrement rigoureux. En cette année 1716, il dut y avoir une superbe aurore polaire le 17 mars décrite ainsi parle  curé de St Sulpice, près Blois:”Le 17 mars, on vit dans le ciel des signes‑ extraordinaires, après le soleil couchant, ont paru p1usieurs chevrons de feu qui se sont réunis tous ensemble vers le septentrion, ce qui a fait paraître une grande clarté vers les dix heures du soir. J’ay été surpris du peu d’attention qu’on a fait dans le monde d’un signe si extraordinaire”.( Chéron)

1717 (Mercuriale)” Il fait un printemps bien pluvieux, cela fait venir de l’herbe dans les bleds: le seigle vaut trois livres, l’avenne (lavoine) aussi, le froment cent sols”. (Livre‑journal d’Etiennp Azambourg. Concressault en Berry).

1718(La Loire.est prise) Diou “Du 10 >au 20 février, on passa la Loi re à pont de glace,, ce qui n’était arrivé depuis le mois de janvier 1709”.

1719 (Bolide) Limoise “Le vendredi 31 mars sur les 8 heures du soir une grande flamme parut comme universelle, elle a été observée à Paris aussi. bien qu’ici. Elle ne fit que paraître comme un éclair

Dans les archives de la commune de Thiel nous trouvons une note his­torique qui ne concerne ni le temps ni les récoltes, mais que nous croyons devoir reproduire étant presque d’actualité puisqu’elle a trait au fameux système de Law c’est à dire à la première expérience désastreuse d’inflation:

“La mort de Louis XIV, arrivée en 1715, a causé un grand changement  dans l’état. Monsieur d’Orléans ayant été, contre le testament du feu roy créé régent de France changea entièrement le gouvernement. En 1719 parut un étranger nommé Lasc (Law) qui, ayant été produit à la Cour, y fit connaître un projet tel qu’il n’en a jamais paru”. Suit l’historique du système Law en une page et demie, puis il termine ainsi: “Ce qu’il y a à remarquer, c’est qu’on rachetait le fonds des fondations avec des billets. Plusieurs curés et beaucoup de bourgeois en ont souffert parce qu’ils n’ont pas trouvé à placer leurs billets qui leur sont restés. Encore n’était il permis de les placer qu’au denier cinquante” (Fol. 814)

1720 (encore le système Law)‑ Note inscrite sur le registre parois sial de Dompierre‑Septfons. “Fin du registre de l’année 1720 dans laquelle année les billets de banque royale ont réduit les meilleures familles à la misère et ont obligé la plupart des communautés de filles à sortir de leurs couvents pour aller vivre chez leurs parents”. ( Fol.6)

Épidémie de peste en la même année. St Pourçain‑Malchère. “En 1720 de malheureuse mémoire la peste fut si grande qu’on fut obligé de faire garde à Moulins pour ne retenir aucun étranger sans billet de santé”.

1721 (crue et noyade) Chemilly‑ “A Soupaize, inhumation de quinze hommes noyés la veille dans l’Allier, la barque qu’ils montaient s’étant renversée dans les eaux qui étaient beaucoup augmentées”.

1722 (Opinion sensée sur le temps) Concressault en Berry‑ “Il est à remarquer qu’il a fait beaucoup de pluies d’Avril à Juin et encore plus en juillet; cela a fait venir des herbes dans les bleds qui ne seront guère gr(nés à cause des pluies qui les ont gâtés Il y en a qui croit que beaucoup de pluie est bonne et moi j’ay remarqué qu’une année sèche fait plutôt abondance qu’une année molle. On le verra par la présente année” (Azambourg).

1723 (Avance de la végétation): “L’hiver s’est fait assez sentir par sa froidure. Mars fort chaud et sec si bien qu’à présent qu’est le deux avril , les bleds épiés, tout horriblement avancé; tout est fleuri en mars”. Et voici ce que notre chroniqueur écrit en fin mai:” Au 26 de mai je dirai que l’année est fort avancé car les guignes sont presque mangés; il fait très sec; il n’y aura guère de foin mais les seigles sont bons. On va moissonner en Sologne à la Saint‑Jean; la vigne fort belle est partout en fleur” (Azambourg).

Moyen infaillible pour détruire les chenilles “Ce mardi 20 avril , j’ allai à Fubienne pour exorciser les chenilles et autres insectes ” (note du curé de Neure)

1724 (Pluies) Concressault‑ “Je diray que l’année est fort pluvieuse celà a fait tort aux grain surtout au seigle. Le bétail se vend assez passablement cher” (Azambourg)

1725 (Pluies continuelles)‑ Dans toute la France, les récoltes furent très mauvaises en raison des pluies continuelles de mai à aoÛt. D’un rapport de M. Beausson, trésorier pour la région de Guéret, nous relevons ces lignes: ” La récolte en grains de  cette année est très mauvaise à cause des pluies continuelles du printemps et de l’été, pluies qui ont produit de grosses quantités de mauvaises herbes”.

Pour faire cesser ces intempéries il fut, comme toujours, fait des processions sur l’ensemble du territoire, processions qui ne paraissent pas avoir eu grand effet. A propos de ces processions, il est curieux de consta­ter qu’elles n’émanaient pas toujours des ecclésiastiques. Voici un arrêté du Conseil de ville de Vézelize (Lorraine) du 22 août 1725: “Les laboureurs se plaignent que les bleds se  perdent par suite des pluyes continuelles; le Conseil de Ville a décidé de faire demain à 6 heures du matin, une procession solennelle à Notre‑Dame de Sion; le curé, les minimes et les capucins sont invités à y assister; ordre à tous les bourgeois et corps de métiers, de s’y trouver avec leur bannières et de s’y comporter décemment sous peine d’amende”.

1726 (Aurore boréale)‑ Explication donnée par le curé de Chemilly: Ce 19 octobre 1726 à 7 heures et demi du soir, la lune étant vieille, il parut un grand jour. Je sortis et vis, avec plusieurs des habitants, une grande fumée en l’air et l’air tout en feu. C’est un phénomène produit, à ce que l’on prétendit, par les exhalaisons; il fut vu de plus de cent lieues et causa bien de l’étonnement: on sonnait toutes les cloches à Moulins”.

Cette aurore fut observée en effet sur la plus grande part de la France et comme tous les phénomènes alors inexpliqués, causa de vives appréhensions dans les masses. Voici ce qu’en dit Azambourg, petit propriétaire rural de Concressault‑en‑Berry: “Le 19 octobre, heure de sept et demi du soir, a paru une clarté du côté de vers Gien et, sur les huit heures et demi il semblait que tout allait brûler. Il paraissait un feu qui se poussait en bandes (manière de ceux ondes que l’on voit sur les eaux… ) ça ne paraissait point trop élevé et a duré jusqu’à 11 heures. Je crois que l’on y appelle fdomen (phénomène). Cela a épouvanté bien du monde; pour moi, je tremblote sans savoir qu’en penser. En plusieurs endroits on faisait des prières publiques. ”

1727( Gelée de printemps) St Pourçain‑sur‑Besbre ‑” Le 20 avril il a fait une gelée qui a emporté une partie des bleds et fort endommagé la vigne .

1728 (hiver rigoureux) St Pourçain‑sur‑Besbre ” Le 10e de décembre a commencé l’hiver par un froid assez violent suivi d’une neige d’un pied d’hauteur; après un court répit le froid se reprit à Noël et dura douze jours très violent Il tomba ensuite deux pieds d’hauteur de neige qui a resté sur la terre 17 jours de suite, avec une bise très piquante, ce qui a causé la mort aux perdrix. Les merles et les oiseaux de toutes sortes d’espèces se jetaient dans les maisons. Malgré la rigueur de l’hiver qui a duré quatre mois le bled n’était point gelé”.

Nous trouvons dans le registre paroissial d’Yzeure la curieuse publication suivante: “Mariage de Gilbert Bouthier avec Anne Lebeau, le dit Bouthier pour la septième fois et septième épousailles. (11 mai 1728)

1729 ‑Les notes sur cette année concernent toutes la rigueur de l’hiver 1728‑29, la forte pluviosité du printemps et la sécheresse néfaste de l’ été

1730‑ Les chroniqueurs s’accordent pour qualifier l’année bonne pour toutes cultures.

1731( tué par la foudre en sonnant les cloches) St‑Gérand‑de‑Vaux. “Décès dans l’église de St Gérand de Jean Berthomier suffoqué par le feu du ciel en sonnant les cloches” (29 mai). Sécheresse et processions.

Cuncressault-en Berry‑ “Il a fait une sy grande sécheresse cette année que je ne crois pas en avoir vu de pareille. Point de foin et petits bleds. L’on a en France sorti beaucoup de reliques et châsses des Saints pour obtenir de Dieu des tempêtes et de la pluie. Un nombre infini de peuple s’y sont transportés”.

1732(crues) ‑Les débordements de la rivière d’Allier ont causé de grands dommages sur tout son parcours”. (Arch. mun. de Moulins).

1733 (grands froids et misère) Cusset‑ “Le 16 janvier, le thermomètredu Docteur Desbret descendit à 14° au dessous de zéro (degré Réaumur). L’Allier était prise dans tout le département; partout on la traversait à pont de glace jusqu’au 28 janvier ; la glace durait depuis Noël. Les moulins étaient pris dans les glaces, personne n’avait plus de farine; les provisions étaient épuisées. La police dut défendre aux boulangers de séparer le son d’avec la farine. Les pauvres souffraient tant que je renonce à décrire leur désolation et leur misère. Les Dames de Saînt‑Benoit de Cusset donnèrent tant qu’elles purent: n’ayant plus de farine, elles donnèrent des fèves et des haricots. Une dame de Cusset a passé toutes ses journées à moudre du blé dans un petit moulin à poivre (!)” Mémoires du Docteur Desbrest).

Grande crue de l’Allier ‑ du 23 au 28 mai, l’Allier eut une crue exceptionnellement forte. Le journal d’un bourgeois de Moulins en fait le compte rendu suivant:

“Le 30 mai, les eaux s’étant retirées, les échevins de Moulins sont allés à travers la ville constater les ravages qu’y a fait la crue. Le couvent et l’église des Jacobins (Sacré‑Coeur actuel) ont été dévastés. Dans les chambres du couvent, les eaux ont renversé les meubles et emporté les effets. Dans l’église où 4‑1 y avait trois pieds d’eau, il y avait de grands dommages. Tout le quartier du bas Allie r était submergé; en certains points l’eau s’élevait à 7 et 10 pieds. Les habitants se réfugièrent dans les greniers d’où on ne put les sortir qu’en pratiquant des ouvertures dans les toitures. A Hôpital St‑Gilles, il fallut monter les malades dans les combles. Pendant les trois jours que dura la crue, le maire, le curé et les échevins embarquaient place des Lices (d’Allier) sur des radeaux faits avec des tonneaux vides, naviguant de rue en rue pour porter du pain aux inondés ou sauver ceux dont les maisons menaçaient de s’effondrer; sur leur passage ce n’était que meubles flottants. Le quartier de la Madeleine fut le plus éprouvé; là, plusieurs maisons s’abîmèrent dans les flots sans que personne n’y put y porter du secours, l’impétuosité de la rivière empêchant de passer. Des prières publiques furent ordonnées par l’évêque d’Autun) sur la demande du maire à l’effet d’implorer la miséricorde de Dieu pour la cessation du mauvais temps. Elles réunirent une foule d’habitants de la ville et des campagnes, les différentes administrations y assistèrent en corps”.

1734 (Année d’abondance de l’avis général) (loups) Aubigny‑ “Inhumation de François Alasseur, dévoré par les loups en gardant les vaches”.

1735 ‑ Bonne année, sauf pluies excessives. Crues de la Loire et de l’Allier au début d’avril. A Moulins, l’eau atteignait 14 pieds.

1736 (gels des blés et de la vigne en Sologne Bourbonnaise) ‑ Cette année, les bleds ont été gelés les 13e et 14e de mai sur la fleur; les vignes l’ont été aussi, ce qui a causé une cherté du bled et du vin”.

1737 (mauvaise année) Paray‑le‑Frésil ” L’année fut presque aussi mauvaise qu’en 1709. Les bleds ayant été gelés en partie, le seigle valut jusqu’ à sept livres le bicher (?). Dès le commencement de l’année, l’intendant de Moulins intervint auprès de celui d ‘Orléans pour faire remonter du bled par la Loire, de sorte qu’il ne dépassa pas 6 à 7 livres”

(Comète) Le Donjon‑ “Environ la pointe du jour, il est apparu un grand feu au ciel de la hauteur qu’est le soleil en hiver sur le midi et le dit feu tirait du soleil levant au couchant de la longueur d’une pique (?) et plus gros la teste”.

1738 ‑ Année médiocre, pluies continuelles. (Les loups en Bourbonnais) Bourbon‑l’Archambault ‑ Longue du curé sur les méfaits d’un loup qui attaqua trois de ses paroissiens; l’un mourut, les deux autres furent gravement atteints par les morsures du fauve. A cette époque ce n’était pas exceptionnel, surtout dans les cantons forestiers.

1739‑ Année assez bonne quant aux cultures, mais grande mortalité par épidémie non dénommée.

Souvigny ‑ “Au commencement de cette année, 1739, il y eut une grande mortalité, si grande que mon vicaire en est mort par le grand travail et que j’en ai été à l’extrémité”.

1740 (hiver très rude, année très froide). ‑ Les nombreuses notes que nous avons sur cette année 1740, tant pour le Bourbonnais que pour toute la France s’accordent pour constater qu’il a gelé dans tous les mois de l’année!

Couzon‑ ” Le froid a duré dix mois fort cuisants; il a gelé dans tous les mois; les vignes ont gelé en raisins et le peu de vin qu’on a fait n’ avait ni goût ni couleur”.

Néris‑ ” Après de grandes inondations, il a gelé, tous les mois, même le 26 juillet, il y eut une gelée à glace. Les raisins furent surpris par la gelée, étant encore en verjus le 7 octobre; La gelée fut si forte qu’il y avait un pied de glace d’épaisseur; le raisin se trouva comme cuit, en sorte que ce qu’on ramassa fit du vin qui faisait rechigner jusqu’au fond de l’âme (!) quand on le buvait.

Paray‑lé‑Frésil ‑ Cette année a été très stérile; la grêle a été presque universelle dans la province; cette paroisse a été fort maltraitée le lendemain de St Jean. Les pluies et ayas d’eau ont rendu les récoltes fort médiocres, de sorte que le bled a esté jusqu’à 30 sols; le raisin, qui n’avait pas mûri faute de chaleur, a gelé dans les vignes le 7 octobre” (Saint Valerin)

Lunery en Berry ‑ L’hiver de 1740 a été très long et dure encore actuellement (6 avril). On a commencé à labourer jusqu’au 9 mars, et on croyait que les bleds fussent gelés A Paris, le froid a été plus rigoureux; la Seine était prise de 3 pieds. On faisait allumer des feux dans les rues et la corde de bois valu 60 livres”. (Bernard)

1741 ‑ Assez bonne année, mais ” cette année l’eau a été très rare et de nombreux  ont été taris” ( Arch. de Noyant).

1742 ‑ L’année aurait été très bonne, sans une très longue période sèche qui Réduisit sensiblement les récoltes. Il y eut peu de vin mais de qualité excellente (Vatan).

1743 ‑(abondance) Néris ‑” Cette année est bonne, avec une grande abondance de grain; le bled vaut 56 sols le septier; le vin, médiocre, de 15 à 18 sols le tonneau”

1744 ‑ “Année tardive en tout” lit on sur les registres de Néris.

Grandes crues sur des rivières en novembre.

Beaulon ” Les 3 et 4 novembre, la rivière de Loire déborda. Cette inondation fut très considérable; l’eau envahit plusieurs fermes du chambonnage de 4 pieds environ de hauteur et gâta beaucoup de foin et de grain.(Bletterie).

Moulins‑ ” Après 7 jours de pluie, l’Allier déborde et couvrit tout le chambonnage de 6 pieds d’eau”. La date de‑ cette crue n’est pas indiquée, mais ce dut être à la même date que celle de la Loire.

1745 (grêle) Néris “La veille de St Pierre la grêle fut terrible, elle tua du gros bétail. Les grêlons étaient gros comme des oeufs de poule; J’en vis trois, gros comme le poing; plusieurs m’ont dit en avoir vu gros comme des bouteilles. Plus de cent paroisses ont été éprouvées.

1746 mortalité du bétail ‑ Dans tout le centre de la France, sévit sur le bétail une épidémie meurtrière, dont les symptômes ne sont pas défini par les chroniqueurs. Les étables furent à peu près complètement dépeuplées. Voici pour le Bourbonnais trois notes entre cent.

Beaulon ‑ “La mortalité des bestiaux qui, depuis Cinq ans, a ravagé sans discontinuer de nombreuses provinces, a pénétré dans celle ci en cette année 1746. Elle diffère peu de celle de 1714, à l’exception qu’elle est plus universelle, plus rapide et plus meurtrière”.

Mesangy ‑ ” La susdite année 1742, tous les bestiaux sont morts, jusqu’ à ceux d’un mois, et il n’en est pas resté 8 pièces dans toute la paroisse, de plus de 600 qu’il y avait auparavant; tous les remèdes étaient inutiles”.

Cressanges ‑ ” La province du Bourbonnais a été désolée par la mortalité des bêtes à cornes n’en étant point ou peu resté”.

1747‑ Dans tout le centre de la France, il est noté des gelées excessives, de mauvaises récoltes et, en de nombreux points, ” la maladie des bêtes à cornes”.

Meillant (Berry) – grêle Le dimanche, dans l’octave du Saint Sa­crement, un orage épouvantable se déchaîna sur la paroisse; il tomba des grê­lons de la grosseur d’un oeuf de poule, toutes les récoltes furent détruites seule la marèche donna quelques produits. Il y eut une glandée abondante dans les bois qui n’avait pas ressenti l’orage”. ( Guyot, curé)

1748 (gelée) Neuvy ‑ ” Le 6 mars de cette année ci, toutes nos vignes gelèrent; ceux qui coupèrent leurs vignes eurent de la taille pour l’année suivante. Il y eut beaucoup de misère par suite de la cherté du grain ” (Jacquelot).

Mesonnais ‑ près le Châtelet en Berry‑ ” Dans le cours de cette année 1748 cette paroisse a été fort affligée par la mortalité presque générale de tous les bestiaux à cornes; on n’a pu trouver le remède pour leur guérison; on qualifiait cette maladie d’épidémique. (Haibert).

1749 (tremblement de terre) Néris. Un tremblement de terre ressenti à Néris fait surgir une nouvelle source d’eau minérale, et diminue la température des autres”.

Gelée, Morogues en Berry ‑ “La nuit du 14 au 15 de ce mois de mai jour de l’Ascension, il a tellement gelé que toutes les vignes ont été perdues et que le vin blanc, qui ne valait que 30 livres le tonneau, est venu à 92 livres”.

1750 (aurore) Noyant‑ “Le 3 février depuis les 6 heures du soir jusqu’à environ 11 heures, il apparut un grand feu du levant au couchant, dont la clarté rejaillissait du côté de bise seulement, le midi restant très obscur”.

Tué par la foudre en sonnant les cloches, Bressolles “Inhumation de Jean Denis, vigneron, tué hier entre 9 et 10 heures du soir par le tonnerre en sonnant à cause d’un violent orage”.

1751 (crue de l’Allier) ‑ A une date qui n’est pas indiquée ” l’eau pénétra dans tout le bas Allier qui fut inondé; elle causa de grands ravages dans les campagnes. C’est une des plus grandes crues depuis le commencement du siècle”. Il semble bien que les crues des cours d’eau furent générales en France cette année là en avril, mai.

