Année 1900- M. de Rocquigny note que l’hiver 1899-1900 fut très doux, en dépit de quelques journées froides en décembre 1899 et de la forte chute de neige du 29 janvier 1900. Il signale ce fait que janvier 1900 fut doux et pluvieux comme janvier 1800. La température la plus basse de toute l’année 1900 fut de – 7° le 5 mars, ce qui, en vérité, n’est pas bien méchant. Très fortes chaleurs en juillet avec 39″ le 16. Très forte pluviosité atteignant 240 mm. en hiver, 156 mm. au printemps, 253 mm en été et 184 mm en automne. Il y eut de nombreux orages mais moins désastreux que les trois années précédentes. Deux tués par la foudre dans l’Allier.
Année 1901- Au cours d’une réunion de la Société scientifique du Bourbonnais du début de janvier 19. M. de Rocquigny fait remarquer que, depuis l’hiver froid et traînant en longueur de 1894-95, tous les hivers sans exception ont été doux ou peu rigoureux. A ce propos, il rappelle que la courbe des jours de gelées, groupés par périodes décennales de 1835 à 1894, lui avait permis d’annoncer comme probable cette diminution des froids pour la période 1895-1904. En matière de prévision du temps à longue échéance, on ne saurait être trop prudent. M. de Rocquigny fut démenti à bref délai. Le 6 janvier, on notait – 11° et il y eut treize jours de gelées en ce mois. Il y en eut 22 en février, avec un minimum de – 19° le 22 ! La neige couvrit le sol sans interruption du 6 au 26, fort heureusement d’ailleurs pour les emblavures. Il y eut encore, en mars, huit jours de gelées, avec – 6° le 29 et une forte pluviosité : 129 mm. Avril fut plus doux, pluvieux et orageux (cinq orages). Mai, par contre, fut sec, mais très chaud : 33° le 31, avec 13 jours d’orages.
Année 1902 – L’hiver 1901-02 passe à peu près inaperçu avec de très faibles gelées n’excédant pas – 5° . Par contre, tant en hiver qu’au prin-temps, la pluviosité fut très abondante. Eté sec et modérément chaud ; maximum : 3 7° le 4 Juillet. A signaler, parmi les nombreux orages de cette année celui du 12 avril, particulièrement violent sur Moulins. La foudre tomba à quelques minutes d’intervalle sur une maison de la rue Voltaire et sur la grande tribune de l’hippodrome, laquelle, en quelques instants, fut réduite en cendres. Au sujet de ce coup de foudre, M. de Rocquigny fait cette remarque :”Comme chacun sait et suivant la croyance populaire en Bourbonnais, la foudre tombe en pierre et en feu ! Au champ de courses elle est évidemment tombée en feu car l’incendie fut immédiat et les pompiers dès leur arrivée ne purent que noyer les décombres. M. de Rocquigny note l’avance anormale de la végétation au début de 1903. Au parc de Baleine, les violettes, un mahonia, des acaules qui ont des fleurs épanouies le 5 janvier : le 6, les noisettes sont en fleur, les abeilles sortent et le papillon citron prend ses ébats au soleil. Le 10 Janvier, les pâquerettes sont complètement épanouies et l’on voit poindre les feuilles nouvelles du sureau. Hélas ! à partir du 12 de durs frimas allaient mettre ordre à ces anomalies. C’est le 8 mai 1902 que l’éruption de la Montagne Pelée anéantit en quelques instants la ville de Saint-Pierre-de-Martinique et ses 30. 000 habitants. Comme en 1831 après la grande éruption de l’Etna et en 1883 après celle du Krakatoa, des lueurs crépusculaires d’une belle teinte rouge-orange furent observées plusieurs mois après l’éruption, dans le monde entier. En Bourbonnais, M. de Rocquigny et “l’Abbé Pierre” les signalent de novembre 1902 à janvier 1903 dans les notes à la société scientifique. Ces lueurs provenaient des innombrables débris corpusculaires lancés à très haute altitude participant ainsi à la rotation du globe, et d’effets d’optiques, renection et réfraction. M. de Rocquigny note cependant que les lueurs de 1902 n’eurent pas la majestueuses splendeur de celles de novembre et décembre 1883.
Année 1903 – L’hiver 1902-03, sans être très rigoureux, fut néanmoins froid avec des minima assez bas : – 14° le 16 janvier 1903 : – 10°° le 18 février et – 6° le 20 avril ! Il y eut quarante jours de gelées durant les troispremiers mois et sept jours de neige. Printemps et été très pluvieux. Nombreux orages et grêle dans le département en Juin et Juillet et quatre personnes tuées par la foudre. Le 31 octobre, à la suite du passage sur le disque solaire d’importants groupes de taches, eut lieu une tempête magnétique intense accompagnée de courants telluriques et d’aurores polaires. En France les communications télégraphiques furent rendues impossibles toute la journée. L’hiver 1903-04 fut doux, le minimum thermique, le 1er janvier, ne descendant qu’à – 7° . Dans la Montagne Bourbonnaise, on ne signale qu’un peu de neige dans la nuit du 15 au 16 février, fait plutôt rare, en cette région, l’hiver et le printemps furent, par contre extrêmement pluvieux ; juillet et août très chauds (38° 5 le 19 juillet), avec de nombreux orages. Automne doux et sec. Bonnes récoltes en céréales : vendanges abondantes.
Année 1905 – Hiver, et en particulier mois de janvier très froid; on note – 16° le 3 et 21 jours de gelées en ce mois, avec quatre fortes chutes de neige. Le maximum barométrique de janvier, 783 mm fut remarquable, il n’avait pas été relevé depuis 34 ans. Février fut non moins rigoureux, avec 6 chutes de neige et 15 jours de gelées, dont un minima de – 13° le 12. Le printemps et l’été furent pluvieux et sans chaleurs. La température de 30° ne fut atteinte qu’une fois, le 27 juillet. Plusieurs orages à grêle et quatre personnes foudroyées dans le département. On signale l’arrivée de la fauvette à tête noire le 26 mars, de la huppe le 2 avril, des hirondelles le 5 avril, du coucou le 7, du rossignol le 12, des martinets le 26, du loriot le 3 mai. Grandes taches solaires les 3 février et 17 juillet.
