Vendredi matin, Nathalie Nédelec et Karine Belleguic, les deux agents encore en poste au centre départemental Météo-France de Trémuson dans les Côtes d’Armor, ont accueilli les déménageurs. Le centre vivait son tout dernier jour. Les relevés de pluviométrie ou de température et les bulletins de la météo locale seront désormais gérés depuis le centre Météo-France de Rennes. « Cela fait une semaine que je viens au centre de Trémuson à reculons, note Nathalie Nédelec. Tous nos outils de travail s’en vont petit à petit ; ces derniers jours, on n’a même plus de travail météo à réaliser. »Placards bureaux et ordinateurs sont emballés petit à petit. Ce vendredi soir, les locaux de Météo-France, situés sous la tour de contrôle de l’aéroport, seront vides. Et, dès lundi, les deux femmes qui y travaillaient seront mutées sur leurs nouveaux postes, à Brest et Lannion. Ces centres sont maintenus grâce à leurs spécialités : l’observation de l’espace et la météo marine.

« Les bulletins risquent de perdre en précision »

Créé en 1985, le centre départemental de Trémuson (22) a compté jusqu’à six personnes pour assurer relevés, climatologie et prévisions sept jours sur sept. Météo-France comptait alors trois échelons : national, régional et départemental. Objectif : créer un service de météorologie de proximité.

Les agents disposent d’un réseau d’observation d’une cinquantaine d’observateurs bénévoles, bientôt complété par des instruments automatisés. Tellement automatisés que les machines vont être désormais gérées à distance. C’est que le régime amaigrissant de la réforme générale des politiques publiques est passé par là en 2008. Avec à la clef une réduction des effectifs et la fermeture des centres départementaux : Lorient, Quimper, Trémuson et bientôt Vannes.

« Au fil des années, les agents du centre de météorologie de Trémuson ont développé une connaissance fine de la météo départementale. Ils savent que, dans telle vallée, tel fond de baie du brouillard va se former dans des conditions précises. Ils nuancent les prévisions du calculateur selon la situation littorale ou dans les terres. Des particularités que le centre régional de Rennes devra réapprendre. Les bulletins risquent de perdre en précision », estime Eric Bargain, délégué du syndicat Spasmet Solidaires.

Des précisions pourtant capitales pour les pêcheurs ou les agriculteurs qui doivent programmer les moissons, par exemple. En cas de crise (neige, inondations, tempêtes), la préfecture ne pourra plus s’appuyer sur un représentant du centre départemental de météorologie. « L’expertise météo sera désormais communiquée par visioconférence. »

Jusqu’au dernier jour, Karine Nedelec et Karine Belleguic ont effectué la tournée des bénévoles du département, qui font part chaque semaine de leurs observations. « Nous allons remettre les médailles décernées par Météo-France pour leurs 5,10 ou 20 ans au service de la météo. » Une fidélité qu’ils devront désormais vivre à distance.