1752 (crue de l’Allier) ‑ ” Le 6 novembre il est tombé beaucoup de pluie, ce qui n’était pas arrivé depuis septembre. Le jeudi 9 du même mois il a tonné et encore beaucoup plu; il y eut une forte crue de l’Allier”. (Journal d’un bourgeois de Moulins)

1753 (froid) Moulins‑ ” Le 14 janvier la rivière d’Allier a gelé à moitié, février, l’Allier déborda (Pluies gt crues) Moulins, le mercredi 15  Le temps était presque chaud; le 23 mars le tonnerre gronda avec accompagnement de fortes pluies; le 10 octobre il a plu toute la journée ; ce qui n’était pas arrivé depuis trois mois. (Pont Régemortes) ‑ Nous trouvons cette intéressante note du curé de Bressolles concernant l’édification du pont Régemortes‑ “Au mois de décembre 1753p M. de Régemortes, ingénieur du roy et intendant des turcies et levées; M. Desveaux, ingénieur; M. Colluel, aussy ingénieur du Roy pour le pont de Moulins en Bourbonnais, ont commencé à faire détruire toutes les maisons de l’ancien faubourg de la Magdeleine, appelé Chambon‑Coulombeau, pour commencer à jeter les premiers fondements d’un pont de pierre. Des démolitions des dites maisons on a bâti une chapelle dans les terres dépendant du domaine des Bretins, laquelle chapelle doit servir par la suite de presbytère pour le desservant de l’église, de la Magdeleine. L’on a aussi bâti des baraques et pavillons d’officiers pour loger les deux bataillons du régiment du Berry qui ont été les premiers à travailler aux ouvrages du susdit pont” (Landoys, curé)

Note curieuse qui n’a rien à faire avec la météorologie: Gennetines‑ ” Inhumation de Marguerite Bruneau, âgée de 80 ans, laquelle n’a jamais porté bas à ses pieds que le jour de son mariage”.

1754 (ouragan) Moulins ‑ “Grand ouragan le samedi 9 novembre qui abat plusieurs arbres auprès de la montagne (sic) qui est à l’entrée du cours de Bercy; il recommence la nuit et le lendemain et abat plusieurs autres arbres

” Note curieuse: Mandrin en Bourbonnais, Diou – “Dans le courant de l’année 1754 une troupe de contrebandiers, ayant pour chef le fameux Mandrin ravage le pays; ils en veulent surtout aux gardes, archers et fermiers généraux. Ils sont entrés de force à Sept-Fons, mais ils n’y ont point fait de mal. Il y a eu un choc à Brion, près d’Autun, où ils ont fait contribuer les commis ainsi que dans deux autres villes où ils sont passés, jusqu’à~Beaune. Les soldats qui les ont attaqués ont perdu beaucoup de monde, dont trois officiers’

1755 ‑ Année remarquable à plus d’un titre. Hiver très rigoureux; nombreux  orages à grêle pluies abondantes et débordements de tous les cours d’eau, et enfin épouvantable tremblement de terre de Lisbonne, Faisant plus de cent mille victimes et rasant de fond en comble la ville. Si ce séisme ne fut point ressenti en France il eut toutefois en Bourbonnais certaines conséquences curieuses, à Néris entre autres. “Le ler novembre, jour du fameux tremblement de terre de Lisbonne, on Éprouva ici un changement notable dans l’état des eaux minérales et thermales. Les eaux s’élevèrent . à une hauteur considérable, puis reprirent leur niveau; il se produisit une nouvelle source jaillissante, les fontaines du grand puits furent dérangées; l’eau Jaillit de la grosseur d’un tonneau à trois pieds de hauteur. L’on entendit des craquements effroyables; les bains des pauvres furent encombrés de sable et de pierres”. Et le chroniqueur ajoute: “W~ris est le point de la France le plus sensible à cette catastrophe”.

1755 Moulins ‑ “L’hiver fut très rude; la nuit du 5 février fut la plus rigoureuse et fut la plus grande gelée de l’année. Trois arcades du pont étaient bouchées: quatre des moulins au dessous ont été détruits. Les arbres se fendirent comme op 1709 . Le 28 novembre à 8 heures du soir, la neige tomba abondamment, malgré le tonnerre et les éclairs qui se faisaient en même temps. Le 1er décembre, la rivière d’Allier a débordé et atteint les murs de l’hôpital général” (Arch. municipales). Diou  “Les grêles et tonnerres, ouragans et débordements ont été très fréquents cette année et ont occasionné de grands dommages à cette paroisse. Au ler décembre, la rivière de Loire et autres petites rivières qui traversent cette paroisse sont tellement débordées que l’eau est entrée dans la plupart des maisons qui voisinent ces rivières., Depuis environ 20 ans il n’y avait point eu pareille crue. Cela a fait brèche à bien des ponts et englouti bien des gens.

1756 (grêle) Morogues‑en‑Berry ‑ “En la présente année, la récolte a été peu abondante à cause des grêles qui sont tombées à différentes fois. Ces accidents ont absolument gâté les vignes: à peine s’est il amassé trente pièces de vin dans la paroisse, lequel vin n’avait aucune qualité; le blé rendait à peine deux boisseaux le nombre (?) . Le vin blanc a valu 72 livres le tonneau “. (Thoret)

1757 (crue de l’Allier) Moulins ‑ “La nuit du 30 au 31 mai a commencé, une pluie qui a continué jour et nuit jusqu’au samedi 4 juin. Elle a occasionné une crue si forte qu’elle a emporté une partie de l’isle; elle est venue jusqu’à la croisée du cours de Bercy” (Journal d’un bourgeois de Mou1ins)

1758 (gelée et pluie) St‑Médard‑en‑Forez ‑ “Let gelée funeste du mois de may a fait augmenter le bled et le vin et la pluie continuelle pendant le mois de juillet a donné bien de la peine pour lever la récolte des grains. Elle a fait encore plus de mal sur le raisin que la gelée en ce qu’elle les a fait couler de façon qu’on peut dire qu’un n’a point fait de récolte dans le Lyonnais, ny ailleurs, que le vin a valu jusqu’à 40 livres, le seigle 45 sols, le froment 55 sols à 3 livres, pour l’avoine, 12 sols. On espère qu’il viendra du vin du Languedoc, où il se trouve abondant”. (Léonard)

1759 ‑L’année a été remarquablement bonne dans notre province, en grains et en vin. (No‑tes diverses)

1760 (sécheresse) Cusset‑ “Le 6 octobre, il se fit heureusement grandes pluies après 5 mois de grande sécheresse; il n’avait pas plu depuis le 14 may. ” Choléra, Meillard ‑ “Le 25 septembre, inhumation de Michel Billour, âgé de 19 ans, décédé de “choléra morbus”.

1761 (rapport de l’intendant de Moulins sur les récoltes de l’année) “Les seigles qui sont la principale récolte de la généralité de Moulins ont été endommagés par la grande sécheresse et ne produiront que le tiers d’une année commune; le gland ne produire que la moitié. Les froments produiront une assez bonne récolte; les foins , par rapport à la grande sécheresse, ne produiront que le tiers. Les avoines et menus grains, assez bonne récol­te. Les vignes promettaient beaucoup, mais ont été très endommagées par la sécheresse. Les fruits de hautes branches ont manqué totalement (si ce n’est quelques noix). Le commerce des bestiaux est totalement tombé. La grêle du mois de juillet a endommagé trente deux des meilleures paroisses de la géné­ralité de Moulins”.

1762 (été très chaud). Rapport de l’intendant de Moulins ‑ “Les bleds de mars ont manqué en totalité par les chaleurs excessives et sécheresse de juin et juillet. Les fruits de hautes branches qui promettaient beaucoup , se sont trouvés pour la plupart gâtés, et cet évènement, joint aux vents , en ont jeté la moitié par terre avant leur maturité; la glandée a manqué totalement. Quinze paroisses de l’élection de Moulins ont perdu par la grêle le tiers de leur récolte, et il est arrivé huit incendies considérables, tant par le feu du ciel qu’autrement.

1763 (grêle en Berry) Mery‑sur‑Cher ‑ “Le 15 avril, environ les trois heures après midi est survenu un orage furieux: la grêle était grosse comme des oeufs de pigeon; il y en avait de grosse comme des oeufs de poule; il y en avait un pied et plus d’épais: il y a eu en cette province 20 paroisses de maltraitées le même jour”. (Cette grêle a de même saccagé toute la région de Tronçais).

1764 ‑ Année très sèche, suivant le journal d’un bourgeois de Moulins. Foudroiement, Marmagne‑en‑Berry ‑”Le 28 juin, inhumation de Jeanne Taccenat, tuée la veille d’un coup foudre avec 40 brebis”. (Dupérin)

1765 ‑Hiver 1764‑65 anormalement doux: on ne pourra en dire autant du suivant.

Gannay‑sur‑Loire ‑ “Il n’a passé dans le mois de janvier 1765 ny neige ny gelée; on semblait être au mois d’avril”.,

Automne anormalement doux., “Environ la mi octobre, on a vendu à Moulins des cerises et on a vu en bien des endroits des arbres fleuris et dans la paroisse de Neuvy, au domaine des Jaquets des secondes pommes d’un arbre dans la même année, de la grosseur d’un petit oeuf. On en voyait aussi dans les vergers de Bressolles à cause de la grande chaleur qui s’est prolongée tard.

Crue ‑ “Crue de l’Allier le 22 juin de 13 pieds, aussi considérable que celle de 1733″ (Moulins).” Ce 23 juin la rivière d’Allier a inondé tous les chambonnages de cette paroisse” (Avermes). “Le 22 juin est arrivée unecrue qui a été très considérable. Elle a ravagé toute la vallée; les orges ont‑ été perdues”. (Neuvy)

Diou ‑ “Les inondations presque continuelles qui ont été si fréquente cette année ont causé aux riverains des rivières du Bourbonnais de grands dommages et cette paroisse qui est bordée de trois rivières, savoir: Roudon, Besbre et:Loire, a souffert considérablement”. (Demèche)

Hiver 1765‑66 ‑ Il y eut au XVIII ème siècle trois hivers particulièrement rigoureux‑ 1709, 1765 et l789. On n’a pas d’indication exacte des températures, en ce qui concerne 1709, les thermomètres Réaumur n’existant pas encore.

Il n’en est pas de même,pour les deux autres hivers. Le Docteur Desbret de Cusset note un minima de –21° Réaumur, soit environ –26° centigrades. De très nombreuses chroniques sont entre nos mains; nous ne ferons état que des plus suggestives.

Gannay‑sur‑Loire‑ “Le froid a commencé le 25 décembre 1765: La Loire était le ler janvier 1766: le 3 on a commencé de la passer à pont de glace . Plusieurs puits ont gelé; la plupart des animaux ont péri; les chênes se sont fendus par la moitié Le 2 février il est tombé de la neige en abondance; le 9 février, il a fait un froid aussi dur qu’au début; le dégel est arrivé le 15 février”. (Cornu)

Courçais ‑”On vît Cet hiver de la glace de 37 pouces; les poissons ont gelé dans les petits étangs”.

Cusset ‑ “Le grand froid dura sans relâche depuis le 20 décembre jusqu’au 13 février: sans la prodigieuse couche de neige qui recouvrait le sol aucun fruit de la terre n’aurait échappé à la rigueur du froid. Cependant la vigne et les arbres ont beaucoup souffert;. de nombreux chênes ont éclaté. La rivière d’Allier, dont le cours est pourtant rapide, fut entièrement prise du ler janvier au 16 février: les chevaux et les voitures la passaient à pont de glace. Le froid dépasse de deux degrés celui de 1709. J’attribue la persistance du froid sur notre région à la proximité des montagnes d’Au­vergne et du Forez. Nous avons eu une grande disette de pain; la mesure de froment, qui pèse 40 livres se vend 3 livres .15,sols; celle de, seigle, 3 li­vres 6 sols; les haricots,.et l’orge valent 54 sols la même mesure. A Lille et dans les Pays‑Bas on affirme que le froid est‑ moins rigoureux qu’ici; c’est au physicien à expliquer ces différences de températures en faveur de pays qui sont cependant plus au nord que le Bourbonnais” (Docteur Desbres journal de médecine de Paris).

Les notes que nous avons eu en notre possession indiquent cependant que l’hiver 1765‑66 fut rude sur toute l’étendue du territoire, mais plus particulièrement dans le Centre etl’Est. Nos voisins Berrichons ne furent pas épargnés.

La Châtre ‑ “En la présente année, l’hiver a été si rude et si long que de nombreux arbres se sont fendus, surtout les châtaigniers. Il y a eu peu de bled, de foin et de vin; la dysenterie et les fièvres ont fait périr beaucoup de monde, Dans les paroisses voisines, la mortalité a détruit quantité de bêtes à laine”.

1767 ‑ L’hiver 1766‑67 fut presque aussi rigoureux que le précédent: en l’absence de notations thermiques, il demeure le fait que les grands cours d’eau furent totalement pris par les glaces.

Gannay‑sur‑Loire ‑ “Il a fait le 8 janvier un froid des plus violents; l’hiver a commencé le 20 décembre; la Loire s’est prise; on l’a passée à pont de glace la veille des Roys et la débâcle est venue le dimanche après qui a fait les plus grands ravages”. Cornu)

Pour comble de malheur, il y eut des gelées de printemps meurtrières: Louroux‑Hodement ‑ “Le printemps a été beau, mais tout gela dès les premiers jours d’avril sa£ le bled. Le 6 mai, il gela encore très fort. Le vin a valu 15 sols la quête  (?). Les arbres à fruits ont gelé, il ne reste rien. Le bled vaut 25 livres, le septier et la livre d’huile 14 sols. Je fais quatre enterrements par jour; Montluçon a de plus, la petite vérole, ainsi que Bourges et St‑Amand. Tout le monde est malade”.

L’hiver 1767‑68 fut encore extrêmement rigoureux; on se trouvait décidément en un cycle d’hivers froids, comme il s’en est trouvé dans tous les siècles. Les froids commencèrent de bonne heure. En novembre, le curé de Marçais‑en‑Berry note ” que jamais tant de neige n’est tombée à pareille époque .

La Châtre ‑ “Les neiges tombèrent avec tant d’abondance dans la nuit du 25 au 26 décembre et le jour suivant qu’elles furent sur la terre communément de la hauteur de plus de trois pieds: la gelée qui suivit les premiers jours de 1768 a été si forte que le vin a gelé dans les caves même voûtées et le pain dans les buffets placés dans les chambres où l’on faisait un fort gros feu”.

La Touraine, au climat cependant clément, ne fut pas épargnée:

Thilouze ‑ “Cette année 1767 a été sans égale: il y a eu des gresles horribles qui ont ravagé plus de 80 paroisses: les froids ont estés excessifs on n’a cueilli ni vin ny fruits et il n’y a point d’homme sur terre qui ait vu semblable disette”. (Bastard)

1768‑ Après un hiver très rude, l’année 1768 fut extrêmement pluvieuse.

Bourbon‑l’Archambault ‑ “Demandes de prières publiques pour la cessation des pluies qui endommagent les fruits de la terre”. (24 juin)

Bourgueil‑en‑Touraine ‑ “De l’aveu des vieillards on n’a jamais vu d’année si constamment pluvieuse que l’a été celle ci : à peine a t on pu dérober à la pluie une partie des moissons, ce qui est cause que le bled est très cher; on a défendu l’exportation des bleds vers les pays étrangers; le vin, très mauvais, s’est vendu jusqu’à 200 livres. Les pluies n’ont cesse qu’à la mi‑avril de l’année suivante”.

Il y eut naturellement de nombreuses crues: à Moulins, “le 13 octobre l’Allier parvient au numciro 11 et demy d’amont, donnant 19 pieds d’eau”.

Gannay‑sur‑Loire ‑ Le 27 décembre se fit un grand débordement de la Loire; c’est une malheureuse année: le temps trop pluvieux, n’a permis d’amasser qu’une très petite moisson”.

1769‑ Hiver clément. Les récoltes furent assez bonnes dans notre région.

Neuvy ‑ “La récolte en bled a esté passablement bonne; froment 40 sols; seigle 28 ;. orge, 20;,avoine, 7. Le vin rouge 100 livres le tonneau le blanc, 80 livres”.

Le curé de Saint‑Gérand‑de‑Vaud Delafoulhouse, qui commence cette année là de prendre d’intéressantes notes, écrit: Depuis 1753, il n’y a point eu de mois de juin si froid ni de mois de novembre si chaud. Je n’ai jamais vu le baromètre se soutenir à une si grande hauteur en décembre: l’hiver 69 à 7.0 a été le plus doux que nous ayons eu depuis 18 ans.’

1770 (mauvaise récolte et misère) Gannay‑sur‑Loire ‑ “Il a fait un temps détestable au printemps. Cette année est des plus malheureuses; on est partout à la famine: le bled vaut 3 livres dans ma paroisse, ce qu’on n’a pas vu depuis 1709; la misère est au suprême degré; malgré cela, on a obtenu de la charité de plusieurs de mes paroissiens, 600 livres de pain et 24 livres d’argent pour distribuer aux pauvres”.

Château‑sur‑Allier ‑ ” Grande cherté des bleds qui ont valu 4 livres et 15 sols le boisseau, quoi qu’il y eut des greniers qui en fussent pleins”. (Simonet)

Neuvy ‑ “Cette présente année a été très mauvaise; le seigle a valu 3 livres le boisseau; le froment, 3 livres 10 sols; l’avoine, 18 A 20 sols. il n’y eut presque point de vin; la grêle du 3: septembre a tout détruit dans ‘la:paroisse; le vin a va l lu 100 livre ‘ s le poinçon”.

Même son de cloche à Mornay‑sur‑Allier‑ ” Cette année 1770 s’est rendue malheureusement fameuse par l’excessive cherté des denrées. Dès son commencement le bled‑seigle valait 4 livres 15 sols le boisseau; au printemps il a augmenté prodigieusement. Le retard de la moisson et le peu d’espérance qu’elle donnait l’on fait monter à 12 livres. Lé pain valait 5 sols et n’en avait pas qui voulait. La vendange a ressemblé à la moisson; le vin vaut 70 livres le poinçon et, n’est pas excellent; on n’a vendangé qu’après la foire aux Mêles, Le Dauphin Louis Auguste ‘est marié ce mois de mai” (Berthier)

1771 ‑ Encore une très mauvaise année pour les pauvres gens. Hiver très froid, printemps et été trop pluvieux, mauvaises récoltes, cherté des grains, grande mortalité.

Beaulon‑ l’hiver fut presque aussi dur qu’en 1709. Il y a nombre de malades: nous portâmes hier le Saint Viatique à 11 personnes; il en meurt tous les jours”. (De la Gorce)

Chareil‑Cintrat ‑ Cette année 1771 a été pour les pauvres la plus mau­vaise qu’on aie vue depuis . s plus de cinquante ans. il ne s’est amassé que peu de bled qui . s’est vendu jusqu’à 3 livres 10 sols le boisseau; presque pas de vin et pas un fruit”.

Roccles ‑ “En ce mois de juin le bled a valu 3 livres 10 sols le boisseau, mesure Moulins; pesant 20 livres. Il y a bien des misérables. les pauvres sont sans nombre; la cherté est occasionnée, dit‑on par les transports de grain hors du royaume”.

Gannay‑ ” La pluie a été très abondante cette année “deux fois la Loire a inondé le pays”.

Relatons une petite note d’histoire locale; l’attaque de Sept‑Fons par une bande de “gangsters” de l’époque: “Dans le courant de mai 1771 il s’est attroupé plus de 30 hommes qui se sont introduits dans l’Abbaye Royale de Sept‑Fons sis en cette paroisse de Diou, et l’on mise à contribution. Ils y sont entrés sur environ les 7 heures du soir et en sont sortis environ sur les 11 heures. Il y en a un qui s’est tué par ses propres armes et ce qui est bien surprenant, c’est qu’ils n’y ont causé aucun dommage mais ils ont fait donner plus de 20 000 livres. On les a fait poursuivre par plusieurs brigades de cavaliers, la maréchaus­sée et une partie du régiment de la reine; cavalerie qui pour lors était en garnison à Moulins, sans pouvoir en découvrir aucun”. ( Demiché)

1772 –Après un hiver doux, le printemps fut très froid avec de la neige pour Paques. Tout compte fait, “l’année n’a été ni bonne ni mauvaise; Le bled a valu sur la fin de l’année 3 livres 4 sols pour le froment, 30 sols pour le seigle, 24 sols l’orge et 20 sols l’avoine”. (Neuvy)

Chirat‑l’Eglise‑” Pâques étant le 20 avril, il tomba un demi pied de neige; il gela durant 3 jours les bleds étant prêts à fleurir; il n’y eut point de vin. Les 7, 8 et 9 mai il tomba encore beaucoup de neige sur une gelée très forte”. (épidémie) Gennetines Le flux de sang (1), maladie épidémique a enlevé beaucoup de monde dans cette paroisse et n’a cessé qu’avec les froids”.