Année 1908 – L’hiver 1907-08 fut relativement doux, minimum – 10° le 12 janvier, sans chutes de neige importante. Le printemps fut très pluvieux avec 240 mm d’eau. Crues générales des cours d’eau en mars : l’Allier fut parmi les plus sages, sa cote ne dépassant pas 2 m 50 au pont Rége-mortes. Avril eut des températures remarquablement élevées au début et très basses à la fin ; le 22, des gelées de – 3° à – 5e causaient de graves dégâts aux cultures. Eté plutôt frais : maximum : 33e le 20 août. Très nombreux orages en juillet et août. Au cours de celui du 20 juillet, M. Cllivrer, des Ramillons, mesure 65 mm d’eau ! Oh discute âprement sur l’efficacité des engins dits “paragrêle” ; nous nous souvenons d’avoir vu un de ces petits canons, évasés en forme de tromblon par le haut, faisant beaucoup de bruit et malheureusement aussi parfois beaucoup de mal aux artilleurs improvisés, sans pour autant exercer le moindre effet sur les nuages à grêle. Leur portée était en effet ridiculement faible : 3 à 400 mètres environ, c’est-à-dire à 800 mètres pour le moins de la base du nuage ! Devant les insuccès répétés du procédé, et malgré une foi bien mal récompensée, les vignerons abandonnèrent vers 1910, le canon pour un nouvel engin tout aussi inopérant : la fusée.
Année 1909 – L’année commence par des froids vifs : – 14° le 1er janvier mais à partir du 15 de ce mois l’hiver était pratiquement terminé. Légère secousse sismique le 2 janvier dans le sud du département . A noter quelques gelées de printanières assez fortes en mars et avril. Très fortes pluies orageuses en juin (128 mm).
Le phénomène le plus intéressant de cette année fut sans contredit la tempête magnétique du 25 septembre, conséquence de la présence sur le disque solaire d’importants groupes de taches, des courants telluriques circulant sur les lignes télégraphiques empêchèrent tout trafic pendant plusieurs heures. Le soir, vers 21 heures, on peut admirer aussi bien à Moulins que dans presque toute la France la plus belle aurore polaire qu’on ait vu depuis le 26 octobre 1870. Ce 25 septembre dans la matinée, le dirigeable militaire “République” s’écrasait à huit kilomètres de Moulins sur la route 7. On peut se demander s’il n’y eut pas corrélation;entre la présence des courants telluriques parasites et une panne possible des magnétos qui se trouvaient à bord du navire aérien. Il y a là en tout cas une troublante coïncidence.
Année 1910 – Ce fut, pourrait-on dire, sinon l’année du déluge, celle du moins des pluies continuelles et des grandes inondations.
Dès le début de janvier, des pluies anormalement abondantes pour la saison grossirent tous les cours d’eau du bassin parisien. Vers le 20 janvier, le fleuve monte avec une extrême rapidité et envahit de nombreux quartiers de la capitale et de la banlieue. Sa cote maximum atteint 8 m 62 au pont d’Austerlitz, dépassant les plus fortes crues de 1802 et de 1740, atteignant presque le niveau de celle de 1658. Nos rivières bourbonnaises furent plus sages, les pluies ayant été beaucoup moins importantes dans le Massif Central que dans le bassin parisien : l’Allier ne cotait que 1 m 30 le 21 janvier. Février fut extrêmement pluvieux, avec 13 mm d’eau ; le 20 février crue plus considérable de la Loire et de l’Allier (2 m 10 au Pont de Régemortes Mars et avril furent relativement secs, mais à partir de mai les caractères célestes s’ouvrent pour plusieurs mois. On mesure : En mai, 156 mm d’eau ; en juin, 152 ; en juillet 117 ; en août, 113 ; en novembre 138, et enfin en décembre, 195 mm, soit pour Moulins une hauteur annuelle de 1. 237 mm contre une moyenne normale d’environ 700 mm 170 jours de pluie contre 120.
L’année fut, on le pense bien, très mauvaise pour la plupart des cultures. M. Dupont, professeur d’agriculture à Moulins, le faisait ainsi ressortir dans son rapport :
“Mauvaise pour toutes les récoltes, l’année 1910 a été désastreuse pour certaines, notamment pour la vigne et les pommes de terre. Elle s’est caractérisée au point de vue agricole, non seulement par son excessive humidité mais aussi par la multiplication extraordinaire des parasites de toute sorte, végétaux et animaux, qui ont attaqué les cultures et le bétail. Les céréales, ont été envahies par les mauvaises herbes. Beaucoup ont versé ; la coulure au moment de la floraison a été générale ; enfin, la moisson n’a pu s’effectuer qu’avec beaucoup de difficultés. Aux battages, la récolte est apparue encore plus faible qu’on ne prévoyait ; depuis vingt ans, le Bourbonnais n’avait eu une si mauvaise récolte de céréales.
“Dès le mois de juin, les pommes de terre ont été attaquées par le mildiou ; la récolte a été réduite des deux tiers. Dès les premiers jours de juin, toutes les vignes ont été envahies par le mildiou ; tous les sulfatages -quels qu’aient été leur nombre, se sont montrés inefficaces. En Juillet, plus des neuf dixièmes des vignes du département, avaient entièrement perdu leurs feuilles et leur récolte. En définitive, la récolte en vins dans l’Allier ne s’est montée qu’à 10. 000 hectolitres environ, alors qu’elle s’élève en moyenne à 450. 000 hectolitres ! etc . . .
Année 1911 – Hiver assez froid : – 11° le 16 janvier. Le 4 du même mois, une légère secousse sismique est ressentie dans le Cher et dans la régior de Troncáis, printemps froid et sec : le 22 Avril, à 8 heures, un bolide “gros comme un ballon de football” ! ¡ (sic) traverse le ciel moulinois d’ouest en est ; il est très lumineux et de couleur vert clair.
Pluies abondantes en juin ; crue de l’Allier, 2m20. Juillet est, par contre, très sec; le 30, un véritable cyclone balais tout le département, brisant quantité d’arbres et abattant de nombreuses cheminées ; cette tempête cause une véritable panique parmi la foule assemblée dans la cour du Lycée Banvill pour la distribution des prix. L’estrade est démolie, le buste de la République brisé, etc.. .
