de Rue89Lyon.fr
Sur les listes du Rassemblement National (RN) aux élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes on trouve quelques perles. Sa composition montre surtout un très fort cumul de candidatures et quelques parachutages cocasses pour un parti qui se veut « enraciné ».
La désignation de la tête de liste n’avait pas été chose aisée pour le Rassemblement National (RN) pour ces élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes. Alexis Jolly, délégué départemental du RN en Isère, briguait la place. Finalement, le parti de Marine Le Pen a choisi Andréa Kotarac, transfuge de La France Insoumise, et récent tête de liste aux élections à la Métropole de Lyon en 2020.
L’investiture pas évidente d’Andréa Kotarac pour les régionales
Les élections municipales et métropolitaines de 2020 n’ont pas été très positives pour le RN. Le parti a perdu ses deux sièges au conseil de la Métropole de Lyon ainsi que ses deux conseillers municipaux à Lyon (un siège de conseiller municipal et un de conseiller d’arrondissement). Malgré tout, André Kotarac avait des soutiens parmi les cadres de son parti qui l’a finalement désigné.
Mais certains poids lourds, comme l’indiquait Marianne au moment du choix, poussaient pour Alexis Jolly, par ailleurs conseiller régional sortant. Notamment, avançait un cadre du RN au magazine, parce qu’il était « plus populaires dans les fédérations auvergnates ».
Les « parachutages » de candidats RN aux régionales en Auvergne-Rhône-Alpes
Mais la bataille entre les deux « camps » semble s’être fait ressentir dans la composition de la liste régionale. Notamment dans la partie auvergnate qui présente quelques incongruités. Comme la première place de la liste départementale de l’Allier confiée à Benoît Auguste militant du RN à Lyon. En deuxième position, éligible donc, se trouve Françoise Seignobos par ailleurs candidate aux élections départementales dans…la Drôme.
Cette composition n’a pas été du goût du délégué départemental du RN. Jean-Pierre Sigaud a dénoncé des « parachutages », des déclarations qui lui ont valu d’être tout récemment démis de ses fonctions. Il avait dans son sillage entraîné bon nombre de binômes aux élections départementales dans l’Allier. Il n’y en aura que trois en lice pour le RN les 20 et 27 juin prochain.
La liste régionale du RN et ses conséquences sur les élections départementales
Du côté du Puy-de-Dôme, la première place de la section départementale est occupée par Brice Bernard. Ce dernier est le responsable du RN en Savoie. Derrière lui, on trouve Sophie Lorenzo, candidate aux départementales en Ardèche. En Haute-Loire, la première place sur la liste a été attribuée à Thierry Perez par ailleurs candidat aux départementales en Isère.
On trouve également en Haute-Loire trois candidates, à des places potentiellement éligibles, issues d’autres départements de la région. Et candidates elles aussi aux élections départementales, en Isère ou dans la Loire. Un département où, comme dans l’Allier, il n’y aura que très peu de binômes RN aux élections départementales.
Des candidats cumulards
Dans la partie rhônalpine, moins de parachutage. Si ce n’est la présence en 4ème position dans la Loire de Manon Decorte, maire déléguée de La Léchère en Savoie où elle sera aussi candidate aux élections départementales.
Des « parachutages » qui peuvent faire sourire pour un parti qui prône notamment le localisme. Des choix qui révèlent davantage les tensions au sein du parti suite à la désignation de la tête de liste pour les régionales. Le Rassemblement National compte actuellement 34 sièges au conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes. Pour l’heure, les sondages lui prédisent des scores inférieurs à ceux obtenus aux élections de 2015.
Parmi ces choix on voit aussi beaucoup de candidat·es cumulard·es. Sur les 230 candidat·es du RN sur la liste aux régionales en Auvergne-Rhône-Alpes, 70% sont également présent·es dans des binômes aux élections départementales. Une proportion très élevée.
Des listes qui reflètent les dissensions internes au RN
Le signe d’un manque de militant·es suffisamment investi·es pour souhaiter se présenter ? L’absence de candidats s’explique par endroits justement par les choix politiques comme on l’a vu dans l’Allier. Et des tensions toujours vives dans le parti entre proches de Marine Le Pen et ceux réputés proches de Marion Maréchal.
On peut alors s’interroger également sur la présence de candidats plutôt en délicatesse avec leur parti. Christophe Boudot, plutôt en perte de vitesse dans le Rhône, sera en première place dans le département.
Agnès Marion, candidate aux municipales à Lyon en 2020 et conseillère régionale sortante, avait été sanctionnée d’un avertissement dans la foulée. Elle et Antoine Mellies, délégué départemental dans le Rhône RN qui a été lui suspendu, s’étaient fait taper sur les doigts par la direction nationale de leur parti en raison du non remplacement de la tête de liste du RN dans le 6e arrondissement de Lyon. Elle avait été candidate pour les « Comités Jeanne », un parti lancé par Jean-Marie Le Pen aux législatives de 2017. Un « prétexte » selon lui, estimant qu’ils payaient là, lui et Agnès Marion, leur proximité avec Marion Maréchal.