1773 ‑ Nous ne possédons pour cette année que peu de notes Bourbonnaises, l’auteur de l’une d’elle (St Pourçain) s’exprime ainsi:” Cette année 1773 a été des plus heureuses pour la fenaison et la moisson, ce qui n’a empêché que le bled ne fut encore fort cher; Les vignes produisirent une quantité prodigieuse de raisin; mais dans le temps de la fleur, trois semaines de pluie causèrent grand préjudice. L’été fut de toute beauté et le temps continua à être chaud, jusqu’aux derniers jours d’octobre, auxquels l’  hiver commença par du tonnerre . Il a été constamment pluvieux et favorable aux pauvres et aux frileux, n’y ayant eu que 10 ou 12 jours de gelée très modérée au mois de janvier suivant”.

1774 ‑ Mauvaises récoltes dans notre région; nombreux orages à grêle le dans tout le Centre et enfin début d’hiver rigoureux.

Beaulon ‑” La récolte des bleds a été. cette année très mauvaise. La grêle a beaucoup maltraité les paroisses voisines et celles qui ont été épargnées n’ont pour ainsi dire rien ramassé. Le bled sur la fin de l’année a valu 40 sols le boisseau”.

Gannay‑sur‑Loire ‑”Le ler jour de mai il est tombé dans ma paroisse une grêle que, de mémoire d’homme, on n’avait vu la pareille; elle a détruit presque toute la récolte. Le 24 novembre il est tombé de la neige considérablement: il a fait un froid des plus violents”. (Cornu)

Chirat‑l’Eglise ‑” Le froid a été en décembre particulièrement vif; La neige est tombée si abondamment que l’on retira au dégel plusieurs personnes ensevelies dans les champs ou sur les grands chemins”.

Et voici une curieuse note du curé de Gennetines: ” Plantation dans le jardin de la cure d’un cèdre de Virginie donné au curé par l’abbé de Cély vicaire général de Moulins, et dont le bois se vend, dit‑on, 12 sols la liv­re pour les ouvrages de menuisier”. (Adam) Il serait intéressant de savoir ce que devint cet arbre.

1776 ‑ Encore un très rude hiver, que d’aucuns comparent encore à 1709. bien qu’ilfut loin d’en égaler les rigueurs.

Moulins ‑ “En janvier, le froid a sévi avec force; il y avait dans la ville deux pouces de neige (80 centimètres)! Le thermomètre a faibli Jusqu’à 15°1 (Réaumur). Bien que moins long que l’hiver de 1709, on rapproche cet hiver de celui-ci; l’eau a gelé en quelques puits”.

Gannay‑sur‑Loire ‑ “Le 17 janvier, la neige est tombée et le froid s’est pris vigoureusement. La débâcle des glaces n’a point fait de dégâts à Gannay, mais beaucoup ailleurs. On dit communément que les grands froids succèdent le plus souvent aux années sèches” (Opinion absolument erronée).

Grêle, Moulins‑ “Affreuse grêle en août 1776, qui ravagea une grande partie des environs de Moulins, principalement Souvigny où le dommage a été évalué à la somme de cent mille livres. Toutes les vitres et les tuiles ont été cassées; on assure qu’il y avait des morceaux de glace pesant 5 à 6 livres : il y eut beaucoup de personnes maltraitées. L’église de Souvigny fut endommagés de plus de dix mille livres. Tous les arbres, même les plus gros, furent brisés, les vignes ruinées; la tuile qui ne valait que huit livres le mille fut portée après cet accident à dix‑huit”.

Confirmation de ce fait par le curé de Souvigny: “Le 17 août, la paroisse  a été complètement ruinée du fait de la grêle qui était effrayante à voir tomber; l’on ne voyait même plus les vignes, les arbres ont été arrachés tout a disparu, haché,  enfoui dans la terre par l’effet de la grêle”

Fait curieux, Neuvy fut épargné: “Récolte passable pour le bled, qui a valu, le froment 30 sols, le seigle 19 sols, l’orge 14 sols, l’avoine 13 sols. Il ne s’en est presque point amassé, ayant eu une sécheresse qui a duré de février à septembre. Il s’est amassé beaucoup de vin en cette paroisse et nous n’avons pas été frappés par une grêle qui a désolé le voisinage ; elle était extrêmement grosse et a détruit des maisons à Souvigny, Bressolles et Toulon”.

Ajoutons ces deux notes curieuses du curé de Tronget:” La défense d’inhumer dans les églises fut faite en 1776; elle est sage, mais contraire aux revenus des fabriques. On a toujours observé qu’il y a plus de baptêmes au carême qu’en tout autre temps”.

1777 ‑ Année assez bonne après un hiver rude. Le printemps semble cependant avoir été très sec et nous trouvons dans le ” Journal d’un bourgeois de Moulins” cette, note du 22 mai”. Mandement de l’évêque d’Autun prescrivant les prières publiques et une procession générale pour obtenir un temps plus favorable aux biens de la terre”. Les seuls accidents météorologiques à signaler sont: plusieurs secousses de tremblement de terre dans la région de Néris une très forte gelée dans la nuit du 3 au 4 septembre dans la région de Saint‑Pourçain, et une crue de l’Allier en août “allant au numéro 6 1/2.”

La sécheresse de l’été fut plus grande en diverses provinces qu’en Bourbonnais. A Nérondes, en Berry, “l’été et l’automne ont été d’une étonnante sécheresse qui a fait manquer d’eau les moulins jusqu’au cœur même de l’hiver, achevé de détruire les fruits, le jardinage, les menus grains et les vignes, dont la récolte a été peut-être la plus médiocre qui soit arrivée depuis près de deux cent ans. Le vin vieux a valu par une suite naturelle de cet évènement jusqu’à 25 pistoles et plus à Sancerre. Les bleds‑ froments n’ont presque produit que de la paille”. (Bailly)

1778 ‑ (sécheresse) Saint‑Bonnais‑Tronçais‑ “Cette année depuis le ler juillet jusqu’au 1er octobre, il n’a point plu et s’est fait une sécheresse extraordinaire, qui a brûlé les herbes et fait un tort considérable aux vignes. Le vin a valu aux vendanges 150 livres”. (Hérault)

Mornay‑sur‑Ailier‑ “Il n’est presque point tombé de pluie cet été: la récolte a beaucoup souffert; une partie du raisin, surtout du blanc , a été grillée; le noir s’est mieux soutenu; il y a encore moitié vin. Après cette sécheresse dont on ne se souvient pas d’avoir vu semblable, des pluies continuelles ont causé des ravages terribles dans quelques provinces surtout en Lorraine”. (Berthier)

1779 ‑ Voici enfin une année satisfaisante à tous égards.

Saint‑Bonnet‑Tronçais ‑”Cette année a été bonne pour tout, il s’est amassé beaucoup de bled, et surtout de menus grains, mais peu de paille; beaucoup de vin, de fruits, de chanvre, pois chènevis et noix. Il n’y a que les glands et châtaignes qui ont manqué. Le bled, qui valait au début de l’année 3 livres 12 sols, vaut à cette fin d’année 3 livres. De 100 livres, le vin est tombé à 50 livres” (Hérault).

Même note optimiste pour Neuvy: “Cette présente année a été bonne en bled. Quoique la gelée ait gâté nos vignes, le vin n’a valu que 24 livres le blanc et 32 livres le rouge; j’ai fait environ 20 poinçons de vin”. On signale cependant, cette année là quelques épidémies assez meurtrières.

Lêré‑en‑Berry‑ “Cette année, il a régné en cette paroisse une épidémie: c’était le “flux de sang” occasionné paf’ les brouillards pestilentiels qui ont occupé l’air au mois d’août, ce qui a donné, des chenilles en très nombreuses quantités et enlevé 50 personnes en cette paroisse”. On ne voit pas bien quelle relation il peut y avoir entre le brouillard, les épidémies et les chenilles.

1780 ‑ Eté très sec; néanmoins, récoltes assez bonnes. La terre tremble à nouveau dans la région prédestinée de Néris. “Le jeudi 6 février à 7 heures du soir, il y eut un tremblement de terre; le 6 décembre, il se fit du tonnerre qui se renouvela le 13 à la suite de la neige. La veille de Noël, il y eut encore éclairs et tonnerre”.

Plusieurs personnes tuées par la foudre cette année dont naturellement un sonneur de cloches. Saint‑Aubin‑le‑Montal ‑”Sépulture de Gilbert Sarrassat, trouvé hier, mort dans le clocher, ledit Sarrassat étouffé subitement par la vapeur du tonnerre (sic)”. (Batissier, curé).

1781 ‑ Marquons cette année d’une pierre blanche; temps propice aux cultures et récoltes partout très satisfaisantes. Jusqu’a la Révolution , nous n’en pourrons plus jamais dire autant; plusieurs années de mauvaises récoltes se succéderont qui aboutiront à l’épouvantable hiver de 1788‑89, à la disette des grains, au renchérissement général des denrées, et par voie de conséquence au mécontentement des populations. Certes, cet ensemble de faits n’est pas à l’origine de la tourmente révolutionnaire, mais peut-on prétendre qu’il ne l’accéléra pas? Quand le râtelier est vide, les chevaux se battent. Revenons à l’an de grâce 1781.

Saint‑Bonnet‑Tronçais ‑”Cette année a été excellente et très abondante en tout généralement, surtout en vin qui ne valait que 12 livres la javelée (?) en vendange. On ne savait où le loger et sur l’année suivante il ne valait que 24 livres le tonneau. Le bled n’était pas très abondant en paille, mais rendait beaucoup”. (Hérault).

L’abondance de la récolte en vin fut générale.

Mornay‑sur‑Allier ‑ ” Cette année la récolte de vin a été prodigieuse Les vaisseaux ont été hors de prix, le vin a très bien marché et dans mon enclos, qui renferme huit oeuvres. J’ai fait vingt-deux pièces de vin”. (Berthier)

Il en fut de même dans le vignoble réputé du Sancerrois: ” Malgré la sécheresse les vignes ne souffrirent point ; sur la fin d’août il tomba une pluie bienfaisante qui les avança, de sorte qu’on pouvait vendanger dès le 7 septembre. Jusqu’au 14 janvier suivant il fit beau et doux; à Noël même un ne faisait du feu que pour préparer les repas”. (Renaudin)

1782 ‑ Voici le début des vaches maigres.

Saint‑Bonnet‑Tronçais ‑”Cette année a été très mauvaise peut tout .Il n’y a pas eu de glands, ce qui fait que le commerce des cochons n’a pu se faire; presque point de foin, noix et chènevis. La pauvreté a été très excessive depuis l’hiver de cette année jusqu’à la moisson de 1783. Les gens (le la campagne ont presque tous demandé l’aumône. A cause de la rareté de l’ argent, le bled n’a pas passé 6 livres depuis l’entrée de l’hiver jusqu’à Paques 1783. Le vin valait communément 36 livres. La marchaise (?) pour semer valut 5 livres 10 sols l’huile de noix 14 s(ils” (Hérault).

Ménetou‑Ratel (Berry) ‑ “Cette année a été très sèche. On a recueilli peu de menus grains; les gros blés avaient presque tous gelé au printemps.

On a vendangé un mois plus tard que l’année dernière; on vendangeait encore à la Toussaint; j’ay fait un tiers de vin de moins que l’année dernière” (Renaudin)

(Aurore) Néris ‑ ” La nuit du 28 au 29 juin parut, environ viron les 9 heures du soir, une lumière considérable qui me’ parut d’abord zodiacale; elle se changea à 10 heures, en aurore boréale fixe, de l’occident au midi, dont la base était blanc de neige; elle dura jusqu’à minuit, d’un rouge de sang qui éclaircit à pouvoir lire”.

1783 ‑ Nous nous arrêterons assez longuement sur cette année qui présenta non seulement pour la France, mais pour l’univers entier, un caractère particulier. De mars à septembre, d’épais brouillards, répandus dans l’atmosphère  l’assombrirent au point d’intercepter, des jours et des semaines, les rayons solaires. Citons tout d’abord les notes de nos annalistes régionaux, puis nous donnerons du phénomène l’explication scientifique.

Moulins ‑ “On a observé à Moulins et dans les campagnes des brouillards journaliers secs et très épais qui obscurcissaient l’air chaque jours jusqu’en juillet, sans discontinuer d’un seul jour”.

Voici de Néris, une note intéressante: “Durant l’été, au lever du soleil, s’élevait une vapeur extrêmement épaisse et semblable à celle des jours d’hiver: on pouvait fixer le soleil qui était couleur de sang et très attristant. On a lancé un cerf-volant à une grande hauteur et on l’a ramené recouvert d’une infinité de petits insectes noirs (ce n’étaient pas des insectes comme nous le verrons plus loin) qui ont paru renfermer une humeur venimeuse et malfaisante pour les plantes” (?)

Une longue note de Delafoulhouze, curé de Saint‑Gérand‑de‑Vaux, a le mérite de donner une explication qui n’est cependant pas la bonne. “L’année 1783 a été assez abondante en bled et en vin, malgré les brouillards qui ont régné pendant plus de trois mois, savoir: juin juillet et août répandus dans toute l’Europe. Les savants les attribuent au terrible tremblement de terre qui s’est fait sentir dans la Calabre et à Messine. La première secousse eut lieu le 5 février, à midi et demi; ce fut la plus terrible de toutes et dura 2 minutes ; la seconde, presque aussi forte à sept heures du soir. La troisième, le vendredi suivant, acheva de renverser la ville; on en a compté ensuite 25 ou 30 autres plus ou moins fortes. Le contre‑coup s’est fait sentir à Naples.

Mérietou‑Ratel (Berry)‑ Les vignes promettaient beaucoup au mois de may, mais dans ce temps commencèrent à régner d’épais brouillards qui durèrent trois mois au moins. Les plus âgés disaient n’avoir jamais rien vu de pareil, ce qui a été cause que les vendanges ont été bien moins abondantes qu’on l’espérait

Même conclusion d’un vigneron de Reims: “En juin et juillet, froid et pluies funestes à la vigne. Tous les matins le soleil avait peine à dissiper les brouillards”.

Le “Mémorial de Chronologie”, publié en 1829, signale:

1 “En 1782 catastrophe de l’île‑ de Formose: un horrible ouragan, qui dura douze heures, fut accompagné de secousses souterraines; l’Ille fut couverte par les eaux, un million d’individus périrent”. Il ne semble pas qu’il y ait relation de cause à effet entre les deux ordres de phénomènes.

2 Le tremblement de terre de Messine et de Calabre du mois de février là encore, malgré l’ampleur du cataclysme, on ne voit pas très bien comment un séisme pourrait provoquer des brouillards sur une grande partie du globe.

3 Enfin l’éruption de l’Hécla le grand volcan de l’Islande. Nous trouvons dans le même ouvrage   “En 1783 une éruption de ce volcan fut accompagnée des circonstances les plus désastreuses et les plus singulières: la montagne vomit une quantité prodigieuse de souffre, de sable, de cendres brûlantes et jeta aussi une substance noire, grasse, semblable 4 de la noix fondue, s’élevant à une très grande hauteur. Tout le pays fut couvert d’une épaisse et de nuages de poussières interceptant les rayons du soleil”

Il ne fait aucun doute que les brouillards de 1783 en France et dans toute l’Europe provenaient des matières gazeuses et solides projetées dans la stra­tosphère par le volcan islandais.

1784‑ Janvier et février, novembre et décembre furent très froids et neigeux, le reste de l’année extrêmement sec. Peu de grain et peu de foin . Enfin épidémie généralisée, dont on ne donne pas le nom, mais qui semble bien être une sorte de grippe maligne.

Buxières‑la‑Grue ‑”En cette année nous avons eu au commencement deux mois de neige, ensuite une sécheresse continuelle, en sorte que tous les étangs, les sources, les ruisseaux et la plupart des puits étaient taris et que l’on ne pouvait moudre qu’à bras. Les deux derniers mois de l’année se sont terminés aussi par des neiges et des froids les plus rigoureux. Il a régné dans cette paroisse et dans les environs une maladie qui tenait de la “fluxion” de poitrine et une autre qui attaquait le cou et ressemblait à l’esquinancle. Toutes les deux faisaient périr en deux ou trois jours, et ja­mais plus, ceux qui en étaient atteints. Il y eut cette année 125 décès contre 81 naissances”

Dans l’Est, l’hiver fut extrêmement rigoureux. L’extrait des délibérations du “Conseil de Ville” de Vezelize porte, au 15 février: “Il est décidé de faire un appel extraordinaire aux personnes aisées en raison de la cherté des vivres et de la rigueur de la saison, notamment de la neige qui couvre le sol, empêche les communications et met les journaliers hors d’état de gagner leur vie par leur travail”.

1785 ‑Hiver 1784‑85 très long, rigoureux et neigeux. Année sèche, récoltes en grains passables, mais peu de foin.

1786 ‑ St‑Gérand‑de‑Vaux ‑”L’hiver 1786 sera longtemps regardé à cause de sa longue durée et l’énorme quantité de neige qui a recouvert la terre pendant plusieurs mois, bouché les chemins, fait souffrir de froid et de faim un grand nombre de pauvres qui ne pouvaient se procurer du bois de chauffage. La veille du dimanche de la Passion, 13 mars, il tomba plus de quatre pieds de neige; il en tomba autant la nuit du dimanche des Rameaux; la terre en a été recouverte pendant plus d’un mois. Nous avons eu cette année une si grande quantité de vin qu’on ne pouvait trouver assez de vaisseaux pour Te mettre”. (Delafoulhouse)

Mornay‑sur‑Allier ‑ “Cette année a été fameuse par l’excessive cherté du fourrage. Le foin s’est vendu dans l’été depuis trente jusqu’à quarante écus le millier. Cette disette a été occasionnée par le froid et le défaut de pluie. La récolte de vin a été au dessus de toute espérance”.

1787 ‑ Année très humide; cette fois il y a du foin, mais peu de grain.

Ménetou‑Râtel, Berry ‑”Le printemps a été très humide; on a eu peine à faire les menus grains. Le beau temps n’a commencé qu’à la Saint‑Pierre, et dans ce temps, les raisins n’étaient pas encore en fleur. On a peu vendangé; depuis les vendanges, il n’a pas cessé de pleuvoir jusqu’à Noël de façon que plusieurs laboureurs n’ont pu semer”.

Buxières‑la‑Grue ‑”L’année a commencé par un hiver rigoureux; ensuite, il y a eu des pluies fréquentes, qui ont procuré beaucoup de foin; les vins n’ont pas eu de qualité”.

St‑Gérand‑de‑Vaux‑ “Les neiges n’ont fondu que tard au printemps et produit de grandes inondations. Les vapeurs condensées ont produit en été des orages subits et les pluies extraordinaires que nous avons eues dans l’  octave de la Fête Dieu. Il y a eu assez de fruits, mais les vents impétueux les ont abattus en partie. La récolte a été médiocre; assez de vin, mais qui n’est pas des meilleurs; il a commencé à geler le 20 octobre”(Delafoulhouse)

Paratonnerre ‑Première mention d’un paratonnerre posé sur le clocher de l’église de Bressolles “selon toutes les règles de la prudence”.