Chaleur extrême en août et septembre : 39° le 18 Août. Automne très doux et pluvieux. Selon le rapport de M. Dupont, les rendements de toutes les récoltes ont été nettement inférieurs aux moyennes en raison de la sécheresse d’été. Quant à la vigne, demi-récolte par suite des dommages causés l’année précédente par le mildiou et par de gros dégâts dus à la cochyllis.
Année 1912 – Hiver doux et même trop doux pour les emblavures ; printemps sec et plutôt froid. Le 27 mai, une forte gelée cause de gros dégâts aux pommes de terre, haricots, etc. . . Orages fréquents en juillet. “Les fusées paragrèle, dit un journal, luttent vaillamment contre le fléau : on se montre satisfait en certains lieux, moins en d’autres”.
Les fusées faisaient sans doute un excellent effet là Où la grêle ne devait pas tomber.
A partir d’août, les premiers frimas se font sentir, et des gelées blanches dès le 2G septembre ; la maturité du raisin en est retardée et la qualité du vin de 1912 est fort médiocre. Automne doux et sec, favorisant les emblavures. Récoltes peu satisfaisantes suivant le rapport des Services agricoles. Enfin, apparition de la fièvre aphteuse en Bourbonnais.
Année 1913 – La dernière année de paix se montra clémente au point de vue météorologique et très satisfaisante pour toutes les cultures. Pas de grands froids, un seul minima assez bas de – 8″ le 23 février. Eté plutôt frais, la plus haute température n’atteignant que 30e 6, non en été, mais au printemps, le 30 mai !
Années de guerre 1914-1918. Durant la grande guerre, les stations départementales cessèrent toute activité. Seul le poste de l’Ecole normale d’instituteurs de Moulins continua ses observations thermiques et pluviométriques. Nous ne donnerons donc qu’un rapide résumé des conditions météorologiques de ces années tragiques.
Année1914 – débuta par des froids vifs : – 13° le 17 janvier, et des neiges assez abondantes. Le printemps fut agréable et propice aux cultures. Juillet et Août furent très chauds ; j’en appelle au souvenir des anciens poilus qui firent la Belgique ou la Lorraine.
L’hiver 1914-15 fut relativement doux : – 9r comme minimum le 30 Janvier. Printemps très humide et été frais : maxima, 31e le 9 août.
L’hiver 1915-16 n’eut pas non plus de températures basses, mais fut par contre extrêmement neigeux (Verdun ! ). L’été fut frais et très pluvieux. On se souvient que l’offensive de la Somme fut très souvent contrariée par le mauvais temps et “la boue de la Somme” devint proverbiale.
L’hiver 1916-17 fut d’une rigueur extrême ; les grands froids débutèrent subitement le 23 janvier ; on notait – 16°le 24 et – 20e le 30, à Moulins bien entendu, car dans le Nord et l’Est, des températures de – 25 à 30° furent observées. Inutile de dire que, dans les tranchées, les souffrances furent vives et les cas de gelure de membres nombreux. Le rata et le pinard étaient bien souvent transformés en bloc de glace !
Il y eut à Moulins 19 jours de gelées en janvier, 19 en février, 16 en mars et 8 en avril. De mai en septembre, par contre, les moyennes de température furent très supérieures aux normales.
L’hiver 1917-1918 fut encore des plus rigoureux, mais les grands froids se firent sentir plus tôt : – 13° le 31 décembre 1917 et – 17° 6 le 4 janvier 1918. Il y eut 29 jours de gelées en décembre 1917 et 19 en janvier 1918. Les gelées, encore nombreuses en février et mars, eurent une intensité faible. L’été 1918 fut très chaud, 36° le 17 juillet, et plutôt sec. Bel automne, dont le plus beau jour (11 novembre), inoubliable pour ceux qui l’ont vécu, suivi, hélas ! à vingt ans, par l’affeuse débâcle de notre armée !. Ce 11 novembre 1918 fut une véritable journée d’été, la nature semblant se mettre à l’unisson de notre joie nationale.
Nous voici parvenu à la période d’entre-deux-guerres. Les observa tions météorologiques se sont améliorées en un nombre toujours plus grand de stations.. Ce n’est plus, comme il y a moins de cent ans, “de l’à-peu-près”, mais l’absolue exactitude dans les mesures. La climatologie scientifique est n ée, intéressant de nombreux domaines de l’activité nationale : agriculture, aviation , tourisme, travaux publics, médecine, etc . . . Concernant le temps passé, ce ne sont plus des renseignements en prose qu’il faut donner, mais des chiffres, des statistiques, des diagrammes. Aussi, pour les années qui nous restent à parcourir, nous bornerons-nous à fournir les valeurs chiffrées c des principaux facteurs atmosphériques ; nous compléterons ces données par les rendements en quintaux, à l’hectare, des récoltes bourbonnaises de froment. Epidémie meurtrière de grippe dite “espagnole” en 1918.
Année 1919 – Nous donnerons les moyennes des hivers et étés en rappelant que les moyennes thermiques normales de l’hiver et de l’été sont, à Moulins, de : 2° 96 et de 18;8. Hiver 1918-19 : moy. 4e 1, été : 18e. Température extrême : – 9°4 le 8 février : 31e 6 le 14 août. Soixante jours de gelées en 1919 (la moyenne est de 60), 123 jours de précipitations, dont 16 de neige. Hauteur annuelle de pluie : 805 mm (noemale 714), 15 jours d’orage. Rendement du blé : 9 qx 7 un des plus faibles que nous ayons eus). Fhénomène particulier ; le 2 7 février, vers 14 heures, par ciel brumeux, l’obscurité se fit soudain totale, mais teintée cependant d’une lueur verdâtre. On annonça le lendemain qu’à la même heure un énorme bolide avait été vu en divers points de l’Europe occidentale. Ces débris cosmiques ne produisant pas habituellement de nébulosité sur leur passage, l’explication du phénomène est encore à élucider.
Année 1920 – Hiver 1919-20 très doux : moyenne , 4°7 , avec 33 jours de gelées, Température minima : – 6e 5 le 3 janvier ; 2 jours de neige. Eté frais ; moyenne 16° 6. Maximum : 32° le 1 7 juillet, Hiver sec ; printemps très pluvieux, 22 orages en juin et juillet. Pluie annuelle : 555 mm. Trombe d’eau à Moulins le 18 septembre. Très faible rendement des froments : 14 qx 9 à l’hectare.