1788 ‑ Urie des plus mauvaises année du siècle. Tout d’abord, mauvaises conditions des semailles dans l’automne de .1.787, sécheresse désastreuse au printemps et en été, et enfin un hiver dont les rigueurs égalent celui, mé­morable de 1709. Nous ferons une mention spéciale pour l’hiver 1788‑89.Voi­ci les notes les plus suggestives sur le temps et les récoltes jusqu’à l’au­tomne:

Désertines ‑”Cette année est remarquable par sa grande sécheresse, qui a procuré une grande disette de foin et du grain de mauvaise qualité; vin abondant, mais de petite qualité”.

Buxières‑la‑Grue “Il nu s’est amassé qu’un tiers de blé d’une année commune; il s’est vendu jusqu’à trois livres , le boisseau, mesure Bourbon”.

Beaulon ‑”Les semailles se sont si mal faites l’année dernière que la récolte n’a rien valu. Le bled a été très cher cette année, depuis la moisson jusqu’à l’année 1789; il augmentait tous les jours et se vendait pour Noël 46 sols le boisseau”.

Mornay‑sur‑Allier ‑ “Cette année le bled‑seigle a monté jusqu’à six livres et 10 sols le boisseau”.

Issoudun ” Cette année, le printemps a été sec, l’été chaud et sec le reste tellement sec qu’il n’est pas tombé une seule goutte d’eau depuis le 20 septembre jusqu’à la fin de janvier 1789, ce qui a empêché les se mailles dans plusieurs terres et a considérablement renchéri les grains. Le bled a valu 2 livres 6 sols; il n’a pas été abondant dans toute l’Europe.”

Pour toutes les régions de France, c’est la même note pessimiste ; au début de l’hiver la vie est extrêmement chère, la misère est grande dans le peuple.

Hiver 1788‑89 ‑ Cet hiver, par sa longueur et ses rigueurs, va de pair avec celui de 1709. Nous devons nous limiter, tant les notes et mémoires du temps sont nombreuses,

Buxières‑la‑Grue ‑”Les gelées se sont fait sentir dès la fin de septembre; le froid a été en augmentant et des plus vifs jusqu’à la fin de l’ année. Trois mois se sont écoulés sans dégel ni pluie; les étangs, les ruisseaux et rivières étaient glacés ‑sur une forte profondeur; on ne pouvait moudre.

Saint‑Martin‑des‑Lais ‑ “L’hiver a commencé cette année de très bonne heure, c’est‑à‑dire depuis la Saint‑Martin à peu près, et s’est fait sentir jusqu’à la moelle des os. Les meilleurs puits ont été gelés de manière à ne puiser de l’eau qu’en cassant la glace. La Loire, depuis avant Noël s’est trouvée glacée de manière à passer le monde et les voitures sans risques.  La glace dans certains étangs, était d’à peu près deux pieds d’épaisseur.

Le vin s’est trouvé gelé dans les meilleures caves, ainsi que les pommes de terre et autres fruits. Les églises pendant les offices étaient de vraies glacières où les plus vigoureux tremblaient comme des joncs. L’année 1788 a été mauvaise de toute façon: avec les mauvaises récoltes, les grêles en bien des endroits, n’ont laissé à bien du pauvre monde que les yeux pour pleurer”. (Robelin, curé).                      1

Le Veudre ‑”Le froid a commencé le 20 novembre cette année et a fini sur la fin de janvier. La gelée a été si forte qu’on a passé l’Allier sur la glace pendant 36 jours consécutifs, à cheval et en voiture; la glace avait 20 pouces d’épaisseur. La débâcle n’a occasionné aucun dommage dans ma paroisse , mais plus loin c’était un déluge universel qui a entraîné maisons ponts, beaucoup de personnes qui ont été noyées et tous les bois et bateaux qui étaient sur les rivières et sur les bords. Cet hiver ci a surpassé de beaucoup celui de 1709 et celui de 1740. Tous les moulins manquaient d’eau; plusieurs personnes ont été obligées d’inventer des machines pour écraser le bled qui vaut depuis quelque temps jusqu’à 8 livres le boisseau pesant 60 livres; toutes, les vignes sont gelées”.

Saint‑Gérand‑de‑Vaux – l’année 1788 est une des plus mauvaises an­nées que j’ai vues depuis 36 ans que je suis en cette paroisse. A peine a t­-on cueilli du bled pour les semences. Quelle misère parmi le peuple!

L’histoire ne fournit pas un exemple d’un hiver aussi long, aussi froid et aussi constant que celui qu’on a . Le 24 novembre 1788 la gelée commença à se manifester par un vent nord‑est et par un ciel serein. Depuis ce jour le froid est allé en augmentant, gelant à toute heure du jour et de nuit. Toutes les rivières ont été prises et plus complètement qu’en 1776. Le thermomètre manquait 18′ au dessous de zéro (‑23′ centigrades); l’épaisseur de la glace était en des endroits de plus de 24 pouces (66 centimètres)” (Delafoulhouse)

Voyons quelques notes en dehors du Bourbonnais. La plus intéressante est fournie par Renaudin, de Ménetou‑Ratel près de Sancerre: “Le froid a commencé la semaine de la Saint‑Martin; le 8 décembre, il tomba pendant 12 heures une neige mêlée de grésil et de verglas, de manière qu’on ne pouvait marcher, puis il tomba ensuite des neiges de la hauteur d’un demi pied communément. Du 26 décembre au 1er janvier il faisait un froid plus grand qu’en 1709 de trois degrés au thermomètre de M. le Curé de Sancerre. Les moulins ne pouvaient tourner; le pain manqua à Sancerre; la police fixa son prix à 31 sous les 10 livres; nous craignons d’être obligé d’inscrire sur le prochain registre la plus grande misère”.

Et voici la suite sur le registre de 1789:

“Nous avions raison d’être obligé d’écrire des choses plus affligeantes. Après le froid continuel de deux mois, le dégel a commencé la ‘semaine de l’Epiphanie; il a été des plus désastreux. On voyait sur la Loire des monceaux de glaces, larges comme deux boisselées de terre, de la hauteur de 20 à 25 pieds. Le pont de la Charité ne put résister; sept arches furent. emportées à la fois. A Saint‑Thibault, quatorze bateaux furent emportés d’  ,un seul coup. On entendait de loin le bruit effrayant des glaces. A Orléans, le faubourg Saint‑Marceau fut presque tout submergé. A Tours, Angers et Nantes, les dégâts furent encore plus considérables … J’oubliais  une des plus grandes pertes causées par l’hyver: celle de presque tous les noyers et châtaigniers de ces pays ci; il n’en est pas resté dix sur cent” (Renaudin).

A Lourouer, près de la Châtre, le chroniqueur s’exprime ainsi: le froid a été si excessif qu’on a vu fendre les arbres, geler le pain et le vin dans les buffets des chambres où on tenait du feu tout le jour. Le pain fut rare faute de farine, les moulins ne pouvant moudre; toutes les denrées sont extrêmement chères. Le froid a arrêté le mouvement des pendules et des montres. Les neiges ont demeuré six semaines sur terre. On a trouvé nombre de personnes mortes de froid; les pattes des volailles ont gelé; les gazette de Hollande des premiers jours de janvier 1789 mandent qu’il est tombé à Vienne, et Autriche une si grande quantité de neige qu’il a fallu 480 voitures et 840 hommes pour débarrasser seulement les portes et les fenêtres des magasins”. Il est inutile d’insister sur la gravité de la situation économique  consécutive aux rigueurs d’un hiver terrible pour les pauvres gens survenant après plusieurs mauvaises récoltes. Voyons ce que fut, du point de vue météorologique, Pannée 1789. L’année fut très pluvieuse et, pour comble de malheur, une grande partie du Bourbonnais fut saccagée en été par de nombreux orages à grêle. Joignez à cela les premiers désordres de la Révolution: “L’année 1789 dit le curé de Saint‑Pourçain‑Malchère, doit être mise au nombre des calamités publiques”.

Buxières‑la‑Grue : “Les pluies ont été fréquentes au printemps et tout l’été, au point de ne pouvoir sécher le foin ni le bled; elles ont continué tout l’automne. Il . 1 s’est amassé peu de foin, beaucoup de reguien (regain); il n’y a presque pas eu de vin et très mauvais. La grêle a ravagé beaucoup de campagnes; la misère semblait annoncer un&, terrible famine; tous les fléaux étaient conjurés contre notre chère patrie”.

Ajoutons cette note d’histoire de notre chroniqueur: “La tenue des Etats‑Gënéraux a occasionné de grands désordres; une terreur panique s’est répandue au même instant dans toutes les villes et campagnes; on disait que des bandes innombrables de brigands allaient fondre sur chaque endroit. Il y eut quantité de châteaux brûlés. Paris a été le théâtre des plus sanglantes émeutes”

Issoudun ‑”Cette année, le printemps a été froid et pluvieux, ainsi que l’été, de manière que la moisson a été retardée de plus d’un mois, ce qui a porté la misère à l’excès, les grains vieux étant épuisés et les nouveaux ne pouvant mûrir. Le bled a monté jusqu’à 4 livres; le vin a été si peu abondant que les plus âgés ne se souviennent pas d’une pareille disette”

Mornay‑sur‑Allier ‑”Cette année est également fameuse dans l’ordre moral et dans l’ordre. Les annales de cet empire détailleront as­sez les causes de la Révolution qui s’opère et qui doit faire époque. Quant au physique , l’intensité et la durée du froid sont sans exemple. les vignes ont été gelées; le bled‑seigle, très cher, est à 6 livres lu sols le bois­seau”. (Thoret)

Nous n’insisterons pas davantage sur les malheureuses conditions météorologiques, agricoles et de l’année 1789. La misère était grande partout, et un nouvel hiver aussi rigoureux eut été un malheur sans nom. Fort  heureusement, sans être clément, il fut somme toute normal.

Mais à son approche, l’anxiété était vive et la tâche des pouvoirs publics très ardue. Il fallait de toute nécessité, avec des moyens insuffisants, secourir les chômeurs et les malheureux pour qui le pain et le chauffage étaient des problèmes insolubles. Prenons l’exemple, de Moulins et voyons les mesures prises en la circonstance par les édiles. Il fut créé en novembre un “bureau de charité”. Le bureau de charité‑, créé pour pourvoir aux besoins de la classe malheureuse et indigente, devenus plus pressants à raison des circonstances actuelles, est ainsi composé l’abbé de la Tour, évêque nommé de Moulins, président; les curés de Saint‑Pierre et de Saint‑Jean; le maître M. Grimault, lieutenant général; M; Conny de la Faye, procureur du roy;un député du chapitre, 12 administrateurs, dont deux par quartier, nommés par les souscripteurs de leurs quartiers; M. Lault, secrétaire; M. Lhuillier, trésorier; la supérieure des Sœurs de la Charité.”

Décision du 5 décembre 1789: “Un atelier de charité est ouvert pour les réparations des rues Sainte‑Catherine et des Potiers et du Cimetière M. de Panvilie se charge de diriger les travaux; ouverture d’un atelier de filature au rouet pour les femmes et les enfants dans une salle des Augustins. Distribution de cent livres de pain pour la semaine. Les pauvres devront cesser de mendier dans les rues”. Décision du 14 décembre: “Le pain sera distribué chez un boulanger de quartier sur cartes fournies par les commissaires; on donnera cinq sols à chaque mendiant étranger passant par la ville; la paie des ouvriers employés aux ateliers de charité est fixée à 8 sols par jour pour les hommes et à 6 et 4 sols pour les femmes et les enfants”.

Dans sa séance du 27 décembre, le bureau constate ” que l’on ne travaille dans les ateliers qu’avec la plus grande nonchalance et qu’il y a lieu de désigner un “conducteur de travaux”.

1790 , nous trouvons: le 21 février, l’établissement d’un atelier rue Sous‑Saint‑Jean; le 21 mars, ajournement des travaux, la caisse étant presque vide; et enfin, la note suivante, non datée: “La rigueur de l’hi ver a réduit à la criante misère beaucoup de familles indigentes. Le pouvoir central s’en est ému et le roy a autorisé pour le Bourbonnais l’ouverture d’un crédit qui servira à acheter 10 à 15 milliers (?) de riz pour en faire la distribution aux familles les plus nécessiteuses; mais la libéralité royale se heurte à de graves empêchements.

Indépendamment de la difficulté qu’il y aurait à se procurer cette quantité de riz, l’expérience prouve que le peuple de ces cantons répugne à cette nourriture (sic), que si on le lui distribuait cru, il serait hors d’état de l’accommoder vu le prix exorbitant du sel et la rareté du beurre. Quant à la distribution du riz cuit, il serait trop difficile de l’organiser dans chaque village; aussi l’administration locale demande t-elle au directeur général des finances de lui faire donner une somme équivalente au prix du riz, avec permission de l’employer à faire travailler les pauvres”.

Nous ne savons quel sort fut réservé aux “ateliers de charité” au cours de la période révolutionnaire, d’autant que nous n’avons pas la prétention de faire un historique de ces temps troublés. Si nous avons tenu à insérer les quelques notes ci‑dessus, c’est pour montrer quelles furent sur les classes pauvres les conséquences de plusieurs années de mauvaises récoltes et d’un hiver mémorable par ses rigueurs”.

1790 ‑ Cette année fut célèbre, en Bourbonnais surtout, par les terribles inondations de l’automne. Avant de parler de la grande crue de l’Allier voici une note qui nous dépeint succinctement la physionomie de l’année Vannée:

Issoudun‑ “Cette année a été remarquable par un hiver aussi doux que le précédent avait été rigoureux. Le printemps fut assez froid et pluvieux, l’été très chaud et sec, l’automne doux et agréable. Abondance de froment d’une qualité rare, ce qui fit baisser le prix du bled de plus d’un tiers, de sorte que d’un écu et plus qu’il se vendait dans le courant de l’année il ne valait plus à la moisson que 40 sols et il a toujours été en décroissant, ce qui a été remarqué et a déconcerté les plus habiles spéculateurs”. (Tourangin)

Venons‑en maintenant à la crue de l’Allier du 9 novembre 1790, la Pl us grande crue du siècle et peut-être de deux ou trois siècles: Moulins ‑ “Le mardi 9 novembre 1790 et jours suivants, la pluie a été continuelle. Le vendredy 12, la rivière a cru avec une telle rapidité et a­bondance qu’elle a crevé la levée près de Chambonnet des Carmes; elle a pénétré dans les bas quartiers, dépavé les rues, décarrelé l’église des Jaco­bins, renversé les murs du jardin de Saint‑Gilles, de Saint‑Joseph, des mi­nimes, a abattu plusieurs maisons. On voguait à bac sur la place des Lices(d’Allier). Elle est venue dans ce quartier jusqu’à l’a chapelle de St‑Julien; le cours de Bercy était inondé; le régiment du Royal Guyenne quitta sa ca­serne de bon matin pour loger en ville. Malavaud, huissier, se noya pour une fanfaronnade, ainsi que Son cheval”.

Voici des notes ajoutées par Francis Perrot: “L’eau touchait le pied de la maison où se trouvait la Bonne Dame de la Délivrance, rue de l’Horloge L’on portait des secours en bateau aux carmes. Le sommet des levées était atteint; toute la partie basse de la ville était inondée”.

Mais les plus grands dégâts causés par cette formidable crue semblent surtout s’être produits au confluent de l’Allier et de la Sioule, où se trouvait à l’époque le port très important de Contigny. On sait que le trafic des céréales et des vins de notre Limagne et de la côte Saint‑pourcinoise se faisait par eau. L’Allier, n’étant pas alors, par la criminelle folie de déboisement, réduite à un oued ensablé. Je croîs devoir reproduire dans sa presque intégralité le compte rendu de ce sinistre, fait par Papon curé de Contigny: “Aujourd’hui, 12 novembre 1790, les rivières d’Allier et de Sioule sont parvenues à un degré de grandeur dont on ne conçoit pas d’exemple. Les registres de cette paroisse annoncent une inondation considérable en 1586 mais il est à présumer que celle de cette‑ année l’emporte de beaucoup, la pluie étant tombée sans arrêt pendant 22 heures; dès le onze au matin la Sioule a augmenté rapidement. Les marchands de vin qui étaient sur le port de la Chaize demandèrent des secours et firent sonner le tocsin. On accourut de tous les villages et l’on travailla toute la journée à éloigner les fu­tailles devin de la rivière.. Mais environ les midi la crue de l’Allier parut qui, se joignant à la Sioule, fit un débordement qui sur le champ manqua submerger les poinçons. On fit trois rangs de plus de deux mille poinçons, les hommes dans l’eau jusqu’à l’estomac! peines inutiles. Trois cents poinçons furent soulevés et emportés vers les trois heures, puis sur les onze, heures la débâcle fut générale. Les mariniers furent alors forcés d’aban­donner leurs bateaux, dont plusieurs déjà avaient cassé leurs cordages. Tou­te la nuit on n’entendit que pleurs au village de la Chaume.. Dès le point du jour je m’y fis transporter. On n’apercevait qu’une nappe d’eau jusqu’au château des Echerolles; à peine voyait on le sommet des saules. Les mari­niers purent sauver 25 habitants du village. Tous les bestiaux périrent;il Rachaillier Les marchands de vin se présentés en fut de même au village de Racharent à la municipalité pour faire dresser procès-verbal d’un si grand désastre. Toutes les terres ensemencées sont recouvertes d’une couche épaisse de sable et de limon”.

Avec l’année 1790 se terminent les notes les plus diverses libellées par les curés sur les registres paroissiaux. Ces registres sont supprimés et remplacés par les registres d’état civil remplis par les maires. Aussi étrange que cela puisse paraître, depuis la Révolution jusqu’à la création vers 1855, d’un service météorologique officiel, nous n’avons que peu de renseignements sur les phénomènes météorologiques régionaux et leurs conséquences dans les domaines agricoles et économiques. Durant la Révolution et l’Empire on avait d’autres préoccupations: de 1815 à 1850, les gazettes parlaient à peine du temps, sauf en de:très raies occasions. Fort heureusement, en Bourbonnais, quelques mémoires privés nous fournissent quelques renseignements précieux, les seuls dont nous ferons état.

1791 ‑Hérault, curé. de Saint‑Bonnet‑le‑Désert, laisse une note très intéressantL dans ses papiers personnels: “Jamais on n’avait vu les bleds si hauts en herbes qu’en 1791, aussi la paille a été très abondante. En considérant cette grande quantité on pensait amasser du bled pour deux ans, mais on a été bien trompé dans les espérances. Cette année est la 6c de la stérilité pour le bled; aussi la misère est de plus en plus grande.

Le bled vaut 6 livres 8 sols et il n’en restera pas là. Ce sont lcs gelées à glace qui se firent pour la Pentecôte qui ont tout ruiné, même des provinces entières comme le Bourbonnais et la Marche. Il ne s’est presque point amassé de vin qui vaut 40 écus: peu de fruits et de très mauvaise garde. Il y a eu pou de cochons vraiment gras; le commerce ne va pas comme on l’espérait; point de commerce de bestiaux. On ne voit plus d’argent dans les foires et marchés; les assignats ruinent tout le monde! (Leçons qu’on a bien perdu de vue!) Les semailles à cette fin d’année se font très mal à cause de la grande sécheresse.

Il gela bien en effet cette année là en juin: confirmation nous en est donnée par cette courte note soussignée: Beaulon ‑”La nuit du 13 au 14 juin 1791,.les pois et les tartoufles (sic) ont gelé.

1792 Saint‑Bonnet‑le‑Désert ‑ Dernière note du curé Hérault qui, vraisemblablement, dut être Guillotiné en 1793. “Première année de 1 la République française très stérile, très malheureuse pour tout le monde; il ne s’est amassé presque ni vin, ni bled, ni légumes, ni châtaignes. Aussi le bled de puis moisson, a valu communément dix livres le boisseau d’Ainay le Château pour seigle 12 livres pour froment, le vin 22 livres et plus, jusqu’à 24′ pistoles le tonneau; la livre d’huile de noix, 2 livres; l’huile à brûler, 1 livre. Depuis le commencement de la fenaison, il a presque continuellement plu jusqu’à la fin de l’année; c’est pourquoi il s’est fait de très mauvaises semailles, et la plupart n’ont même pu semer. Les bleds, trop lavés, sont très petits et de mauvaise apparence. Il s’est fait de fréquentes inondations qui ont causé par endroits des dégâts et des pertes très considérables. Le pain vaut 5 sols la livre, le vin, 20 sols la bouteille. Voici la.sixième année de disette de passée; cette dernière est la plus forte. Tout est hors de prix, et la misère est à son comble. La guerre de son côté est fort animée dans les pays étrangers, et surtout en Allemagne, où sont parties toutes nos troupes (Hérault).