Année 1921 – Hiver froid : moy : 2° 7, et 36 jours de gelée, Minimum : -15° le 18 décembre 1920. Janvier très doux ; février rigoureux ; 20 jours de gelées. Avril très froid : – 4° le 22. Été assez beau, moyenne 17° 9. Maximum : 34° 5 le 28 juillet. Année très sèche : 480 mm d’eau. Été très orageux : grêle dans la région de Moulins le 11 août. Le rendement du froment fut le plus élevé qu’on eût vu dans l’Allier depuis longtemps : 22 qx 5 à l’hectare.
Année 1922 – Hiver très doux et trop pluvieux, au grand détriment des blés. Moyenne de l’hiver : 3° 5, avec 31 jours de faibles gelées : minimum de l’hiver : -10 le 6 février ; mois de mars froid avec 6 jours de neige. Violente tempête die 1er avril. Le mois d’avril fut extrêmement pluvieux : 127 mm d’eau en 19 jours. Eté frais : moyenne : 17° 2, et maximum : 34° le 14 août.
Pluie diluvienne le 9 juin : 40 mm.’A l’opposé de l’année précédente, le rende-
ment des blés fut un des plus bas 9qx 8.. .
Année 1923 – Encore un hiver trop doux et pluvieux ; moyenne, 3° 8 et 22 jours de gelées faibles, sauf -9° le 16 janvier ; 6 jours de neige, peu abondante. Printemps et été frais : moyenne de l’été : 17° 2. Maximum : 34° le 9 août. Année très pluvieuse : 818 mm, dont 113 mm en octobre ; forte pluie d’orage le 9 juillet : 33 mm en une heure. Peu d’orages, pas de chute de grêle: violente tempête le 3 mars. Rendement des blés faible : 13 qx 5 à l’hectare.
Année 1924 – Hiver 1923-24 froid et surtout tardif : 45 jours de gelées, dont 33 du 14 février au 30 mars : minimum : -8° le 30 janvier : 11 jours de neige ; chutes assez abondantes fin février. Nombreux cas de grippe dans la région, printemps chaud et sec ; la moyenne de juillet fut très élevée : 20° 5, avec maximum de 34e le 12. L’année fut tout entière sèche : 107 jours de pluie et 545 mm d’eau. Orages assez nombreux, surtout en mai, sans grêle dans notre région. Rendement du blé en Eourbonnais encore déficitaire : 14 qx 4.
Année 1925 – Hiver 1924-25 très doux : moyenne, 3° 6 et minimum – 6e le 2( février. Aucune chute de neige, sauf au printemps, le 1er mai .’ Mars compte le plus grand nombre de jours de glée : 21. Mai fut froid et pluvieux : juin et août très chauds. Maximum de l’été : 33° le 6 juin ; juillet extrêmement pluvieux : 116 mm.
Nombreux orages à grêle dans le département; à Moulins, les 20 avril et 27 juin. Les récoltes de céréales furent satisfaisantes ; le rendement du froment s’établit à 16 quintaux.
Année 1926 – L’hiver 1925-26 fut normal : moyenne 3° 2 avec quelques froids vifs en décembre, – 12° le 17, et en janvier – 11° le 15. Février fut par contre très doux. Il y eut 32 jours de gelée et 4 de neige au cours de l’hiver. Été chaud : maximum 35° le 18 juillet ; des maximums supérieurs à 30° furent notés 17 jours de juin à septembre. Mai fut très pluvieux, avec 114 mm d’eau. Au contraire, de juillet à septembre, grande sécheresse : 44 mm en trois mois ! Automne doux et très pluvieux. Orage à grêle le 9 Juin dans la région de Moulins. Orage magnétique le 26 janvier : aurore polaire observée dans la Nièvre. Très mauvais rendement du froment : 11 qx2 à l’hectare.
Année 1927 – L’hiver 1926-27 débuta par un mois dé décembre très froid : moyenne : -0°4 ; minimum, -13° le 26. janvier et février furent relativement doux et secs. En mai, les 12 et 14 t(saints de glace), gelées blanches désastreuses. L’été fut caractérisé par des températures basses : moyenne, 17° 2 ; une seule température élevée : 32°4 en août, et surtout par une pluviosité anormalement forte : 326 mm en trois mois ! Conséquences agricoles : fourrages abondants, mais de mauvaise qualité : rendement très déficitaire des céréales : froment 12 quintaux à l’hectare dans l’Allier. Pommes de terre abondantes, mais de mauvaise conservation : vin abondant, mais de qualité médiocre. A noter un orage à grêle à Moulins le 19 novembre.
Année 1928 – Encore un début d’hiver très froid : moyenne de décembre 1927, 1° et minimum de – 12° ; janvier et février doux. Trente-sept jours de gelées et seulement 2 de neige. Printemps très pluvieux : 250 mm d’eau ; deux gelées les 11 et 13 mai. Crue de l’Allier et de toutes les rivières du Centre du 1er au 5 mai. Été très sec et chaud : moyenne 19° 3 : maximum 36° le 3 août et 16 jours avec température supérieure à 30°. Automne doux et pluvieux, mais première gelée très précoce le 24 septembre. Assez bonnes récoltes en général, mais dans notre département très mauvais rendement du froment : 11 qx 7. Vins abondants et d’excellente qualité.
Année 1929 – Hiver 1928-29 extrêmement rigoureux, comptant 53 jours de gelée et 12 de neige très abondante, la couche dépassant en plaine 20 cm. et demeurant 14 jours sur le sol. C’est janvier et surtout février qui furent les plus froids : moyenne de février -1°3 contre +3°4 : la plus basse température fut de -19° S le 13 février à Moulins ; les froids se firent sentir très vifs jusqu’au 16 mars. Le printemps fut caractérisé par une sécheresse absolue ; il ne tomba aucune pluie du 1er mars au 16 avril ; aussi y eut-il pénurie de fourrage. L’été fut aussi chaud que l’hiver avait été froid ; la moyenne fut très élevée : 20°
Treize jours eurent des températures supérieures à 30°, avec maximum de 35°5 le 17 juillet. Orages à grêle à Moulins les 31 mai et 8 juillet. Le 3 juillet, orage à caractère cyclonique et pluie diluvienne de 53 mm. en 4 heures (la moyenne d’un mois). Automne normal quoique pluvieux. La récolte en blés fut excellente dans notre région, avec un rendement de 1 7 qx. 7 à l’hectare.
Année 1930 – Autant l’hiver précédent s’était montré rigoureux, autant celui de 1929-30 fut doux, trop doux, et pluvieux, même en ce qui concerne les blés, comme nous le verrons par la suite. La température moyen ne fut de 5°2 contre une normale de 2°9 ; il n’y eut que 20 jours de gelée, chiffre le plus bas des soixante dernières années, et deux chutes insignifiantes de neige. L’été fut moyennement chaud ; 19°2, avec un maximum tardif de 32° le 2S août. Toutes les saisons furent très pluvieuses : 146 jours de pluie pour l’année avec 880 mm d’eau, contre une moyenne de 710 mm. Octobre eut le maximum : 145 mm, dont 46 le 12. Les conditions culturales furent mauvaises, cela va sans dire ; le rendement du froment fut un des plus faibles : 9 qx 5 l’hectare. Les maladies cryptogamiques s’attaquèrent aux pommes de terre et à la vigne.
Année 1931 – L’hiver 1930-31, bien que plus froid que le précédent, ne peut passer pour rigoureux ; température moyenne : 3° 3, c’est-à-dire normale, 22 jours de gelée peu intenses, à l’exception d’un minimum de – 10°° le 11 janvier ; 8 jours de neige assez abondante. Ces conditions eussent été défavorables aux emblavures sans une pluviosité trop abondante par la suite. Il y eut, en 1931, 146 jours de pluie (moyenne 125) et 834 mm d’eau. Au cours de l’été, il y eut dans le département de nombreux orages à grêle ; celui du 3 juillet, comme en 1929 dans la région de Moulins, fut accompagné d’un véritable cyclone qui abattit arbres et cheminées, et d’une trombe d’eau qui fournit 46 mm en une heure 1 Septembre fut très froid et battit le record des jours de gelée en ce mois ; 5, la première le 15 ; celle du 24, – 3° 8, gela les raisins sur treille. Rendement des froments très faible ; 12 qx 2 à l’hectare.
Année 1932 – Des froids extrêmement rigoureux sévissent en février : 27 jours de gelées, dont 6 avec minimas inférieurs à – 10° et avec – 19° 2 le 12 ! Un peu de neige protégea heureusement les emblavures. Eté chaud mais trop pluvieux. La moyenne d’août : 22° 2 est la plus élevée des 50 dernières années après toutefois celle de Août 1947 : 22° 7. 16 jours en ce mois eurent des maximas supérieurs à 30° . Pluviosité annuelle : 818 mm dont 147 en septembre. Rendement des froments encore faible : 14 qx 2 à l’hectare.
Année 1933 – Hiver 1932-33 froid et neige : 45 jours de gelées dont 20 en janvier ; la plus basse température : – 13e 5 le 26 janvier fut suivie par une période de douceur relative avant une autre “vague” du 12 au 25 février. 9 chutes de neige d’une épaisseur de 5 à 10 centimètres protégèrent les ensemencements. Printemps très doux sauf une gelée calamiteuse de -6e 5 le 23 avril. Eté très chaud, moyenne 19°6 et maximum de 37°. Le 11 août. L’année fut sèche : 604 mm d’eau en 120 jours de précipitations. Enfin signalons la forte chute de neige du 23 octobre ; de nombreuses branches, encore feuillues furent brisées par le poids de la neige. Les conditions atmosphériques furent favorables aux céréales ; le rendement du forment dans l’Allier s’établit à 17 qx 2.
Année 1934 – L’hiver 1933-34 fut un des plus rigoureux et des plus longs de ce demi-siècle. Il ne compta pas moins de 70 jours de gelées, dont 29 en décembre 1933. La moyenne thermique fut de 1° contre une normale de 3°. La plus basse température : -19°4 eut lieu le 18 décembre. Mais on notait encore -12e le 4 février , -10; 5 le 1er mars ; de nombreuses chutes de neige – 10 – protégèrent les emblavures. Les 15 et 16 janvier, une violente tempête avec éclairs et tonerre provoqua dans notre région, chez nos voisins du Morvan, une catastrophe aérienne ; le trimoteur “Emeraude” avion de grands raids, s’écrasa à Corbigny ; tout son équipage trouva la mort. Le printemps fut très pluvieux, avec 190 mm d’eau ; pour la première fois dans la région de Moulins, on constata la présence dans les champs de pommes de terre de cet insecte indésirable le doryphore. Été chaud ; moyenne de juillet, 21°5 ; maximum 35°6 le 10. Assez bonne récolte en froment; rendement 16 qx 2 à l’hectare.
Année 1935 – Hiver doux et pluvieux même au grand dam des blés ; l’année tout entière fut une des plus humides, avec 831 mm d’eau. Il n’y eut, au cours de l’hiver, que 25 jours de gelées faibles. Température moyenne de l’hiver : 2° 8 ; minimum : -7° le 10 février. Les froids, qui eussent été utiles en hiver, eurent des retours tardifs et inattendus au printemps ; il gela seize jours en mars et – record du genre – 5 jours en mai avec forte chute de neige le 18 au matin et gelée de -1e 6 le 19 .’ L’été fut frais et pluvieux : 225 mm en trois mois, dont 50 mm le 23 août au cours d’un orage. A signaler une grosse épidémie de grippe en mars – avril. Enfin les conditions météorologiques détestables de l’hiver et du printemps furent préjudiciables aux récoltes et en particulier aux céréales ; rendement du froment : 12 qx 7 à l’hectare.
Année 1936 – L’année 1936 fut encore plus mauvaise que la précédente pour la plupart des cultures, et surtout pour les céréales ; le rendement du froment s’abaisse à 11 qx. L’hiver fut en effet un des plus doux et pluvieux qu’on ait vus depuis longtemps : la moyenne thermique de janvier, 6° 7 contre 2° 9 est supérieure à celle de mars .’ Il ne gela pas sensiblement en ce mois ; février ne compte que cinq petites gelées ; le plus grand froid de l’hiver ne fut que de -5°. A peine vit-on quelques brins de neige. Par contre, il ne tomba pas moins de 260 mm d’eau en hiver et presque autant l’été, qui fut aussi frais que l’hiver avait été doux. Un seul jour, le 17 juillet, la température s’éleva à 30°. Notons qu’après un violent orage à grêle, le 19 mai, la température s’abaissa à tel point qu’il gelale 23. Les orages furent extrêmement fréquents en 1936 : 34 dans la région de Moulins.