1793 ‑Printemps extrêmement froid, été torride. “Jusqu’au 19 juin, le thermomètre était très bas, et souvent à peine au‑dessus de zéro; mais en juillet, la chaleur fut accablante. Le 31 mai, une gelée a fortement endommagé les blés et les vignes” (Neuvy‑sur‑Loire)

1794 Moulins ‑ “Le mercredi 4 pluviôse, le thermomètre est descendu jusqu’au 16e degré Réaumur (soit ‑ 20′ centigrades), ce qui a approché du plus grand froid du siècle” Voici les cours de certaines denrées pratiqués en 1794: ” Viande de boucherie, 8 sous la . livre; porc frais, 11 sous; bon lard, 28 sous; beurre, 15 sous; sucre 36 sous; huile de noix, 17 sous; une paire de bons poulets 26 sous; une douzaine d’œufs, 8 à 13 sous, suivant saison; vin rouge, 7 sous la pinte (un peu moins d’un litre); le blanc 5 sous”. (Histoire d’un bourgeois de Moulins)

1795 Moulins ‑ “Crue, subite de l’Allier le 18 fructidor, environ midi de trois pieds 8 pouces; plusieurs personnes qui étaient sur les sables eurent de la peine à se sauver assez vite” (Dito)

1795 Moulins ‑ “Vent extrêmement impétueux le 14 pluviôse, qui endommagea principalement les vitraux de Notre‑Dame” (Dito)

1796 ‑ Il y eut cette année là deux tremblements de terre qui intéressent l’Auvergne, la Manche et la partie sud du Bourbonnais. Gannat: ” Le 8 mars, il se fit un tremblement de terre assez violent qui a été ressenti à Clermont et dans la région de Gannat, il fut ensuite suivi d’un terrible ouragan qui détruisit bien des chaumières”.

Mauvaises récoltes Saint‑Germain‑des‑Fossés ‑ “25 ventose an VI . Famine par suite des mauvaises récoltes; distribution aux communes du canton de 200 livres de riz. Pour la commune de Saint‑Félix: 20 livres”. (C’était bien peu par habitant!)

La même année il y eut un tremblement de terre assez violent en Auvergne, limité au nord sur une ligne Gannat‑Commentry. “Le 17 septembre 1796 , trois fortes secousses furent ressenties au Châtelet‑en‑Combrailles; d’énormes rochers furent précipités dans la Tardes: le tremblement de terre épouvanta les populations. Chambon‑sur‑Vouèze fut assez maltraité; la ville éprouva une hausse et une baisse, comme un vaisseau sur une mer agitée”.

1797 Moulins ‑ “Pluie et tonnerre en floréal, fortes pluies au commencement de messidor; pluies et tonnerre en fructidore; peu de vin et mauvais.

Molinet‑ “10 décembre 1797. Grandes eaux, inondations et débordements des rivières de Loire et de Vouzance”.

1798 (Bonne année) Montrond‑en‑Berry ‑”Temps égal, doux, agréable, pluvieux à propos, beau et chaud sans orage, admirable en tout depuis février jusqu’à la fin pour ainsi dire de l’année. Tous les biens de la terre sont parvenus à une parfaite maturité et ont été abondants. La moisson a été très bonne, le vin délicieux et pas cher”. (Hérault)

1799 ‑ Aucune note météorologique sur cette année, mais nous devons au regretté érudit bourbonnais que fut M. Hardet ce passage curieux extrait d’un papier de famille, de 1799: Nayes, “On croit encore ici au crapaud ‘roucenin’ qui tarit le lait des vaches, à la poule noire qui donne l’argent aux curés qui arrêtent ou appellent la grêle qu’ont préparée là haut les sorciers. Il n’y a pas longtemps dit on, il en tomba un des nuages au cours d’un orage; on le ramassa les membres fracassés; il était noir comme le diable”

1800 Chaleur et sécheresse dans toute la France. Moulins. “Affreux ouragan le 24 novembre 1800, qui casse ou renverse, neuf arbres au cours de Bercy et fait en beaucoup de. lieux les plus importants dégâts. Vents froids en germinal et floréal an IX, qui causent des fluxions de poitrine et emportent beaucoup de personnes. En été la chaleur et la   sécheresse furent si intenses que beaucoup d’incendies se déclarèrent en Bourbonnais.

Nous voici au XIXème siècle. A défaut des registres paroissiaux et des livres de raison, les renseignements les plus intéressants et les plus exacts sur le temps nous sont fournis par de grands vignerons. Tel par exemple, le propriétaire du vignoble de Vollenay, en Bourgogne ,dont les notes remontent d’ailleurs à 1689. Pour le Bourbonnais, il nous faudra attendre la fin de l’Empire pour avoir une documentation plus abondante

1801– (Extrait des notes du grand naturaliste Michel Adanson).

H Hiver : Janvier et février, peu froids, de- 3° moyen entre les deux extrêmes (?) . Pluie totale pour les deux mois : 64 lignes. Douze jours de glace en février. Froid humide en ce mois, rhumatisant, mortel”.

Vollenay – “Eté favorable, mais trop de pluie ; vendange le 28 septembre, vin passable, peu abondant”.

1802 – L’hiver 1801-2 fut très rigoureux dans toute la France.

Dans l’Allier, il y eut de nombreuses gelées printanières, qui réduisirent considérablement la vendange , L’été fut très chaud (37° 8) . Le vin, en Bourgogne, est qualifié de très supérieur.

1803 – Si l’hiver fut relativement doux, l’été fut beau, mais sans chaleur. La sécheresse réduisit les récoltes, Le vin fut très abondant, mais a peine passable.

1804 – Violents orages et pluies diluviennes durant l’été, particulièrement en juillet et août. Nous relevons, sur une lettre adressée a un Nivernais, le 16 Août 1804, les passages suivants : I1 nous a été fait un tableau des plus effrayant des orages et inondations qui sont arrivés en Berry et en Nivernais. Il  serait tombé à Cosne de la grêle d’une grosseur si prodigieuse qu’il y en avait qui pesait près de 4 livres et qu’il y avait eu plusieurs personnes péries par cette grêle si pesante qui avait tout ravagé; Lai Loire aurait augmenté en peu de temps d’une manière effrayante. Je ne sais pas comment les pauvres fermiers des campagnes peuvent faire les moissons avec des pluies aussi continuelles ; cela devient inquiétant

1805– Hiver doux et pluvieux : bonnes récoltes en céréales, depuis le mois de Juillet jusqu’a la vendange, note le vigneron de Vollenay, “Le ciel fut contraire à la vigne ; il neigea pendant les vendanges, qui ne purent être faites avant le 15 Octobre, Le vin fut assez abondant, mais franchement mauvais.

1806 – Hiver très neigeux ; la neige demeura sur le sol 35 jours, mais la température ne fut pas pour cela des plus rigoureuses.

L’été fut beau et sec. Les vendanges se firent des le 25 septembre ; vin peu abondant, mais de qualité supérieure.

1807 – Le 18 Février, il tomba une énorme quantité de neige, qu’un vent violent faisait tourbillonner ; la couche atteignit près de deux mètres d’épaisseur dans les val1ons. L’été fut caractérisé par des alternances fréquentes de pluies et d’orages avec de très fortes chaleurs, Le vin fut abondant et bon ; dans le vignoble de Saint-Pourcain, l’on vendangea des le 20 septembre.

1808 – Des orages de grêle eurent lieu en de nombreux points du département pendant une période orageuse qui dura du Ier au 10 Juillet, le vignoble, surtout celui de Chantelle, fut durement touché.

1809 –  Eté froid et pluvieux ; nous n’avons pas d’indications pour notre région : en Bourgogne, l’on vendangea le 16 Octobre des raisins à moitié gelés, Très peu de vin, et mauvais .

1810 – Léré (Cher) — Note de Francois Bedu, maire de Léré. “Cette année 1810`a été chaude, 1’air sec, les orages fréquents : la grêle du 21 mai a dévaste les récoltes; les foins ont presque tous été perdus par le séjour de 1’eau bourbeuse qui les a laissés incapables de servir de nourriture aux animaux. Les blés ont cependant été abondants, le. froment a été vendu 22 Francs 1’hectolitre faisant 75 kilos”.

1811 – Les vignes souffrirent un peu de la gelée au mois d’avril, mais en été la chaleur fut si forte qu’il n’y parut point et que la vendange fut a la fois abondante et le vin excellent, Il fut même si renommé en Bourgogne et Bordelais qu’il fut nommé le “vin de la Comète”. Il y a depuis longtemps. “Apparition de cette comète, dit Flammarion, frappa d’étonnement tous les peuples. Elle ne mesurait pas moins de 44 millions de lieues de longueur”. »

1812 – (Hiver). Alors que les froids furent extrêmes en Russie lors de la retraite de la Grande Armée, l’hiver fut relativement doux en France et particulièrement en Bourbonnais.

1813 – La vendange de 1816 (année qui compta 183 jours de pluie) fut si verte et le raisin si dur, que, ne pouvant l‘écraser, on l’entra dans des sacs pour en faire des râpés(Montrond).

De 1817 a 1824 les renseignements, manquent totalement;  malgré toutes nos recherches nous avons le regret de n’en avoir pu trouver.

1824– Extrait du journal de consultations d’un médecin de Cosne sur Loire. “L’année 1824 a été en partie pluvieuse ; les vents d’Est ont. régné. ‘Beaucoup de brumes froides, peu de chaleur, ce pourquoi les maladies ont été catarrheuses, cachectiques et oedémateuses; beaucoup de fièvres pernicieuses. Les blés et le vin ont été de médiocre qualité”.

1825 – L‘année 1825 a été, dans 1’été et 1’automne chaude et sèche. Les vents du Nord ont régné ; il n’y a pas eu de maladies épidémiques seulement quelques fièvres bilieuses   en général peu de maladies sanguines” (du même) .

1826 – (du même) – L’hiver et l·e printemps ont été froids et humides ; l’été chaud et très sec ; l’automne pluvieux. Blés peu grenés ; vin abondant mais peu de qualité, La Loire a cru et fait bien des dégâts aux campagnes. J’ai soigné en été des dysenteries (sic) et des obstructions dégénérées en hydropisies

1827 – Cette année a commence par de fortes gelées et ensuite des pluies. Les vents d’ouest ont régné pendant le printemps l’été a été chaud et sec par la continuité des vents de sud et est. En automne, les vents nord-est ont entretenu une température plus tache qu’humide. La récolte des blés a été assez abondante grains peu grenés et chers : froment, 21.et 22 francs la mine (? ), Beaucoup de vin de moyenne qualité se vend 22 a 27 (?) fût et vin, Il y en a de plus bas prix. ”Point de fruit. Les rhumatismes inflammatoires ont été fréquents, difficiles à détruire, surtout parmi les gens de la campagne. Quelques maladies nerveuses et spasmes ont été pris pour des ma1éfices; les paysans vont ordinairement consulter de soi-disant devins . La médecine ne peut rien contre ces préjugés ! (du même).

1828 – Hiver très doux : plusieurs orages en février; printemps humide et froid, mais été chaud et sec. Récoltes abondantes en grains et vins ; malgré des prix très bas, il y a mévente. On cote en novembre ; froment, 30 francs ; avoine , 10 francs. Les vignes ont fait 8_pieces 1’arpent ; vin .22 a 24, le rouge.

1829 – Hiver 1828-29 long, neigeux et rigoureux (moins toutefois que le suivant), printemps très chaud ; été extrêmement orageux avec ses chutes de-. grêles ravageant de nombreuses communes de 1’Allier, La moisson se fit tard avec la plus grande difficulté ; le grain, trop mouillé, germa ; on cote le blé 40-45 en octobre. Les vendanges ne purent se faire qu’au début d’octobre avec des raisins insuffisamment mûrs. Hausse sur les vieux vins ; le bon vin de 1825 vaut 50 francs,  celui de 1829 trouve facilement preneur à 15 francs. V ·

1830 – L’hiver 1829-30 fut, avec ceux de 1870-71, 1879-80, un des plus rigoureux hivers du XIXe siècle. Les observations effectuées au parc de Baleines par les Adanson permettent d’évaluer les minima thermiques entre – 25° et – 30°- en janvier 1830.» . Les gelées très fortes et les chutes de neige très abondantes ne cessèrent que fin mars. Les chênes, châtaigniers et de nombreux arbres exotiques, implantes à Baleine; éclatèrent ou périrent. L’été 1830 fut caractérisé par de violents orages dans tout le Centre. La grêle ravagea une partie de l’Allier et de la Nièvre.

A Tannay (Nievre), le 25 mai, “un orage affreux ravagea la région ; les dégâts s’étendirent a six lieues au moins ; les communes d’Annois, d’Amazy, de Tannay; de Mave ont le plus souffert de ce fléau ; dans cette dernière surtout, tout espoir de récolte est entièrement  détruit ; les habitants sont obliges de vendre leurs bestiaux parce qu’il ne leur reste plus de quoi les nourrir. Les grêlons tombaient gros comme le poing, les plus petits étaient de la grosseur d’un oeuf de poule, Des moutons ont été tues dans les champs”; (Le Berruyer);

1831 – Année assez bonne en céréales et en toutes productions agricoles après un mois de janvier très froid. Les saisons se firent normalement. On note dans l’Al1ier des lueurs crépusculaires d’une intensité extraordinaire durant les quinze jours qui suivirent la grande éruption de l’Etna.

1832 – Rien de particulier en cette année ; hiver doux, été modérément chaud Moisson abondante . Mercuriale : froment, 37 francs; orge, 14 francs; avoine, 8 francs. ; récolte de vin par contre médiocre :  “une pièce l’arpent” ; 63 a; 64 francs la pièce de rouge.

1833 – Notes recueillies sur le;”Mémorial‘ de l’Allier” : 24 septembre : Les vendanges sont commencées depuis hier dans la banlieue de Moulins, mais ce n’est que dans le courant de la semaine prochaine qu’elles seront en pleine activité. La récolte sera abondante, mais de qualité médiocre en raison de la basse température de ce mois. Crue de l’Allier fin septembre”. Le 18 octobre une secousse de tremblement de terre est ressentie a Cusset : durée, une seconde. On note fin octobre une recrudescence du choléra .

Mercuriale en mars 1833 : Marche de Moulins : froment, 16 F40 ·

L’hectolitre, seigle, 12 F.; orge, —8 F 60; avoine, `7 F 50 ; haricots, 12 F; pomme de terre; 1 F 30 l’hectolitre ; foin, 8 F 60~1es 100 kilos ~; paille, 3 F, pain blanc, O F 32 le kilo ; pain bis, 0 F 19. ” Mémoires de G, Sauvage, instituteur à Bellenaves.” Je vous instruis ici, lecteur, quand à l’année 1833 l’hiver a été si doux que notre commune et celles  avoisinantes n’ont pas vu un pouce de neige, mais il faut observer qu’en mars et avril il a toujours gelé et que cela nous faisait craindre pour la récolte de 1834 ; depuis le mois de mai jusqu’au 15 septembre il a fait des chaleurs excessives qui ont occasionne des maladies que l’on a appelées cholérine, occasionnées par “l’intemperature”(sic) de la saison et qui ont ravagé quelques uns de nos habitants”. (Il semble que ces notes doivent s’appliquer plutôt à l’année 1834 qui fut très chaude,  alors que l’été de 1833 fut froid et pluvieux.

1834 – Année bonne au point de vue agricole, malgré chaleur et sécheresse  les mercuriales sont sans changement importants.

En Août, la grêle dévaste plusieurs communes des environs de Montluçon, parmi lesquelles Domérat, Huriel, etc . . .

On était déjà très fort a cette époque pour la prévision du temps à longue échéance. Nous relevons ces lignes du “Mémorial. de l’Allier” du  19 novembre : “Un journal de Florence annonce que l’hiver prochain sera extrêmement froid. Ce pronostic est fondé sur les observations faites depuis 25 ans lesquels ont remarqué que la saison froide est toujours très rigoureuse par des agronomes expérimentés ( !), si les feuilles du chêne(quercus robur) ne  tombent qu’a la mi-novembre, Dans les hivers ordinaires, la chute a lieu à la mi-octobre, Cette année ci, les chênes de nos forets sont encore couverts de leur feuillage, ce qui donne a penser que l’hiver sera rude·

1835 -Une fois de plus, la prévision des augures s’avéra fausse, l’hiver l834-35 fut extrêmement doux, Le printemps fut pluvieux. De très fortes précipitations occasionnèrent, fin mai, une grande crue de l‘Allier, La montée des eaux fut subite et se produisit dans la nuit du 30 au  31 mai; “Au cours de cette nuit fatale, lit-on dans le « Messager », les eaux envahirent avec une rapidité inouïe le quartier de la Font-Vinée que ne protégeait alors aucune digue, Elles firent dans le port de Moulins une véritable razzia, entraînant les chargements de bois déposés en grande quantité et causant un préjudice énorme à la batellerie. Une maison de la chaussée de Bressoles fut emportée; la cote au pont Régemortes était de 4m65”.

Le pont suspendu de Vichy fut emporté, ainsi que deux arches du pont d’Ebreuil, sur la Sioule. Le maire de Moulins; M. de Chamflour, fit faire une souscription publique en faveur des sinistrés. La comète de Halley commence à se montrer des le 18 septembre; elle était apparue pour la dernière fois en 1759. “Le Messager”, qui à donné cette information, ajoute ; “Quant à son influence sur les affaires  de ce monde et sur la qualité du vin, ce n’est plus qu’en plaisantant qu’on en parle”.

1836– Hiver 1835-36-  Ne présente qu’une courte “vague” de froid en janvier : on note  19“ le 20 de ce mois à  Moulins. Le printemps est froid et pluvieux ; neige abondante les 2 et: 3_mai. Fin mai, crue des petites rivières du département ; la Marmande occasionne des dégâts dans le canton de Cerilly; a Bourbon, la Burge inonde la partie basse de la ville; la Nièvre, l’Yonne, l‘Auron sont également en crue, cependant que  l’Allier et la Loire gardent un niveau normal.

Le 16 juin, a Moulins, orages et ouragan· ; la grêle tombe avec. Violence : vitres et tuiles cassées, jardins dévastes, plusieurs arbres arrachés sur nos promenades. Le même orage ravage les cultures des cantons de Jaligny et du Donjon.

Mercuriale en juillet 1836 à Moulins ; froment, 15 francs, l’hectolitre ; seigle, 11 f ; orge , 9 f 50 ; avoine, 5 F 80 ; foin, 6 F 40 .Le quintal ; paille, 3 F 80 ; pain blanc, O F 30 le kilo ; pain bis, 0.F 20 ; viande de bœuf, O F 80.

1837 – Le 17 février, une superbe aurore boréale est observée à Moulins, des la tombée de la nuit jusqu’à minuit : elle donnait l’impression d’un immense incendie dans la direction du nord ; on sonna le tocsin en maints endroits. La gazette ajoute qu’en certains bourgs les pompiers furent alertes, convaincus qu’il s’agissait de l’incendie d’un village voisin .

1838 – L’hiver 1837-38 fut très long et rigoureux, “L’hiver a commencé le  3 octobre 1837 et a continue jusqu’au 27 mai, chose si surprenante par les gelées et neiges de cette dure saison que l’on croyait ne rien récolter ; mais ce qui est plus étonnant encore, c’est que les vignes eurent peine à porter tous les raisins et qu’il y eut aussi tous les autres fruits en abondance. Le tout produit par le mois de juin, ou il se fit sentir des chaleurs excessives” (Sauvage, nstituteur à Bellenaves).