Année 1937 – Encore une année mauvaise pour les céréales et, comme c’est le cas neuf fois sur dix, en raison de la trop grande douceur et de le pluviosité trop forte de l’hiver et du printemps. Janvier et février eurent en effet des températures moyennes très supérieures aux normales (janvier : 5° 8 contre 2° 9). Dix faibles gelées en ces deux mois, avec minimums de – 4° .’ Pas de neige, mais beaucoup de pluie. Courte période froide, trop tardive, fin mars et début avril, neiges et gelées. Les pluies furent très abondantes jusqu’à la fin de juin ; par contre, juillet et août furent extrêmement chauds et secs. Les maxima de 30e furent atteints et dépassés 11 jours pour atteindre 3 5: le 7 août. Il y eut deux orages à grêle dans la région de Moulins les 21 mai et 19 juin. Le rendement des blés fut encore plus faible que l’année précédente : 11 qx à l’hectare.
Année 1938 – Pour la première fois depuis 1921 les récoltes de céréales furent excellentes dans notre département, le rendement du froment voisinant 18 qx à l’hectare. L’hiver fut en effet, relativement froid et neigeux : 31 jours de gelées avec minima de -12°° le 4 janvier ; il fut surtout extrêmement sec, de même que le printemps. Il ne tomba que 75 mm d’eau du 1er janvier au 30 avril. Or, “Année sèche n’est pas affamée”, prétend un dicton. Avril fut remarquable avec 16 jours de gelées – record de de plus de quatre-vingt ans – il neigea même le matin du 1er mai. Par la suite on passa sans transition aux chaleurs estivales, dont le maximum se situe le 25 juin : 35e 5. Orage à grêle dans notre région le 9 août. Automne doux : contrairement à avril, le mois de novembre étant le plus chaud des soixantes dernières années : moyenne, 9° 9 ; normale, 6° 2.
Année 1939 – Après une période rigoureuse en décembre : -14° le 27, le reste de l’hiver se déroula sans grands froids ni neige, mais janvier fut trop pluvieux et si par la’ suite le printemps fut sec, l’insolation eut pour effet une diminution dans le rendement des céréales : froment, 14 qx. En mai-juin, de nombreux orages à grêle causèrent des dégâts aux récoltes dans notre département.
Le deuxième semestre fut extrêmement pluvieux : 265 mm en été, 290 mm en automne. Le 19 août, au cours d’un orage, nous avons mesuré 43 mm d’eau en une heure, presque la quantité normale d’un mois ! En octobre il n’y eut pas moins de 26 journées de pluie. C’était alors, on s’en souvient, le début de la “drôle de guerre” !
Année 1940 – L’hiver terrible de l’année terrible ! les gelées commencèrent dès le 15 décembre 1939 et se poursuivirent avec des intensités variables jusqu’à la fin de janvier, sans parler des “vagues” sporadiques de février et mars. La moyenne thermique de janvier fut la plus basse depuis celle du rigoureux hiver de 1893, -2° 4 contre une normale de +2° 8. Il y eut huit minima inférieurs à -10°, avec une pointe de -23°8 le 20 janvier. Il y eut heureusement une épaisse couche de neige protégeant les emblavures mais par la suite,, les alternatives de dégels et regels occasionnèrent des dégâts considérables ; aussi le rendement du froment en 1940 fut-il très faible : 9 qx 2. L’hiver 1939-40 compte 46 jours de gelée et 13 de neige.
Le printemps fut pluvieux et doux ; l’été en particulier les mois de juin et juillet, eut de très nombreux orages avec de fortes pluies : 148 mm en juillet : le 22, il tombait en 22 h. 64 mm d’eau ! Le 20 juin, lendemain de l’entrée à Moulins des Allemands, la grêle s’abattait au cours d’un orage et faisait de sérieux dégâts. Enfin, dernière calamité, aux pluies trop abondantes de juillet succédait un mois et demi de sécheresse presque absolue. Ce fut en vérité une terrible année que 1940 ; combien de Français s’en souviennent à l’heure actuelle !
Année 1941 – L’hiver 1940-41, quoique moins rigoureux que le précédent, fut encore froid : moyenne 1°2. Les gelées se situèrent dans la période décembre, première quinzaine de janvier, dont dix gelées inférieures à -10e, avec minima de -18° le 13 janvier, et douze jours de neige, la couche atteignant 35 centimètres à Moulins le 4 janvier. Le dégel survint subitement le 19 de ce mois. En 48 heures, il y eut une hausse de: température de 15° ! Aussi, du 24 au 28, y eut-il une crue abondante des rivières ; l’Allier atteingit 2 m 20 le 28.
Février fut doux, pluvieux et tempétueux ; le printemps frais et peu ensoleillé l’été aussi chaud que l’hiver avait été froid, les maximums de 30° furent dépassés quatorze jours, avec pointe de 36e le 8 juillet. Le très faible rendement des blés : 10 qx 8, est dû surtout à la situation de notre agriculture, privée de main-d’œuvre et d’engrais. La pluviosité fut normale : 745 mm en 1941.
Année 1942 – Troisième hiver de guerre, froid, presque aussi rigoureux que celui de 39-40, comptant plus de jours de gelées (60) et de neige (18). La température moyenne de l’hiver fut de – 0°4 contre une normale de 2° 9 . Il y eut 9 gelées inférieures à – 10° avec minimum de -23° le 23 janvier ; la couche de neige était, en moyenne, de 20 à 30 centimètres autour de Moulins, il y eut 25 jours de gelées en février, avec minimum de – 14° le 3. Chose curieuse, dès le début de mars et jusqu’à la fin d’octobre, les températures furent constamment supérieures aux normales saisonnières. Printemps 14°; contre 10° 1 ; été 20° 5 contre 18° 4 ; octobre 13° 5 contre 10°8. L’été compta 23 jours de maxima supérieurs à 30° et 771 heures d’insolation. L’année 1942 avec 646 mm de pluie, est la première de la série d’année sèches qui durent encore. Pour les mêmes raisons qu’en 1941, les rendements des céréales furent encore faibles : froment, 11 qx à l’hectare.
Année 1943 – Les années se suivent et ne se ressemblent pas toujours. Faisant suite à trois hivers rigoureux, celui de 1942-43 fut un des plus cléments du demi-siècle. Sa température moyenne : 5°2, fut presque celle d’un printemps ordinaire ; le minimum, – 5° le 29 décembre, passa inaperçu ainsi que les 22 jours de gelée voisines de zéro. Cinq chutes de neige (ne tenant pas au sol). Fortes pluies en Janvier : crue de l’Allier le 14 et tempête le 12.
Sauf le mois de Novembre qui fut assez froid, tous les mois de cette année 1943 eurent des moyennes de température très supérieures aux normales ; la moyenne annuelle : 12° 3, est la plus élevée des soixante dernières années. La maturité de tous les fruits se produisit avec une avance moyenne de trois semaines ; les vendanges commencèrent en Bourbonnais dès le début de septembre.
L’année fut aussi sèche que chaude : en deux mois du 16 Février au 12 Avril, il ne tomba que 7 mm de pluie ! Juillet et Août furent très ensoleillés ; juillet 810 heures, 17 jours eurent des températures excédant 30°, avec maximum le 17 Août 3 7°3.
Du 24 au 27 Octobre des pluies diluviennes s’abattirent sur le haut bassin de l’Allier : Langogne. La Bastide-Saint-Laurent, etc. . . Près de 300 mm. en 48 heures à Moulins même, 64 mm en 30 heures. Le résuit-tat de ce déluge fut une crue subite de notre rivière qui cotait, le 27, 3m60 au pont Régemortes. La crue fut si rapide que l’alerte ne peut être donnée à temps sur tout le cours du fleuve et que des pertes sérieuses en marchandises et en animaux furent à déplorer. Ce fut la plus grande crue que nous ayons vue à Moulins depuis plus de cinquante ans ; la décrue fut heureusement très rapide. Le rendement du froment en 1943 : 12 qx. 2, fut un peu plus élevé que les trois années précédentes.
Année 1944 – Il y eut en réalité deux semestres bien tranchés au point de vue météorologique et surtout pluviométrique. Du début de Janvier au 28 Juin, sécheresse extraordinaire, désastreuse ; 185 mm. d’eau en six mois au lieu de 3 50. Du 29 Juin à fin décembre, la quantité énorme de 789 mm. de pluie tombant le plus souvent sous forme de grosses averses o-rageuses : à Moulins : 40 mm. le 8 Juillet ; 49 mm. le 21 ; 90 mm. du 20 au 22 août ; 34 mm. le 1er septembre ; 52 mm. le 17 ; 40 mm le 12 octobre, etc. .
L’hiver paraissait devoir être aussi clément que le précédent, quand de fortes gelées se firent sentir du 1 5 Février au 6 mars : – 10° le 24 Février, avec fort heureusement quelques neiges. L’été fut orageux et peu ensoleillé : maximum : 33° le 15 août. Faible rendement des blés :10qx. 5
Année 1945 – Très mauvaise année agricole ; les mois de novembre et décembre 1944 ayant eu une extrême pluviosité, les ensemencements n’avaient pu se faire qu’à grand peine et en quantité très dificitaire la désastreuse sécheresse.de printemps réduisit encore les rendements qui furent, pour le froment, les plus bas qu’on ait encore enregistrés en notre département : un peu plus de 6 quintaux à l’hectare ! Alors que décembre 1944 et février 1945 furent doux, le mois de Janvier fut, par ses moyennes, le plus rigoureux des quarante dernières années 30 jours de gelées, 18 de neige, 5 de verglas, 5 de givres ! avec une moyenne de – 2° 3 contre + 2° 7 de normale !
Du 10 Février au 20 Mai et durant tout l’été, la sécheresse fut intense, désastreuse. Il ne tomba que 107 mm de pluie en quatre mois, sécheresse aggravée du fait que de mai à septembre des températures furent très élevées : 30 jours avec maxima excédant 30n, dont 7 en mai ! Sous ce rapport il existe un parallélisme frappant entre le printemps 1945 et celui de 1953. Toutes les récoltes furent rentrées en 1945 en moyenne en 15 jours à 3 semaines avant la date normale; les raisins étaient mûrs au 15 août. Hauteur d’eau annuelle : 566 mm au lieu de 710.
Année 1946 – Année satisfaisante au point de vue agricole, bien que les mois de mars et avril aient été trop secs et le mois de mai trop pluvieux (170 mm d’eau !). Les moyennes thermiques saisonnières s’écartèrent peu des normales. L’hiver 1945-46 fut doux. Moyenne, 4″ ; l’été assez chaud : moyenne 20°3. Températures extrêmes : – 11° le 7 Janvier, 36° le 26 Juillet. Séfsme le 25 Janvier sur la Suisse et le Centre-Est, à peine ressenti à Moulins ; deux orages à grêle dans notre région et nombreuses tempêtes. Pour la première fois depuis 1938, les rendements du froment en Bourbonnais remontent à 15 qx. à l’hectare.
Année 1947 – Cette année présente deux caractères bien tranchés, avec coupure au 10 mars. Un hiver froid et sec, moyennes basses de 1°5 contre 3° ; 46 jours de gelées ; deux minima de – 15° les 20 Janvier et 26 février, qui eurent des conséquences néfastes sur les ensemencements ; aussi, la récolte de blé fut-elle, en 1947, du même ordre que celle de 1945, avec 6 qx, 9 à l’hectare ! A partir du 10 Mars, les conditions atmosphériques se modifient et jusqu’à la fin de l’année, les températures moyennes sont constamment supérieures aux normales. Voici leurs écarts : Printemps, 12° 8 contre 10°. Été, 21°8 contre 18°, Automne 13°4 contre 10°9. La température moyenne de juillet, 23°2, fut la plus élevée d’une période d’un siècle au moins. De mai à fin septembres on compta 44 jours ayant des maxima supérieurs à 30°, ce que l’on n’avait jamais encore constaté ; le 2 Août, nous enregistrons un maximum de 40°4 sous abri à Moulins ; à Vichy, on notait près de 42 ! La durée de l’insolation était de même très élevée avec près de 900 heures pour les 3 mois d’été. L’insuffisance des précipitations.-. 134 millimètres d’eau en été – aggravée par des radiations mortelles, fut désastreuse pour les cultures, sauf la vigne. De multiples incendies s’allumèrent dans les campagnes et les forêts ; ce devait être pis an 1949.