Mercuriale en août 1837 à Moulins : froment, 17 F l’hectolitre; seigle, 13 F 60 ; orge, 10 F 50; avoine, 6 F 25 ; foin, le quintal, 6 F;  paille, 3 F ; pain 1ere qualité , 0 F 30 le kilo ; pain bis 0 F18; boeuf, le kilo 1 F ; veau, 1 F ; mouton, 1 F.

Le 30 novembre 1838, violent orage sur moulins, alors qu’il neige abondamment a Paris.

1839– On est frappe de constater le nombre considérable de sonneurs de cloches tués par la foudre au cours de XVIIIe siècle et de la première moitie du XIXe. Aussi croyons-nous devoir insérer intégralement l’arrêté de M. Mechin, préfet de l’Allier en date du 20 mai 1839.

« Nous préfet de l’Allier, considérant qu’il résulte des rapports qui nous sont parvenus que dans beaucoup de communes de ce département les habitants ont conservés la funeste habitude de sonner les cloches pendant les orages ; que les pasteurs et les autorités locales ont vainement cherché à déraciner de leur esprit crédule ce préjuge qui attachait au son des cloches et à la vibration qu’elles occasionnent dans l’air l’avantage de dissiper les nuées orageuses. “Considérant que de nombreux exemples ont justifie l’idée que la sonnerie des cloches occasionne dans l’atmosphère un déplacement de la colonne d’air qui attire la foudre sur les édifices, lorsque surtout la nuée est à faible distance : » “Considérant que le cet usage dangereux n’a pu disparaître il est souvent arrive que les sonneurs ont été eux-mêmes victimes de leur imprudence et que la foudre, ainsi attirée sur le clocher, a donne lieu à des désastres que les ressources locales ne permettent pas toujours de réparer ;

“Vu l’article 8 de la loi du 18 juin, an X, qui défend expressément de sonner les cloches sans la permission des autorités si ce n’est, pour- appeler les fidèles au service divin ;

“Arrêtons ;

“Article premier — Il est expressément interdit de sonner les cloches pendant les orages.

“Art. 2 — Toute contravention à cette défense sera constatée par MM, les Maires et les contrevenants, déférés aux tribunaux compétents”

Cet arrêt semble avoir été observe scrupuleusement; en tout cas, dans les dix années qui suivirent on constata une régression considérable des foudroiements et des incendies de clochers dans l‘Allier.

 1840– Bellenaves — “ll a fait cette année des chaleurs si excessives que l’on ne croyait rien récolter, mais, grâce de Dieu, il y a eu passablement de blé, de vin et de pommes de-terre”.

1841 – L’année la plus froide du siècle en ce qui concerne la moyenne ; il y a eut de la neige en mai et, “ce qui est rare il n’y eut pas huit jours de chaleur en été”. Dans un article « Pourquoi nous _avons eut froid en juin”, un journalistes, sans aucun doute très compétent, “qu’une influence astronomique (‘?`) a du déplacer l’axe terrestre »

1842 – Le temps froid de l’année précédente se fit encore sentir jusqu’en mai 1842, Bellenaves ;-“L’hiver 1841-42 a été très rigoureux par les glaces, qui ont durées deux mois au moins ; gelées et neiges ont continue jusqu‘en mai”.

On passe par contre, sans transition, a des chaleurs insupportables : “les orges ont brûlées, surtout dans les mauvaises terres”,

Dans le nord·de la France, la sécheresse fut extreme : “Depuis 1793, on n’a pas vu d’année ou l’on soit reste si longtemps sans pluie : d’avril à octobre . Quelques petites rosées seulement a « enfondre » (enfoncer ?)  l’épaisseur d’une pièce de six liards”. Vendange abondante , 5 pièces l’arpent et de grande qualité, –

1843 – Apres un hiver doux, printemps mouillé « Il y a beaucoup de fourrage, mais on ne le serrera point bon”. En juin et juillet “le temps ne peut durer longtemps au beau, ce qui donne des inquiétudes pour la moisson ; il y a beaucoup de paille, mais beaucoup de blés sont couchés par l’orage du 30 juin, qui ne se relèvent pas. Les vignes vont très mal du fait de la « couluie ». Le blé fut cher cette année : la vendange fut mauvaise en quantité et qualité”.

Le 26 avril, grêle abondante dans la région de Moulins.

1844 (grêle) Balaine -“Le 10 juin, a 4 heures du soir, grêle épaisse et aussi grosse que des noisettes ; elle détruit les blés et les vignes, abat tous les fruits ; le 8, la grêle avait fait les mêmes ravages à Trévol et au Riau”.

Les froids furent très vifs en décembre 1844. Nous lisons dans le Mémorial de l’Allier du 23 décembre : ”Depuis le début du mois, l’hiver sévit sur tous les points de la France avec une rigueur extraordinaire, Du Nord au Midi, la terre est couverte d’une épaisse couche de neige. Les courriers subissent des retards considérables ; les rivières charrient des glaçons énormes ; à Moulins, nous n’avons pas éprouvé de froids si intenses depuis 1838.

1845– Les deux années qui vont suivre furent malheureuses au point de vue agricole par suite des intempéries de toutes sortes qui sévirent surtout en 1845 et 1846. L’hiver l845-46 fut très vigoureux, mais une épaisse couche neigeuse protégea les céréales dont la condition s’annonçait bonne au début de mars . Malheureusement, le printemps et l’été furent extraordinairement pluvieux. Nous lisons dans le journal d’un agriculteur beauceron ces courtes notes mensuelles :

” Avril: toujours de la brouillasse et du froid; mauvais temps pour les blés,

” Mai : toujours le même temps froid et des pluies que l’on appelle hargnes, mêlées de petite grêle ; rien ne pousse, les biens de la terre sont comme en stagnation,

” Juin : le 8, temps très froid : l’on dit même qu’il a gelé tout le mois, pluies et orages. Le 25, les blés ne sont pas encore à l’épi, ce qui ne s’est jamais vu !

” Juillet ; un peu plus chaud, mais pluies, orages, grêle et tempêtes qui couchent les blés.

” Août : encore de la pluie et des orages ; on a moissonné le 15. Les grands vents avaient égrené les blés sur pied et poudré (?) ceux moissonnés : la quantité et la qualité sont très inférieures a une petite moyenne. Le pain a augmenté de trois sous les 4 kilos!.

Le prix du blé ne fait que croître jusqu’a la fin de l’année, de 24 Frs en avril il monte à 30 Frs en décembre ; le pain, évidemment, suit cette hausse.

A Mentionnons “l’ouragan épouvantable” qui sévit sur Moulins et les environs le 26 Janvier 1845, à 4 heures du soir ; nous en trouvons le compte rendu dans la gazette locale et les détails mieux étudiés dans le Bulletin de la Société d’Emulation. Cinq rangées de tilleuls dans la cour du Lycée furent arrachés, les tuiles du bâtiment lancées a plus de 150 mètres, etc. . .

1846 -Année fertile en phénomènes météorologiques et en calamités de toutes sortes. A un hiver très froid succédèrent presque sans transition des chaleurs intenses comme on n’en avait pas vu depuis un siècle. En automne, des pluies torrentielles provoquèrent de graves inondations dans tout le bassin de la Loire. Enfin, l’année se termina par de grands frimas en décembre.

Le vendredi 14 septembre, un fort tremblement de terre se produisit dans tout le centre de la France : il fut très sensible a” Moulins et dans toutes les communes du département.

Les oscillations se produisaient du Nord au Sud : la durée de chacune d’elles était de 2 a 3 secondes ; deux secousses furent ressenties à  heures un quart du matin. Elle furent particulièrement violentes à Jaligny et Trezelles.

« J’étais alors en Berry, a Lannoy et couché au premier étage ; je fus réveillé par trois secousses qui firent rouler le lit au milieu de la chambre, De nombreux meubles furent déplacés et de la vaisselle cassée. Le Nivernais ressentit aussi le phénomène”. (Francis Perot).

Grande crue du 19 octobre 1846 – Apres un été très sec, le mois d’octobre fut caractérise par des pluies continuelles qui devinrent très abondantes a partir du 15. Le 19, l’Allier subit une de ses plus fortes crues, elle détruisit en grande partie la digne submersible de défense et atteignit la cote de 5m20 au pont Régemortes. Toutes les régions traversées par la Loire et l’Allier furent dévastées par cette inondation.

Des souscriptions publiques furent organisées dans tout le département pour venir en aide aux sinistrés.

A propos de cette crue nous lisons dans le Memorial :

” “Nous sommes étonnés qu’une pensée de gratitude n’ait pas encore fait substituer le nom de Regemortes à celui de Pont-Neuf, pour la rue qui conduit a ce bel ouvrage d’art” (Satisfaction lui fut donnée peu de temps après). Les ponts de `Digoin, Dompierre, Mornay-sur-Allier, furent emportes par les eaux. ·

Apres deux années de mauvaises récoltes, la moisson de 1846 fut des plus décevantes ; on assista dans presque toute la France a des émeutes provoquées par la pénurie des blés sur les marches et par une hausse considérable du prix du pain,. Dans 1’Allier et la Nièvre.

des scènes de pillage eurent lieu sur de nombreux marchés, ce qui, naturellement, accrut la pénurie des grains. Nous avons traite longuement ce sujet dans notre étude sur “Les Révolutions et le temps”. Voici, en ce qui concerne notre région, quelques notes de presse écrites au cours de la période aiguë de la disette au début de l’année.

1847 – Moulins. — “La disette de blé de 1846 rend les conditions de vie très difficiles. De grands arrivages de blé étranger ont lieu en ce mois de Janvier, principalement au port de Rouen et destinés surtout à l’alimentation de Paris, La ville de Moulins est autorisée à contracter un emprunt de 3000 Frs ( !) pour dégrever le pain en faveur des indigents. A Nevers et à Bourges, des bals de souscription sont organisés au profit des pauvres.

” Il semble bien que, comme toujours, le gouvernement secourut au maximum Paris et les très grands centres au détriment de la province., Aussi voyons nous en février mars 1847 la disette de blé s’accentuer dans nos provinces du Centre, cependant productrices, et le prix du _pain monter en flèche. En Bourbonnais, les plus graves désordres eurent lieu à Bellenaves, ou un convoi de blé destiné a Connnentry fut attaqué et pillé ; on envoya la troupe et de nombreuses personnes, arrêtées, furent condamnées a des peines de prison par la Cour d’Assises de l‘Allier”.

Comme en toute période de pénurie, le “marche noir” des grains s’exerça avec impudeur, Il est juste de dire que les pouvoirs publics de l’époque n’y aillèrent pas de main-morte et frappèrent durement les profiteurs de la misère publique. Nous voyons même à Moulins un boulanger frappé de onze francs d’amende (somme lourde alors) pour avoir vendu du pain de troisième qualité au-dessus de la taxe. C’est en mars 1847 que le prix du blé atteignit son maximum : 60 Frs les 100 kilos contre une moyenne habituelle de 20 at 22 Frs. Heureusement, les conditions météorologiques se montrèrent favorables en cette année 1847 et la baisse, amorcée en avril, s’accentua avec la perspective d’une bonne moisson.

Aucun fait important à signaler, si ce n’est un orage de grêle dans la région de Moulins le 15 Août et, dans tout le département, le 17 décembre au soir, la parution au septentrion d’une superbe aurore boréale.

1848 · Hiver 1847-1848 – Froid et neigeux, printemps très humide, été particulièrement chaud. Perot prétend avoir noté une temperature de 41° à Moulins. Il est vrai que les thermomètres de l’époque variaient entre eux de plusieurs degrés et qu’il n’existait pas encore de service météorologique officiel. Quoi qu’il en soit, il y eut de belles moissons et d’abondantes vendanges,  trop abondantes même car, dit un vigneron “en raison des avènement de Paris (La Révolution), le commerce ne va pas et 1’on ne veut de vin à n’importe quel prix ; on offre 15 Francs la pièce pour le rouge, à peine le prix de la futaille.

1849– Hiver 1848-49 très froid et très prolongé, Neige en mars; très forte chute le 20 Avril (la terre, lit-on dans “Le Messager”, était gelée d’un pouce). Gros dégâts naturellement sur la vigne et les arbres fruitiers. En été, nombreux orages de grêle dont un à caractère cyclonique en Juin dans la région de Moulins. “Les blés sont couchés, versés, très difficiles à ramasser, peu grenés par surcroît”. Hausse sur le pain et le vin dès l’automne de 1849.

1850 – Encore un hiver tardif particulièrement dur 5 le 20 mars, le terre est encore gelée profondément, nombreuses gelées en avril et en mai. Sans presque de transition, l’été survient avec de fortes chaleurs qui saisissent les blés; Récolte de céréales déficitaire : par contre, vendange de qualité.

1851 – Année bonne pour toutes récoltes, tout au moins dans l’Allier. Note de M. de Balorre sur un coup de foudre bizarre au château de la Cour, à Contigny : “Par un violent orage en août 1851, la foudre tombe en plein jour devant le château sur un bel et vieil orme, dit “de  Sully”. Cet arbre fut enveloppe par l’ec1air mais ne parut nullement avoir souffert. Mais, chose curieuse, a 30 m. de là l’herbe de la pelouse fut complètement brûlée sur une entendue reproduisant exactement la forme et les dimensions de l’arbre. ”

1852 – Le 11 Novembre 1852, à 10 heures du soir, on vit à Moulins une superbe aurore boréale.

1853 -· Hiver exceptionnellement doux ce qui provoque de nombreuses réflexions du rédacteur de la gazette moulinoise. Il écrit le 11 Janvier1: ” Le temps, par sa douceur et les eaux par leur abondance, favorisent le commerce dans nos contrées, mais nuisent aux emblavures. Un temps plus de saison serait préférable pour Physique publique, car le froid ferait sans doute disparaître les fièvres qui désolent tant de familles. Le temps actuel ne règne pas seulement en France, mais dans toute l’Europe et même en Amérique”.

Il ajoute le 25 Janvier :

” La douceur exceptionnelle de la température qui règne de puis le mois de novembre, produit de curieux effets. On cite chaque jour des exemples d’une végétation par trop précoce ; des fleurs émaillent les pelouses, les bourgeons des arbres fruitiers éclatent partout .

Mais ce printemps précoce eut un dur démenti dans la deuxième moitie de février, avec l’apparition de la neige et de fortes gelées. Ces frimes se firent sentir jusqu’a la fin de mars, ce qui fait écrire à notre chroniqueur le 20 mars : “Nous voici en plein quartier d’hiver ; la gelée n’a pas encore été aussi vive de l’hiver, on demandait que la végétation fut retardée, ce souhait est réalise. Partout les travaux des champs sont suspendus ; on signale la présence des loups sur plusieurs points du département ” ·

1854 – C’est l’année de la guerre de Crimée et aussi de la naissance de la météorologique dynamique. Une violente tempête qui balaya l’Europe d’ouest en est coula plusieurs de nos bâtiments dans la mer Noire. L’astronome Le Verrier se demanda si l’on n’eut pu prévoir cette catastrophe par l’établissement de stations aménagées dans toute l’Europe et correspondant entre elles depuis l’lrlande. Des postes d’avertissements furent ainsi créés, bases de notre réseau actuel. Mais les connaissances en aérologie étaient alors rudimentaires et il fallut attendre encore un demi-siècle pour réaliser des prévisions d’une réelle exactitude .

L’hiver 1853 fut très rigoureux ; le printemps fut d’une humidité excessive; on lit dans un journal parisien en mai : Paris, nous sommes plus préoccupes du mauvais temps que de la guerre. De puis un mois il pleut tous les jours ; les récoltes souffrent et nous sommes menaces d’une·disette. L’été fut heureusement chaud et propice aux cultures ; mois.

A sons et vendanges furent satisfaisantes en qualité et quantité.

1855 – L’hiver 1854-55 fut remarquable par son apparition tardive, par la rigueur des froids et par la grande quantité de neige tombée dans toute la France (à Montpellier, 39 cm, le 18 Janvier). L’Allier et la Loire furent prises par les glaces dès le 23 Janvier. Au début de février nous lisons dans la gazette moulinoise : “La neige tombée hier en si grande abondance a continue toute la nuit et recouvre le sol d’une couche très épaisse. Si le dicton qui prétend que les années de neige sont aussi des années de blé ne ment pas, nous pouvons compter sur une bonne récolte. Le service des chemins de fer est gêné et même interrompu en de nombreuses régions par l’énorme quantité de neige qui recouvre les voies. En Berry, on prend, parait-il, les alouettes en abondance ; elles sont vendues 10 sous la douzaine

Les froids se prolongèrent jusqu’a la fin de mars : en avril on se déclare satisfait des emblavures. Pluies en mai et chaleur en juin. Bonne récolte en foin, qualité et quantité, Le 9 juillet, “un orage épouvantable éclate sur Moulins et les environs ; la grêle tombe sèche sur

Avermes et Trévol, hachant les récoltes. Beaucoup de grêlons étaient plats. et du diamètre d’une pièce de cinq francs.

On moissonne au début d’août; récoltes de céréales en général très satisfaisantes. Le 11septembre, un nouvel orage à caractère cyclonique balaie tout le département : pluie torrentielle, vent violent ; grêle dévastant les bords de la Loire, de Digoin à Beaulon.

En octobre, on cote le froment en moyenne à 26 Frs 50 l’hectolitre

1856 – Année extrêmement pluvieuse; dans toute la France les rivières débordent. L’Allier subit les crues presque ininterrompues du 29 Avril au I0 Juin. ”Formidablement grossie par les pluies et 1a fonte des neiges, notre rivière subit, le 29 avril, une crue soudaine qui commence une série désastreuse d’inondations. Le 11 Mai sera une des journées critiques; mais c’est le 31 mai que fut atteint le maximum avec 5m42 au pont Regemortes, la plus forte crue du XIXème siècle venant immédiatement après celle de 1791. C’est à la suite de cette crue que l’on édifia la levée insubmersible qui, respectée par la grande inondation de 1866, semble avoir mis Moulins a l’abri des assauts de sa folle rivière”.

Tous les cours d’eau du Centre débordèrent également ; a Neuvy-sur-Loire, le fleuve montait, le 1er Juin, à 5m45.

1857 – Cette année fut dans l’ensemble fort belle et offrit peu d’anomalies, La température minimum fut de – 6°3 le 6 février ; l’été eut son maximum, le 4 août avec 36°2, l’année fut relativement sèche sans que les récoltes aient eu a souffrir : le rendement des céréales fut un des meilleurs du siècle la production en vin fut de même des plus satisfaisantes, Signalons la secousse de tremblement de terre ressentie dans tout le centre de la France, le 16 Juin à Moulins, à 4 heures du soir, le sol oscilla d’une manière très sensible à deux reprises, dans la direction nord-sud”.

1858 – L’année 1858 fut caractérisée par 18 jours de chaleur intense, du 1er au 18 juin, et par une extrême sécheresse. La température la plus élevée de cet été se fit sentir non en Juillet et août, mais le ler Juin avec 36°4. La sécheresse de 1858 – quelque peu comparable a celle de 1952 – prit en été un caractère alarmant. Non seulement les récoltes subirent de sérieux dommages, mais il y eut un abaissement exceptionnel des rivières, des sources, des puits et de toutes les eaux en général. La sécheresse fut générale en Europe et paraît s’être étendue sur une fraction considérable du globe, Le mois de novembre 1858 fut le plus froid qu’il y ait eu depuis 1786.

1859 – Si le mois de novembre 1858 fut particulièrement froid, il n’en fut pas de même de l’hiver 1858-59, tout au moins dans notre région. Sa douceur fut remarquable en dehors de quelques faibles gelées. Ce fut l’année des aurores boréales ; à Moulins on put en observer deux magnifiques : le 21 Avril, et surtout dans la nuit du 28 au 29 aoûit, de 11 heures du soir la minuit, on avait l’impression d’un immense incendie quelque part dans la direction du Nord. La veille, des courants telluriques avaient interrompu, une douzaine d’heures, les communications télégraphiques dans toute la France.

1860 – L’hiver 1859-60 fut très long et extrêmement froid : le 20 décembre à  Moulins, on nota –20°7 ; le 15 février : – l2° ; le 10 mars : – 12°5 et enfin le 20 avril  -3°4. Le printemps et 1’été, d’après Francis Perot furent très humides et sans chaleur, “Le thermomètre, dit-il, ne s’est élevé, à Moulins, au cours de 1’été qu’a 16°1; ce terme n’a point été dépassé”. ll ne dit point s’i1 se servait d’un centigrade ou d’un Réaumur, thermomètre encore très employé a cette époque.

1861 – Aucun évènement météorologique remarquable dans  notre région en 1881, Les caractères des saisons furent normaux, les récoltes abondantes. Signalons cependant l’orage de grêle du 2 Août, particulièrement violent au nord de Moulins, A Baleine, “il tomba de la grêle en abondance vers 2 h 30 du soir ; certains grêlons étaient gros comme des oeufs de pou1es, au grand dommage des serres, cloches et couvertures en ardoise”.

1862– Hiver 1961-62 froid et très neigeux ; gelées printanières désastreuses dans le Centre. Mauvaises récoltes de céréales ; par contre, bonnes vendanges. Aurore boréal du 14 décembre parfaitement visible à Moulins

1863 – Hiver particulièrement doux, trop doux même, s’i1faut en croire les relations faites par les milieux agricoles. Les récoltes souffrirent beaucoup des pluies abondantes du printemps et des très nombreux orages de l’été.

1864 – (Bolide) – Le phénomène le plus intéressant de cette année fut le bolide du 14 Mai qui tomba à Nerac (Lot et Garonne), après être passé à faible altitude au-dessus de Moulins. Il fut parfaitement observe par notre compatriote le Colonel Laussedat; qui le décrit ainsi : ” Sa forme était assez extraordinaire ; c’était une masse de couleur rouge, ressemblant à une énorme fusée traçant son immense trajectoire d’une teinte rouge pale. Il se dirigeait vers le Sud-Ouest ; sa vitesse était lente {nous vîmes tout à coup le météore se changer subitement en une nuée vaporeuse pouvant se comparer à la lueur que dégage en le frottant, un bâton de phosphore. Le plus étonnant de ce phénomène, c’est que, environ cinq minutes après le changement de couleur du corps céleste, une odeur suffocante surprit tous les observateurs ; cette odeur ne put être déterminée exactement. Cependant on distinguait parfaitement celle du soufre enflammé. Le bolide éclata au-dessus de Nerac ; le plus gros bloc météorite, pesant plus de 2 kilos, tomba dans le parc du château de Puy-Laroque. Suivant M, Laussedat, “il était compose d’une vingtaine de substances dont la principale était de l’oxyde de fer”.

1865 – La seule particularité a relever pour cette année 1865 fut la longue période de gelées qui donna a ce mois la plus basse température moyenne de 1’annee. A ce propos, notons une controverse entre certains médecins et savants concernant l’épidémie de choléra qui fit, cette année la de nombreux décès en France, en particulier au mois de novembre a Paris.(946). Les vents d’est, dominants en mars, auraient amené de Russie, non seulement des froids extrêmes pour la saison, mais aussi les germes de la redoutable maladie.

1866 – Le 14 septembre 1866, au petit jour, deux fortes secousses sismiques furent ressenties dans tout le Centre de la France.

A Moulins, on nota un effet très sensible de la seconde secousse dont la durée fut de deux secondes et demie, La direction générale des oscillations était nord-sud. A Gannat et au Montet, des meubles furent déplaces.

Grande crue de l’Allier le 25 septembre, la cote de 5m20 fut atteinte au pont Regemortes ; ce niveau n’a plus été égale depuis lors.

“Le ruisseau des Tanneries, auquel sa canalisation souterraine ne permet pas un débit suffisant, envahit les caves des riverains, depuis la rue Brechimbault jusqu’au plan des Bouchers. Les abords de Saint-Gilles sont également inondes 3 des moutons périssent, submerges, dans une écurie de la rue des Noyers (Achille Roche). Aux environs de Moulins et le long du cours de l’Allier, les routes et les voies du chemin de fer sont coupées. Les pertes causées par cette crue sont considérables; une souscription est ouverte pour venir en aide aux sinistres”, (Alary).

1867– Hiver froid et neigeux ; été très chaud. Dans notre région, bonnes récoltes et excellentes vendanges. La qualité du vin, fut, dit-on, aussi bonne que celle du fameux “vin de la comète” en 1811.

1868 – Peu d’indications pour notre département ; les observations des correspondants ont été égarées. Nous savons seulement qu’il y eut de grands froids en Janvier.

1869– La foire de janvier a Moulins est caractérisée par un temps superbe ; on se croirait en avril. On cote le froment 26 Frs le quintal ; grosse quantité de porcs gras vendus 9 sous la livre 5. Dure période de grands froids durant toute la seconde quinzaine; gelées oscillant de –10 à –16°.

Printemps froid ; le jour de Paques (28 mars), notre région est couverte d’un manteau de neige, ce qui, dit le rédacteur de la Gazette Moulinoise, confirme bien le dicton : “Noël au balcon, Paques aux tisons”. Le 5 Avril, effroyable tempête sur tout le- centre de la France; à Moulins, on ne compte pas les branches cassées, cheminées abattues, dégâts de toutes natures aux immeubles. Mauvais temps en mai ; pluies trop abondantes, les blés jaunissent ; le foin est très abondant, mais difficile à rentrer en raison des intempéries. Moisson passable, le 13 Juillet, violent orage de grêle sur la région Saint-Pourçain – Louchy. Le 27 Août, c’est au tour de Varennes-sur-Allier – Montoldre. Fin septembre on se montre partout satisfait des vendanges ; il y a qualité et quantité. Le 15 octobre, le vin blanc du pays (Bresnay) se vend 48 à 50 francs les 225 litres. Automne et début d’hiver assez doux; froids vifs à partir du 27 décembre : -l4°.

1870 – L’année terrible le malheur était sur notre patrie et, comme s’il ne suffisait pas des douloureux évènements militaires, la nature elle même se fit complice de nos ennemis. L’hiver 1870-71 fut en effet un des cinq hivers du siècle les plus rigoureux il y eut à Moulins 22 jours de gelées en décembre et 23 en janvier, avec des minima de -10 a – 20°. Le 24 décembre, la terre était gelée à plus de trente centimètres de profondeur. L’Allier prise sur toute sa largeur, La campagne, fort heureusement, était recouverte d’une épaisse couche de neige qui protégea du gel les emblavures. Fait curieux. Le 26 octobre 1870, jour de la capitulation de Metz, se produisit la plus splendide aurore boréale qui se fut observée depuis longtemps. Elle se manifesta à partir de 8 heures du soir à Moulins où la population croyait voir un immense incendie, celui de Paris, peut-être ? Un moulinois, décédé il y a une dizaine d’années(1945), M. Fournier des Corats, alors a Alger, put contempler cette aurore sur la terre d’Afrique, fait extrêmement rare.

1871 – L’hiver ne se prolongea pas au-delà du début de février. On note 4 jours de gelée seulement en février et 5 en mars. Le printemps fut très doux et favorable aux cultures 3 l’été de 1871 extrêmement chaud, Par contre, l’hiver 1871-72 fut très précoce ; on compte en effet 15 jours de gelées en novembre et 26 en décembre, avec des froids intenses fin décembre ( -19° 5 le 26); Les frimas ne se prolongèrent  pas d’ailleurs en Janvier 1872. Les récoltes furent excellentes, en 1871, le vendange moins bonne, de nombreux plants de vigne ayant gelé en janvier.

1872 – Cette année compte le minimum des jours de gelée du XIXeme siècle. Il n’y eut aucune gelée du 19 mars au 24 novembre et seulement deux jours en décembre, avec minimum extrême de – 2° .

Le 4 février on put encore voir dans notre région une aurore boréale au debout de la nuit.

1873 – Assez nombreux jours de gelées en janvier et février,  mais on ne peut appeler rigoureuses des gelées ne dépassant pas -2° .

Il en fut d’ailleurs de même en novembre et décembre de la même année dont la température minimum extrême fut de – 2°3 !  Eté plutôt frais et pluvieux, presque sans orages. La récolte en blé fut de 81 millions d’hectolitres ; donc plutôt médiocre.

1874 – Neiges abondantes et froids vifs en janvier et février – 5 à – 8° le 11 février. Apres un printemps sec, l’été fut très chaud ; 38°5 en juillet. La moisson fut abondante, donnant 133 millions d’hectolitres.

Il en fut de même pour la vendange dont la qualité fut sans égale ou plutôt égale à celle de « l’année de la comète » : 1811. Nombreux orages de grêle. Le mois de décembre, avec 16 jours de gelées et un minimum de – 9°4, fut rigoureux. ll est a noter que la récolte de pommes de terre fut si abondante en 1874 qu’il fut impossible d’en vendre la totalité malgré les cours très bas ; le 6 octobre, à Montlucon, 4 francs l’hectolitre ! Quant aux vins de notre région ils se vendaient à la production, de 10 a 12 francs l’hectolitre

1875 – Gelées nombreuses en février, mars, mais froid très modérés. Printemps très pluvieux nuisant aux emblavures. La récolte en blé fut passable, avec 100 millions d’hectolitres .

Trente-six jours d’orages, nombre de beaucoup supérieur à la normale. L’hiver 1875-76 se fit sentir tôt avec de grands froids -17° le 8 décembre.

1879 – Tous les phénomènes météorologiques de cette année s’effacent devant le mémorable hiver 1879-80. Le mois de Novembre s’était déjà montré rigoureux avec vingt jours de gelées ; mais les froids de décembre furent à coup sûr les plus terribles du siècle. Le 4 décembre avait été très doux, avec un violent orage dans l’après-midi. A la tombée de la nuit, le vent tourna brusquement au nord et la pluie fit bientôt place à la neige qui, en épais flocons; ne cessa de tomber que le lendemain soir. Puis le ciel se découvrit et les températures ne cessèrent de décroître jusqu’au 10.  Ce jour-la, on nota sous abri un minima de – 26° et en pleine campagne de – 28 a – 32° . La gelée continua sans aucun dégel diurne jusqu’a la fin du mois avec des intensités diverses, soit de – 5° à -23°.

Fort heureusement, la couche de neige recouvrant le sol de 30 a 50 cm protégea les emblavures ; mais il n’en fut pas de même, malheureusement, des vignes et des arbres de toutes essences, Dans les bois, on entendait sans cesse de sourdes détonations ; c’étaient des chênes qui souvent fort gros, éclataient ; il en était de même de nombreux arbres fruitiers; Quant aux vignes, bien peu de ceps en réchappèrent. Les arbres les plus touchés furent les noyers, dont il fallut abattre un très grand nombre.  Inutile de dire que toutes les rivières furent gelées ; l’Allier porta pendant près d’un mois les plus lourds charrois.

1880 –  Une première débâcle se produit au début de janvier, qui provoque d’énormes dégâts, Voici une note d’un journal du Cher :”Les pertes résultant de la débâcle sur les cours d’eau sont incalculables; plusieurs ponts ont été emportés ou ébranlés ; de nombreux bateaux ontété écrasés par les glaces. Cet hiver aura été désastreux pour la Sologne ; toutes les sapinières, jeunes ou vieilles, sont gelées ; les arbres fruitiers sont également perdus. Chose curieuse, ce sont les arbres les plus vigoureux qui ont le plus souffert”. Et le journal ajoute, en parlant de la misère publique : “Ce terrible hiver va grever le budget d’une somme importante”.

L’État de ce temps-la, était-il moins généreux que de nos jours ? Toujours. est-il que le 5 janvier 1880, le maire de Moulins était informe que dans les secours alloués par le Parlement, la part de la ville de Moulins s’élevait à 5 500 Francs . Vers le 10 Janvier, les gelées reprenaient pour atteindre – l5° le 21 janvier. Apres quelques froids peu sensibles en février, le printemps se montra élément et très propice aux travaux saisonniers. La foire d’avril à Moulins fut très importante; les bœufs de travail valaient de 600 a 1000 Francs la paire ! au marche, les oeufs étaient offerts à 12 sous la douzaine, le beurre à 28 sous la livre ! Tout est relatif ! Notons en passant que ce fut le jeudi ler avril 1880 que fut inaugure le marché couvert de Moulins.

En mai, i1 y eut une éclosion prodigieuse de hannetons, qui causèrent de gros dégâts sur les arbres fruitiers ; une revue agricole note : « Une sorte d’impunité leur est assurée cette année par 1’absence presque totale de leur grand ennemi : 1e sansonnet ; l’hiver a été si dur que bien peu de ces curieux oiseaux ont survécu ».

Le mois de mai fut extrêmement sec. Fin mai, les apparences de récolte sont jugées médiocres ; il n’y a qu’une demi-récolte de foin. Le 10 mai orages de grêle ravagent de nombreuses communes bourbonnaises, dont les environs de Moulins et la region de Huriel.  A la louée du 24 juin, à Moulins, nous relevons cette note du journal : “Les domestiques étaient plus nombreux que les maîtres ; aussi ont-ils diminué de 70 a 80 F. Ce recul fait plaisir, car les prétentions des domestiques agricoles n’avaient plus de bornes. Leurs gages atteignaient des prix impossibles : on a payé jusqu’a 500 francs pour un valet de ferme, ce qui portait, avec la nourriture, ses journées à 3 francs ! Encore une fois, tout est relatif.

Il y eut en mai, de nombreux orages de grêles en Bourbonnais. Voici l’explication ahurissante qu’en donne un journal moulinois : “Les astronomes ( !) annoncent encore des orages de grêle en juin. Le voisinage dangereux des monts d’Auvergne en serait la cause principale. La neige qui couvre encore les hautes cimes nous envoie des courants d’air glacés, qui amènent ces brusques changements de température si désagréables en Bourbonnais. Ces courants congèlent les vapeurs qui montent de la terre ; celles-ci, sous l’effet du soleil, retombent durcies et cristallisées sous forme de grêlons ! Inepties !

Le 25 juillet il y eut des orages généralisés dans tout le centre de la France ; dans 1a région de Tronçais et vers Saint Amand , on ramassa des grêlons du poids énorme de 500 grs. Le 20 août, nouvel orage a grêle dans la région de Montluçon : à Désertines, le sacristain, monte dans le clocher pour sonner le tocsin, est foudroyé. Notons la première neige le 24 octobre et le passage d’un superbe bolide au-dessus de Moulins le 5 décembre 1880.

1881 – Les hivers se suivent, mais ne se ressemblent pas ; celui de 1880-81 se montra relativement clément . Il y eut cependant, en janvier, une “vague” de froid courte, mais sérieuse, puisque la température tomba, à Moulins, le 23, à -16°. On signale en février des bandes de loups dans les Cévennes ; on en tue une vigtaine a St-Boil (Saône-et-Loire) ; en Bourbonnais, le Maire de Saint-Sauvier signale, le 11 mars que les loups infestent en ce moment les écarts de la commune, Les habitants, dont les basses-cours et les bergeries sont constamment dévastées, réclament avec insistance des battues.

Dans la nuit du 12 au 13 avril, une très forte gelée cause des dégâts sur toute la France, Midi compris, A Moulins, ont note – 5°8.

Cela ne fut pas, certes, du goût des arbres fruitiers et de la vigne. L’été de 1881 fut extrêmement chaud et orageux. Le 5 juillet, la température, prise sous abri, s’éleva à  Moulins, à 40° 7. C’est surtout en juin que

les orages furent le plus nombreux ; le 6 dans la region de Tronget, 7 bœufs qui s’étaient réfugiés sous un arbre sont foudroyés. Le 22, dans tout le sud du département les récoltes sont dévastées par la grêle ; a Isserpent, on ramasse des grêlons du poids de 250 grs. De mai a septembre, dans notre département, quatre personnes sont tuées par la foudre, dont un berger de 70 ans, M., Ramon qui, près de Commentry, pour se protéger de la pluie, s’était mis a l’abri sous un buisson d’aubépine Z Et pourtant, à moins de 50 mètres, il y avait un arbre élevé que la foudre négligea. Les 21 et 22 juillet, ce fut au tour de Moulins et de la Sologne bourbonnaise ,d’être grêlés.

Le grand évènement de cet été fut une grande comète qui tint l’écran plus d’un mois ; elle doit, disent les gazettes reparaître sur notre ciel dans 74 ans; ce serait donc en 1955. Les récoltes furent bonnes pour les céréales, médiocres pour les fourrages, très inégales pour les vendanges ; la qualité du vin fut très bonne partout, en raison de la chaleur de l’été, Dans 1’Allier, 91 000 ha furent ensemencés en froment ; la récolte fut de 1. 230. 000 hectolitres ; poids-spécifique, 76 kil.‘ 57.

1882 – Pas de grands froids ; la plus basse température fut, à Moulins, de – 7° 6, le 22 janvier. Eté plutôt frais ; une seule température élevée : 33°2 le 15 juillet, Le début de 1’année fut très sec; du 1er janvier au 30 avril, il ne tomba que 74 mm d’eau. Il en tomba trop ensuite : 231 mm en juin et juillet. Notons un évènement astronomique assez rare : le 6 décembre, passage de la planète Venus devant le soleil ; il ne se renouvellera que le 7 juin 2004.

Le 15 juillet, ouragan et violent orage sur la région de Moulins et tout le nord du département; nombreux arbres arraches et brisés sur les promenades moulinoises, un domaine incendie par la foudre à Trévol. Chez nos voisins nivernais, le même orage dévaste la région de Decize. Fin juin; l’état des récoltes est jugé partout médiocre : mauvaise condition des blés, coulure de la vigne avec oïdium et, hélas phylloxera : les pommes de terre souffrent de l’excès d’humidité.

La vendange en Bourbonnais ne commença  qu·au début d’0ctobre, pour ne se terminer que vers le 20, En vérité, demi-récolte et qualité très discutable, Les prix s’établirent entre 110—et 120 Frs la pièce, pour le rouge, 90 a 100 frs pour le blanc, Signalons cette information plutôt humoristique d’un journal moulinois parue le 15 novembre : “Nous croyons savoir de bonne source que le projet du canal de Moulins à Sancoins est en très bonne voie” !!! Les élections étaient sans doute proches !

1883 – L’hiver 1882-83 fut aussi doux que le précédent ; par contre, les froids commencèrent assez tôt en automne et l’on notait le 8 décembre, a Moulins –15°. L’ete fut un plus chaud que celui de 1882. Maximum : 35 ° le 12 juillet. Année sèche, avec 540 mm de pluie.

La récolte de blé en France fut de 103 millions d’hectolitres ; en somme, une honnête”moyenne.

L’évènement le plus important de cette année fut la formidable éruption du Frakaton, le 25 août. La vague atmosphérique provoquée par ” cette gigantesque bombe tellurique fit faire a tous les baromètres enregistreurs dans le monde entrer un “crochet” dans les deux sens de 2 a 6 mm, A partir du mois de septembre et jusqu’a la fin de l’année, on observa, aussi bien en Bourbonnais que dans le monde entier, de magnifiques lueurs crépusculaires dues vraisemblablement, à la réfraction des rayons solaires sur des amas de poussières ténues lancées dans la haute atmosphère par l’extrême violence de l’éruption.

Parvenu a une époque contemporaine que beaucoup d’entre nous auront vécue, nous abrégerons l’énumération des évènements d’ordre météorologique qui intéressent notre région, aussi bien il nous faut constater que de plus en plus les anciens chroniqueurs ont été remplaces par des statisticiens ; autrefois on décrivait un hiver par la rigueur des frimas,leurs conséquences sur la vie animale et végétale ; de nos jours, les phrases sont remplacées par des chiffres ou des diagrammes, Ce que l’on perd en originalité et couleur locale, on le gagne en exactitude. C’est ainsi par exemple que l’on ignore l’ordre de grandeur des grandes gelées de l’hiver 1709 ou des chaleurs extrêmes de certains étés antérieurement, à l’invention du thermomètre. Il en est de même pour tous les facteurs météorologiques, aujourd’hui mesures avec minutie, seule, la presse c’est souvent bien heureux pour les rédacteurs de journaux – brode à longueur de colonne sur “la pluie et le beau temps” ! Reprenons notre revues en l’abrégeant.