Année 1948 – En 1946 les saisons eurent des conditions opposées à celles de l’année précédente. Hiver très doux ! moyenne 4° 9, tout au moins jusqu’au 16 février. Une sérieuse “vague” de froid balaya ce printemps anticipé et l’on note -14° le 23 février, avec abondante chute de neige; Printemps très sec. Eté aussi pluvieux et frais que le précédent s’était montré brûlant et aride. La moyenne de cette saison fut de 18°2 contre 21° 8 en 1947 ; maximum : 32° le 28 juillet, 248 mm d’eau et seulement 609 heures d’insolation. Le 17 août, au cours d’un violent orage, il tombait à Moulins 48 mm de pluie en deux heures. Automne très sec ; aucune pluie du 12 septembre au 16 octobre. Labours difficiles. Les fortes pluies d’été nuisirent à la vigne : les récoltes de céréales furent bonnes, le rendement du froment dans l’Allier se montant à 16 quintaux à l’hectare.
Année 1949 – Ce fut l’année de la plus grande sécheresse depuis, celle, calamiteuse, de 1893, Hiver doux et sans gelées trop prononcées ; minimum – 8° le 5 janvier. Dès le début de l’année les précipitations se firent rares et faibles ; aucune pluie du 15 Janvier au 10 Février. En ce mois, 10 mm d’eau, 25 mm en mars, 15 mm en avril. Mai reçut deux grosses et providentielles averses sans lesquelles les céréales eus -sent été perdues. Il tombe encore une bonne averse le 5 Juin puis c’en est fini jusqu’au 9 Août pour la région moulinoise et jusqu’au 1er septembre pour la plus grande partie du pays. Les effets de ce manque d’eau sont d’ autant plus néfastes que, d’avril à fin octobre , les températures des mois sont très supérieures aux normales, détenant parfois même un record d’ une longue durée, comme c’est le cas pour avril : 13°3 contre 10° ; septembre : 20°3 contre 16°4.
Les mois de juillet et août ne comptent pas moins de 730 heures d’insolation, ce qui n’avait pas encore été observé, même durant l’été si chaud de 1947.
65 mm de pluie pour 3 mois et demi, une chaleur et une radiation intenses provoquèrent tout d’abord le dépérissement des plantes cultivées et, dès le mois de juin, d’innombrables incendies dans les campagnes et les forêts, incendies qui se terminèrent par la tragique fournaise qui détruisit des milliers d’hectares de forêts de conifères dans les Landes et provoquèrent la mort d’une centaine de personnes. En Bourbonnais et spécialement le long des voies ferrées, les services d’incendie furent alertés plusieurs fois par jour.
Année 1950 – Neuvième année de sécheresse, moins prononcée que les trois années précédentes, mais néanmoins préjudiciable à de nombreuses cultures et surtout aux herbages. L’hiver 1949-50 fut extrêmement doux, le mois de février surtout avec une moyenne de 6e 6 contre une normale de 3°4. La plus basse température fut de -8° 6 le 22 janvier ; il n’y eut que 32 jours defaibles gelées et 4 jours de neige. Au printemps, plutôt frais, et en été les longues périodes sèches furent interrompues par de nombreux et violents orages et de fortes averses : 46 mm en deux heures le 5 juin. La grêle ravagea diverses régions du département. Longue durée d’insolation estivale : 977 heures ; température maximum : 34° le 13 juillet. Après deux mois d’automne très sec : septembre et octobre, le mois de novembre fut par contre le plus pluvieux qu’on ait vu depuis 1867, avec 148 mm d’eau.
L’année 1951 fut plus arrosée, mais en général fraîche ; 1952 eut un hiver froid – 15° le 28 janvier, et un été très chaud : 38° le 1er Juillet. Ces années sont le très proche passé ; nous arrêterons là notre revue rétrospective.
CONCLUSION
Un siècle à peine d’observations précises ; auparavant deux ou trois siècles au plus de notes éparses ne comportant et pour cause aucune notation ou mesure des températures ou de la pluviosité ; plus avant dans le temps, seulement quelques vagues passages de chroniques d’une exactitude plus ou moins sûre ; c’est tout ce qu’il est possible de recueillir sur des phénomènes naturels dont certains ont provoqué les plus terribles famines ou des ruines générales. Et cela vaut aussi bien pour le Bourbonnais que pour toutes les Provinces françaises. Il a fallu de terribles catastrophes, telles l’éruption du Vésuve, l’an 79, ou la famine de l’an 1000 pour que l’histoire en fasse mention.
Quoi qu’il en soit et malgré la courte durée des notes et observations sérieuses recueillies depuis le XVIème siècle, il nous est donné de faire quelques constatations. C’est tout d’abord que contrairement à l’opinion de certains, notre climat, quant aux anomalies saisonnières, n’a pas varié dans cette seconde partie du temps que constitue la période historique. Il y eut toujours, autrefois comme de nos jours, des hivers plus ou moins rigoureux, des étés plus ou moins chauds, des sécheresses ou une extrême pluviosité, des orages, des tempêtes et des grêles dévastatrices. On peut de même constater des périodes d’années sèches ou humides, chaudes ou froides. On a recherché les causes et les lois de ces périodicités, bien inutilement d’ailleurs.
Enfin il est de toute évidence que certaines anomalies atmosphériques ont provoqué, autrefois comme aujourd’hui, des désastres agricoles retentissant sur la vie économique. Et il est malheureusement non moins évident qu’à notre époque “atomique” d’immenses progrès scientifiques, l’homme est aussi désarmé que les Gaulois nos aïeux contre ces anomalies ou contre les colères de la Nature. On n’a pas encore trouvé le moyen de faire cesser une sécheresse ou de lutter efficacement contre ce fléau qu’est la grêle.
Souhaitons, pour terminer, que l’État aide nos savants dans leurs recherches en ce domaine. Il serait plus, utile de faire la guerre aux nuages qu’aux hommes !
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