1884– Hiver 1884-85 débutant par des pluies et un temps doux. Le minimum de l’année fut de – 6°5 le 20 novembre ; le maximum de l’été fut de 36°5 le 15 Juillet. Année Sacha avec 550mm, de pluie, Nombreux orages et – un record – six personnes tuées par la foudre dans notre département. La moisson fut `excellente pour l’ensemble de la France ;114 millions d’hecto1itres.

1885 – Un peu de froid en Janvier avec un minimum de – 9° le 22. Neige assez abondante, été froid, le maximum 33° fut note le 10 Août. Trois jours seulement eurent une température excédent 30°.  Orages peu fréquents. Un seul cas de chute de foudre mortel. Récolte de froment, 107 millions d’hectolitres.

1886 -Hiver très doux, la plus basse température – 8° se fit sentir presque au début du printemps, le 10 mars. L’été fut très chaud et orageux. On nota 38° le 21 Juillet. La grêle dévasta de nombreuses communes bourbonnaises, en particulier le vignoble montluçonnais.  Quatre personnes furent tuées par la foudre dont un enfant qui s’était mis à l’abri de la pluie sous un platane de l’avenue de la gare à Gannat. Le fluide était il attiré par l’arbre ou l’être humain ? Question que nous nous sommes posés bien souvent en étudiant les cas de foudroiement !

1887 – L’hiver 1886-87 ne se montra rigoureux qu’en février. On nota quelques basses températures du 11 au 20 : – 12°5 le 11 février. La neige fort heureusement protégea les emblavures. Les conditions printanières ayant été bonnes (longues durées d’insolation), la récolte de froment fut satisfaisante : 112 millions d’hectolitres. Si l’hiver avait été sec il y eut par contre en été de nombreuses journées pluvieuses de 210 mm d’eau en trois mois. Les 17 Mai et 4 Juillet orages a grêles dans la région de Moulins. Les grêlons tombés le 17 mai avaient cette particularité d’être recouverts d’aspérités (observations de M de Rocquigny).

Trois victimes de la foudre dans l’Allier en 1887.

1888 – Encore un hiver tardif, ses rigueurs ne se firent sentir`qu’en fin Janvier et tout le mois de février, Le minimum extrême fut de -16° le 31 Janvier, I1 y eut dix-huit jours de gelée en février et 17 en · U ‘ mars. Les mois d’Avril et Mai furent heureusement éléments mais trop pluvieux. Les blés touchés par les gelées tardives ne donnèrent qu’une récolte médiocre ; 95 millions d’hectolitres, Eté frais et sec, peu orageux, deux personnes foudroyées dans les champs en 1888.

1889 – Hiver 1888-89 doux, été assez chaud : maximum 36° le 2 septembre, automne frais, froids vifs en décembre – 11° le 10 décembre. Pluviosité assez bien répartie ; la récolte de froment fut bonne avec 110 millions d’hectolitres, Il n’y eut pas moins de huit orages de grêle, dégâts importants aux vignobles de St-Pourçain. Les cas de foudroiement furent nombreux ; six personnes dans le département y trouvèrent la mort,

1890 – Si l’hiver 1889-80 fut relativement clément, il n’en fut pas de même du suivant. Monsieur de Hocquigny observa à Balaine, 51 jours consécutifs de gelée du 26 novembre 1890 au 21 Janvier 1891. L’Allier fut prise durant trois jours ; pour éviter les dégâts de la débâcle, l’on fit sauter la glace à la dynamite vers les ponts. Il n’y eut pas moins de 112 jours de gelée en 1890, c’est a ce point de vue le record du siècle. La plus basse température de 1890 fut de -12° 5 le 28 novembre. En janvier 1891 les températures s’abaissaient davantage comme nous le verrons plus loin. Fort heureusement une épaisse couche de neige recouvrit le sol, protégeant les blés. Eté chaud avec maxima de 36° le 18 août. Le printemps a été très pluvieux, automne très sec. Huit orages à grêle, et deux personnes tuées par la foudre.

1891– Nous avons dit que l’hiver 1890-91 avait été un des plus rigoureux du siècle. La température normale de l’hiver dans la région de Moulins est de 2° 9 ; celle de l’hiver 1890-91 tomba à – 0°4. La plus basse température fut de – 18° le 18 janvier ; bien que très basse, elle ne peut se comparer à des minima de – 26 at 30° comme en 1789 et 1830.

Mais on compta 31 jours de gelées en décembre 1890, 26 en janvier 1891,24 en février et 12 en mars ; à ce point de vue, aucun hiver du- XIXeme siècle ne totalisa autant de jours de gel. Ajoutons qu’il y eut de janvier à avril une épidémie d’inf1uenza ou grippe maligne qui fit de grands ravages dans la population. Il n’y eut pas, durant l’été, de fortes températures ; maximum: 33° le ler Juillet. Au point de vue pluviosité, hiver sec, printemps et automne très pluvieux, Nombreux orages en mai-juin ; six victimes de la foudre dans le département. Les blés furent durement touches par le froid; la récolte ne fut que de 77 millions d’hectolitres.

1892 – Hiver 1891-92 encore très froid et surtout tardif. La plus basse température – 11°5, se fit sentir le 18 février. Il y eut 22 jours de gel en Janvier, 11 en février, 17 en mars, 5 en avril et 2 en mai. L’été fut, par contre, extrêmement chaud, avec un maximum de 39°6 le 18 août, Ete et automne orageux ; averse orageuse copieuse : trois personnes foudroyées dans le département. Bonne récolte de céréales ; rendement moyen par hectare de froment, 199 quintaux ; poids de 1’hectolitre, 77 kilos, Deux phénomènes lumineux furent observes dans l’Al1ier en 1892 : le 4 février, une aurore polaire, et le 12 août, à 22 h 45, un magnifique bolide coïncidant avec une pluie de nombreuses étoiles filantes.

1893 – Hiver 1892-93 extrêmement rigoureux. Un notait – 12 ° le 1er janvier. On patinait ferme à la gare aux Bateaux. C’est surtout à partir du 12 janvier que les froids prirent un caractère excessif ; le 13 Janvier – 15° ;le 16, – 19° ; le 17 -21°, et enfin le 18, – 23°5.

L’Allier était totalement prise, ce qui ne s’était vu depuis le mémorable hiver 1879-80 ; la débâcle des glaces se produisit du 24 au 26 janvier. Février fut doux et pluvieux ; crue de l’Al1ier le 22.

Et maintenant, avec le mois de mars, il faudra dire adieu à la pluie, et cela pour bien longtemps ; ce sera la “grande sécheresse” de 1893, dont on parlera longtemps, sécheresse d’autant plus néfaste qu’elle survint à l’époque ou les plantes ont un besoin absolu du liquide nourricier d’avril en juillet. Fin avril, on se plaint déjà de la sécheresse. Le rédacteur d’un journal moulinois explique spirituellement (?) cette anomalie du temps par le fait “que l’employé charge la-haut de repartir les pluies a fait la connaissance d’une étoile, laquelle l’a détourné de ses devoirs”!

En mai, on prend la chose au sérieux : les récoltes sont compromises et, bientôt, l’a1imentation du bétail posera un problème grave . A la cathédrale de Moulins, on fait des processions pour amener un changement de temps. Hélas !

La fenaison ne donne pas un tiers de la quantité normale. Fin mai, le Gouvernement importe des fourrages de l’étranger ; les conservateurs des Eaux et Forets sont invites à permettre la cueillette des feuilles de certains arbres.

En juin, les foirails abondent en bêtes étiques, mais les trois-quarts restent invendues, Un cite le vas de vaches vendues 10 francs pièce. Les bouchers ne baissant pas pour cela leurs prix au détail.

Il s’ensuit des articles virulents de la presse. Le maire de Moulins taxe alors la viande. Bœuf, 0 F 70 le kilo; porc, 0F 85 ; moutons, O F 85. Le 12 juin, les arrivages sont, à la Villette de; 6 300 têtes de bétail contre une moyenne de 2. 800 têtes. Les céréales de printemps sont perdues. Les blés résistent, mais l’épi est petit, “et il n’y aura pas de paille. Le 22 juin, le journal signale la chute des feuilles des tilleuls des cours . “On se croirait a la Toussaint”. La situation agricole et les pertes énormes des agriculteurs ont leur répercussion sur les gages des domestiques. A la louée de Saint-Jean à Moulins, un fermier offre 25 F par an a un domestique adulte.

Comme s’il n’était pas assez de la sécheresse, un orage a grêle dévaste, le 27 juin, les environs de Moulins : Bressolles, Avermes, Neuvy, etc . . .»

Enfin le 11 juillet tombe une pluie abondante, mais encore très insuffisante, et puis d’ailleurs, le mal est fait.  Comme la sécheresse intéressait toute l’Europe Occidentale, en juillet, la plupart des pays prohibèrent l’exportation des fourrages. On fit venir en France une sorte de jonc recueilli sur les marais de l’Italie septentrionale ; les bêtes, cependant affamées, refusaient cet aliment, d’une odeur nauséabonde. Le mois d’août fut extrêmement chaud ; la vigne elle-même qui jusque la, avait “tenu le coup”, souffrit beaucoup. Efin, dans la deuxième quinzaine des pluies qui en septembre devinrent copieuses, remédièrent à cette situation ; la vendange eut lieu Saint-Pourçain vers la mi-septembre. Inutile de dire que la qualité du vin fut hors de pair. Aux foires d’automne, on assista, ce qui était à prévoir, à une hausse considérable du bétail.

Octobre fut extrêmement pluvieux, à tel point que les semailles étaient très en retard, Novembre fut enfin un mois normal, ce qui ne s’était vu depuis longtemps. Ajoutons que la grippe-influenza fit encore de nombreuses victimes en février mars 1893.

1894 – L’hiver 1893-94 ne fut pas aussi rigoureux que le précédent ; cependant, il y eut, en janvier une “vague” de froid avec un minimum de – 18° le 4 janvier. L’été fut modérément chaud ;le maximum étant de 34°8 le 7 juillet. Chose curieuse, les orges furent rares et, pour la première fois depuis bien des années, aucun être humain ne fut tue par la foudre dans le département. On put voir a Moulins, en 1894 deux aurores polaires, l’une le 28 février, à 8 heures du soir, dessinant un arc de nuance blanc-rose ; l’autre le 13 novembre se présentait sous l’aspect de taches nébuleuses de couleur rouge amarante.

Nous trouvons dans un journal moulinois une note signée : “Dr Yves”, dont voici le passage principal : “La neige ne tient jamais à Villefranche-d’Allier, elle y fond au fur et a mesure qu’elle tombe ; les gelées ne sont jamais très fortes. Cela tient au “courant iso thermique( !!!) dont l’axe passe juste sur le bourg”, Est-il permis d’écrire semblable calembredaine !

1895 — L’hiver 1894-95 fut extrêmement rigoureux ; les plus basses températures se firent sentir en février avec un minima de – 20° 5 le 2 de ce mois. Fort heureusement une forte couche de neige protégea les emblavures. Le 23 janvier, au cours d’une tourmente de neige, un éclair unique accompagné» d’un fort coup de tonnerre fit d’abord croire – étant signalé sur une vaste région au passage d’un bolide. C’était cependant bien un phénomène électrique, le clocher de l’ég1ise  de La Féline ayant été frappe par le fluide.

M. Ollivier, président de la société scientifique, fait remarquer que toutes les températures minima de février sont inférieures à zéro. Il faut remonter, dit-il, jusqu’en 1740 pour retrouver, en ce mois, une telle continuité de basses températures”.

Il n’y eut aucune anomalie thermique pour les autres saisons, sinon que le maximum extrême de l’été : 33′ 6 n’eut lieu que le 9 septembre. Pluviosité abondante, surtout au printemps ; le volume d’eau annuel fut de 844 mm, soit près du double de celui de l’année précédente.

Très nombreux orages en 1895, dont dix avec grêle ; trois victimes de la foudre. Nous relevons dans les notes de cet esprit curieux des choses de la nature que fut Francis Perot, le passage suivant : “En 1895, le Vendredi Saint, les astres, gravitant autour du soleil, occupaient la position qu’i1s avaient le même jour ou Jésus-Christ mourait sur la croix ; il y avait 1862 ans. A 4h20 du matin, la lune passait devant l’Epi de la Vierge et cacha cette constellation pendant près d’une heure. Bien que rien d’anormal se soit observe en ce jour, nous avons tenu a signaler cette singulière coïncidence”.

1896 – L’hiver 1895-96 fut plus clément que le précédent, bien qu’en janvier une “vague” de froid amena des minima de –10° à –15° dans notre région ; février fut relativement doux, On nota en mars des températures anormalement élevées dans la seconde quinzaine; on releva un maximum sous abri de 26° le 22 mars, température non encore atteinte à cette date. L’été fut modérément chaud ; malgré cela, de nombreux et violents orages, dont deux à caractère cyclonique, dévastèrent notre région. Des pluies extrêmement abondantes accompagnèrent ces orages ; du 20 juin au 20 septembre. Il ne tomba pas moins de 260 mm d’eau a Moulins, le double des précipitations de l’été 1952 .

Quatre personnes furent tuées par la foudre dans l’A1lier en 1896. Les moissons furent compromises par l’abondance et surtout la fréquence des averses : 38 jours de pluie en été. Il en fut de même de la vendange, effectuée tardivement. Le volume annuel des précipitations s’éleva, à Moulins, à 870 mm contre une moyenne d’environ 700 mm.

1897 – L’hiver 1896-97 fut relativement doux; la plus basse température: – 8° eut lieu le 23 décembre. L’été fut extrêmement orageux et pluvieux, avec 268 mm d’eau en trois mois ; beaucoup de récoltes, furent, de ce fait, compromises. Mais le fait capital de cet été fut dans notre département la fréquence des orages a grêle (17) et surtout le désastreux ouragan de grêle qui, le 30 juin, anéantit toutes les cultures de Contigny à Villeneuve sur une largeur variant de cinq cents mètres à quatre kilomètres. Je garde le souvenir de cette nuit de cauchemar ou, après un bombardement de 20 minutes par des grêlons pesant jusqu’à 800 grammes et de formes étranges, les maisons ne gardaient plus de leurs toitures que les chevrons : tuiles, ardoises, lattes, tout était haché. Le lendemain, sur le cours de Bercy, jonché de branches, je remplis un grand panier d’oiseaux tues par la grêle. Inutile de parler des cultures ; céréales, légumes, arbustes, vigne même, tout était pilé, sectionné, recouvert de plusieurs couches de grêlons.

M de Rocquigny, alors président de la commission météorologique et grand observateur des phénomènes de la nature fit le rapport suivant : “La grêles du 30 juin, aux si désastreuses conséquences pour la région moulinoise, à présenté quelques particularités intéressantes. Ce jour là, des le matin il avait tonne ; il y avait eu déjà, vers 6 heures du soir, un violent orage avec pluie diluvienne. Des orages successifs se poursuivirent à la tombée de la nuit. Tout à coup, à 10 h 15 du soir, un crépitement croissant extrêmement violent éclata sur les toitures et vitrages : des grêlons énormes s’abattaient , brisant tout ; vitres, tuiles, ardoises, dévastant la campagne, tuant des animaux, blessant des hommes, Cela dura jusqu’a 10 h 30 ; en un quart d’heure, le désastre était consomme. Le fracas de la grêle était d’autant plus grand que, durant le bombardement, malgré un  flamboiement électrique intense, le tonnerre s’était tu.

“Cette absence de tonnerre pendant la grêle ; sous un ciel flamboyant, a été observée par M. Tirel, de l’Université de Lausanne, et par divers météorologistes. La dimension des grêlons a varie de la grosseur d’une bille a celle d’un oeuf d’oie. Le 1er juillet, en parcourant la campagne, nous avons observe vers 10 heures des tas de grêlons dans les fosses où derrière les talus. Le sens du ruban de grêles est indique par l’examen de la chapelle d’Avermes, orientée S. O – N. E. Les vitraux des faces sud et ouest sont troués par les grêlons ; ceux des faces nord et est sont indemnes. Les effets de cette chute de grêles ont été catastrophiques sur tout le passage du météore. L’instituteur d’Avermes, M. Boguet, nous a montré un arrosoir en zinc troue comme une écumoire. La délimitation entre les zones frappées et indemnes et parfois d’une netteté absolue. A cent mètres de distance, on passe de la grêle a la pluie, d’une toiture démolie a une autre indemne. Ajoutons que cet orage a déversé sur Moulins 40 mm d’eau, moyenne normale de trois semaines.

1898 – Les mois de janvier et février 1898 furent relativement doux ; la plus basse température de l’année fut de – 8° 5 le jour de Noël. L’été fut extrêmement chaud : 39° le 31 août. L’hiver et l’été furent très secs : 72 mm d’eau de juin à fin août. Le printemps, par contre, avait été normalement pluvieux. Peu d’orages, dont un seul a grêle ; une victime de la foudre dans le département.

Trois phénomènes célestes signales par M de Rocquegny. Le 9 septembre, de 9 heures du soir à minuit, une superbe aurore polaire, faisant suite a 1’apparition d’un fort groupe de taches solaires.

Le 25 décembre, après la messe de minuit, on put voir un bolide traverser le ciel d’est en ouest ; il fut signale du Jura au Bordelais. Enfin le 27 décembre, éclipse totale de lune observée dans d’excellentes conditions .

1899 – Nous sommes dans une période d’hiver anormalement doux. Les mois de janvier et février 1899 ne furent guerre qu’un automne attardé ou un printemps précoce. C’est a peine s’il y a quelques faibles gelées et nous relevons les notes suivantes de M. de Rocquigny : “Le 7 janvier, temps doux et orageux, deux coups de tonnerre ; le 8, le thermomètre monte e 12’8 5 le 9, e 14° ; orage dans la soirée, forte pluie ; le 10, on trouve des pâquerettes fleuries ; le 16, 13° ; le 18, essaims de moucherons ; le 20, 12°5 3 le 22, 13° ; le 27, ortie blanche en fleurs”. Le printemps fut extrêmement pluvieux avec 250 mm d’eau ; l’été, par contre, sec et chaud, surtout en août ; 38° le ler. Les orages ont été si nombreux et si violent en 1899, écrit M. de Rocquigny, que bien peu de régions ont été indemnes. Les environs de Moulins ont été surtout éprouvés par l’orage à grêle du mois de mai. Ceux du mois de juillet ont été  redoutables sur une grande étendue en Bourbonnais. Le 3 novembre, violent orage venant de la Creuse, passant à Montluçon ou la foudre fait une victime, à Moulins et allant finir vers Gannay sur Loire. Enfin, le 31 décembre, dernier jour du siècle, à 9 heures du soir, le tonnerre gronda jusqu’à minuit.

L’orage du 3 novembre fut précédé de journées estivales “Le 2 novembre, à 14 heures, nous avons noté près de Moulins 23°, température remarquablement élevée pour la saison”. A l’Observatoire du Parc Saint-Maur, M. Renou a observé 22°4, maximum le plus élevé d’une période d’un siècle et demi. Le 27 octobre, remarqué un lilas en fleurs à Panloup. Le 30 octobre, 22°5 et 3 heures du soir; liserons et grande marguerite en fleurs. ·

Le 18 novembre, nombreux lézards le long des murs. Le 21 novembre, les ormes de la levée sont toujours bien feuillus et presque verts. Le 1er décembre, saules pleureurs presque verts. Le 9 décembre les futaies de chênes ont encore leur feuillage dense et à peine roussi.

Une très forte gelée de –10° dans la nuit du 10 au 11 décembre ramène  le cours normal des choses.